Le judaïsme

sous le regard de la science

par David Encaoua

Céline TRAUTMANN-WALLER, Philologie allemande et tradition juive : Le parcours intellectuel de Léopold Zunz, Les Éditions du Cerf, Paris, 1998.

          L’étude de la Torah a toujours été au cœur de la vie juive. Ce savoir, très élaboré, s’ordonnait exclusivement autour d’une vie religieuse fervente et s’entendait comme acte de piété. Rompant avec ce mode d’apprentissage traditionnel, la « Science du judaïsme »/Wissenschaft des Judentums (désormais WDJ) est un mouvement de pensée qui, né en Allemagne au XIXème siècle, a eu l’ambition de faire de l’histoire juive un objet d’étude scientifique, soumis aux exigences méthodologiques de l’approche historico-critique.  Il est le fait d’un certain nombre d’intellectuels juifs qui ont en commun d’avoir reçu aussi bien une éducation juive classique qu’une formation universitaire dans des domaines variés, tels que l’histoire, la philologie et la philosophie. L’ouvrage de Céline Trautmann-Waller est consacré à ce courant intellectuel, même s’il porte une attention particulière à l’itinéraire de l’un des principaux fondateurs, Léopold Zunz.

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Ce travail précis, clair et érudit repose sur une documentation impressionnante : outre la littérature seconde sur le sujet, l’auteur a recensé et utilisé les multiples publications, conférences, sermons et correspondances, en allemand, des membres de ce mouvement. Il permet tout d’abord de saisir la nature des travaux que l’on regroupe sous la dénomination de « science du judaïsme », et qui avaient pour ambition de porter un regard nouveau sur le judaïsme en général, et plus particulièrement, celui du XIXème siècle en Allemagne, pour le faire entrer, par la grande porte de la connaissance, dans le monde de l’esprit, aussi bien des Juifs que des non-Juifs. Ce désir d’universel tranchait avec deux pré-conceptions du judaïsme : celle traditionnelle, confinant le judaïsme à n’être qu’une religion privilégiant des lectures scolastiques des textes, et ignorant la dimension historique des événements qui font des Juifs un peuple-nation ; mais aussi, celle, plus moderne, de l’Aufklärung, dont la Haskala, mouvement des Lumières juives, né également en Allemagne pour favoriser l’émancipation des Juifs, et qui revenait à séparer leur vie confessionnelle de celle de leur citoyenneté, rompant par là même  l’idée de peuple-nation.   

L’ouvrage de Céline Trautmann-Waller couvre de nombreux aspects de la WdJ. Quatre points essentiels sont privilégiés :

1/ le contexte particulier à l’Allemagne qui a vu naître la Science du Judaïsme.

2/ le choix de la science comme approche pour fonder une conception du peuple juif, en tant que nation culturelle, qui, par sa situation spécifique, pourrait valablement contribuer aux échanges entre les cultures de diverses nations.

3/ les critiques adressées à la tradition rabbinique et, à l’inverse, l’importance donnée à la philologie dans les approches historico-culturelles de la WdJ.

4/ le rôle et l’influence de la WdJ dans le combat contre l’antisémitisme.

Le contexte historico-culturel

La WDJ est l’expression d’une prise (et d’une crise !) de conscience consécutive à l’échec de l’émancipation des Juifs en Allemagne, émancipation dont les premiers signes avaient vu le jour, avant même que la loi française de 1791 ne déclare tous les Juifs citoyens égaux en droits. Par opposition à la General Patent de Frédéric le Grand qui avait retiré aux Juifs toute prérogative en matière de juridiction civile en 1750, un édit d’émancipation ultérieur rétablissait leur situation juridique en les déclarant citoyens de l’État Prussien. Mais l’émancipation n’était que partielle, comme en témoignent différentes restrictions, dont l’exclusion de la fonction publique, sauf pour ceux dont la fortune leur permettait de maintenir ce qui semblait être un privilège plutôt qu’un droit.  De plus, de violentes émeutes anti-juives de 1819, appelées « émeutes Hep-Hep!« , d’après le slogan des émeutiers, participèrent à la prise de conscience des Juifs de l’hostilité qu’ils suscitaient.  L’auteur qualifie ainsi la conception allemande de l’émancipation des Juifs de « malformation de naissance » à l’inverse de ce qui s’était produit en France.

Un petit nombre d’étudiants Juifs créèrent en 1819 l’Association pour la culture et la science du Judaïsme /Verein für Cultur und Wissenschaft der Juden. Pour donner au lecteur une idée des questionnements qui paraissaient importants à l’époque, on peut rappeler que l’Association  proposait  un prix à l’historien qui répondrait de manière la plus complète à la question : Qui était, est ou devrait être rabbin ?  L’antijudaïsme sévissait dans les universités, au nom d’un État chrétien qui ne laissait qu’une place réduite aux Juifs. Léopold Zunz, étudiant à Berlin et membre de la Culturverein, devait réagir à cet antisémitisme permanent, et c’est probablement là une de ses motivations initiales pour s’engager dans un nouveau projet d’une grande ambition.

D’une part, il pensait que l’attitude passive consistant à attendre le Messie n’était que le signe d’un grand désespoir, résultat d’une lecture exégétique qui ne laissait aucune place ni à la réflexion, ni à l’action, et qu’il convenait donc de ne pas poursuivre. 

D’autre part, il n’estimait pas que la substitution de la religion, en tant que confession, à la notion de peuple juif, substitution qui se voulait le signe du passage du judaïsme d’une religion-peuple à une simple confession parmi d’autres, soit suffisante pour endiguer l’antisémitisme. Elle se traduisait par une réorganisation de grande ampleur des synagogues, introduisant notamment la langue allemande dans le service religieux et supprimant certaines prières pénitentielles. Cette attitude, consistant à séparer la confession, de l’idée de peuple-nation, prônée par les partisans des Lumières Juives (Haskala), ne pouvait constituer, aux yeux de Zunz, la solution au malheur des Juifs, en Allemagne et dans le monde. Par ailleurs, l’affaire de Damas, – suite à l’arrestation de treize membres de la communauté juive de Damas en 1840, accusés à tort d’avoir assassiné un moine chrétien pour des raisons de rituel – a eu de sérieuses répercussions en Allemagne.

Avec certains de ses compagnons d’infortune de l’ancienne Association, dont Abraham Geiger, un nouveau Culturverein fut créé en 1841 et Léopold Zunz en prit la direction avec le manifeste suivant, rédigé essentiellement par Geiger : « À cause du brusque changement de la situation générale et culturelle, le rabbin ne peut plus se contenter de nos jours de la connaissance du Talmud, et son activité ne se réduit pas à répondre aux questions de casuistique qu’on lui propose. Le rabbin doit être familiarisé avec les recherches sur la Bible, doit posséder des connaissances linguistiques étendues, comme elles sont nécessaires au savant, doit connaître le Talmud dans sa formation historique et être capable de le traiter aussi scientifiquement », p.36. La science du judaïsme était donc lancée à cette date.

Abraham Geiger

Pour une approche scientifique du judaïsme  

Céline Trautmann-Waller ordonne sa réflexion autour des deux questions suivantes :

  • Pourquoi une approche scientifique du judaïsme ?
  • Quels objectifs sont visés par la science du judaïsme ?

Différents arguments sont avancés en faveur du choix d’une approche scientifique. Tout d’abord, il fallait trouver une façon de rendre effective l’émancipation des Juifs. D’après Léopold Zunz, celle-ci devait être inscrite dans le contexte plus général d’une libération des peuples appelés à s’auto-déterminer. L’émancipation des Juifs devait prendre la forme d’une libération par la conscience de leur propre histoire, car cette conscience est un élément capital pour affirmer la volonté morale et politique d’un peuple, juif en l’occurrence. La science est porteuse d’un tel idéal, dans la mesure où elle assimile la conscience au progrès politique, servant ainsi de fondement à l’autodétermination et à la démocratie qui permettent aux peuples de se gouverner eux-mêmes, après s’être émancipés. Il s’agissait donc de renforcer le lien entre la nouvelle approche de la science du judaïsme et l’identité nationale juive.  En un mot, la conscience de sa propre histoire devait habiter le peuple juif pour qu’il coexiste, à armes égales,  avec les autres peuples.

Ensuite, la Science du Judaïsme est l’héritière d’un puissant mouvement philosophique en  Allemagne, incarné par Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Heinrich Heine et Johan Gottfried Herder. L’atmosphère intellectuelle était saturée d’hégélianisme et pour ne donner qu’un exemple, le principe hégélien selon lequel la famille et l’État seraient deux aspects d’une même substance, était partagé par différents membres de la Culturverein, dont  Immanouel Wohlwill, Eduard Gans et Moses Moser. Selon l’un d’eux, « le moment serait venu pour le judaïsme, dont l’intégration à ce jour aurait été retardée, d’y trouver sa place sans disparaître, puisque s’accomplir ne signifie pas disparaître », p. 160. 

Hegel devant ses étudiants

De plus, doter le judaïsme d’une science, reviendrait à lui donner un droit de cité dans le monde de l’esprit selon une conception également hégélienne : « science du judaïsme comme justification du droit de cité dans le monde de l’esprit , qu’il faudrait accorder aux Juifs : voilà un programme qui n’aurait pu voir le jour sans la philosophie hégélienne de l’esprit », p. 166. Révélateur de cette influence, l’ouvrage de l’auteur ukrainien Nachman Krochmal que Léopold Zunz a contribué à faire éditer, et qui empruntait à Maïmonide son titre célèbre : Le Guide des Egarés de notre temps

Quant à la question des objectifs que visait la Science du Judaïsme, ils étaient multiples : se prémunir contre l’antisémitisme né de l’ignorance dans laquelle était tenue l’histoire des Juifs ;  ne pas cantonner cette histoire à la lecture exégétique des textes sacrés ; reprendre une histoire de la nation du peuple d’Israël, qui semble s’être terminée à la fin de l’État juif et du Premier Temple. En un mot, il s’agissait de dépasser la difficulté née de la dispersion du peuple juif sans État, conception qui conditionnait l’esprit du croyant, comme s’il ne restait que la parole divine à sonder, pour y conformer la vie.  Céline Trautmann-Waller est explicite là-dessus : « La liberté, se confondant avec les prescriptions et les enseignements de la Loi, resta l’idéal des pensées et des sentiments, et c’est ainsi que l’étude de la Loi devint le prolongement de la vie politique ancienne afin de connaître ce qui est juste, comme un gage de la libération finale », p. 234. 

Au lieu de cela, la Science du Judaïsme se proposait de faire entrer le judaïsme dans le monde de l’esprit en prouvant au monde que la tradition juive en fait largement partie, et notamment que la culture européenne lui doit plus qu’on ne croit. Pour cela, il fallait puiser dans toutes les autres cultures, pour alimenter les sources documentaires à partir desquelles il devenait possible d’écrire l’histoire de la nation juive. Il fallait donc à la fois pallier la dégénérescence du judaïsme et le régénérer par la science.

La dégénérescence aurait plusieurs causes : l’absence d’État juif après la destruction du royaume de Juda en 586 av. J.-C., par l’empire assyrien, les formes scolastiques qu’a pris le rabbinisme après la destruction du Second Temple par les Romains en l’an 70 de l’ère courante, le dogmatisme de la pensée juive au Moyen-Âge, et le repli sur soi des communautés juives qui ne subsistaient que par la pensée religieuse, alimentée par la scolastique rabbinique.

Le point de départ de cette scolastique est le recours à une tradition prétendument sacrée et intangible. Mais, en dépit de son anti-rabbinisme avéré, Léopold Zunz a constamment cherché à régénérer le judaïsme, non pas en le détachant de son texte matriciel et de toute la littérature qui l’a accompagné, mais en traitant cet ensemble en tant que documents d’étude, porteurs d’une histoire qui a été abandonnée au profit d’une exégèse religieuse. Il déclarait dans un sermon : « Israël a sombré dans la barbarie, parce qu’il s’est détourné de la science, de la langue de la culture, et parce qu’il se croyait en sûreté alors qu’il dormait », p. 249.

Primauté de la philologie

Pour Léopold Zunz, la naissance du nouvel objet scientifique « judaïsme« , signifiait l’entrée dans la littérature juive par le biais de la philologie, c’est-à-dire l’étude historique d’une langue par l’analyse critique des textes, « l’accent étant mis sur les textes, leur dimension historique et leur interprétation, par des recherches bibliographiques, par la collecte de manuscrits, par la confrontation des versions, pour tenter de comprendre l’évolution, voire la distorsion d’un texte original », p. 176.

Leopold Zunz

Dans une certaine mesure, on pourrait penser que c’était déjà l’objet du Midrache, genre littéraire d’interprétation herméneutique privilégié par la tradition rabbinique.  Léopold Zunz estimait que ce n’était pas le cas, pour au moins deux raisons. La première est que si le Midrache est une lecture intertextuelle cherchant à comprendre un texte sacré en visitant d’autres textes sacrés, permettant de dégager un sens général d’ensemble,  à l’inverse, la Science du Judaïsme récuse le recours à l’intertextualité et se concentre sur les spécificités linguistique et historique de chaque texte pris isolément.

La deuxième raison est que la littérature midrachique est de nature fondamentalement exégétique ou théologique alors que l’entrée du judaïsme dans la philologie impliquait pour Zunz une rupture avec la théologie.

En un mot, Léopold Zunz cherchait à s’affranchir de l’autorité religieuse, ce qui impliquait nécessairement une complète désacralisation des textes du judaïsme. C’est un reproche qui lui a été fréquemment adressé et auquel Léopold Zunz répondait invariablement que la science du judaïsme cherchait à atteindre une autre forme de sacralisation,  historiquement fondée, puisque  visant à établir les fondements nationaux de l’identité juive. C. Trautmann-Waller fournit une citation de Léopold Zunz, qui mérite d’être reproduite ici , car elle résume bien la passion de Zunz pour le projet auquel il a tant contribué : « Celui qui  considère la littérature d’une nation comme la voie d’accès à la connaissance d’ensemble de l’histoire de sa culture à travers les temps – puisque, à chaque instant, son être résulte à la fois de ce qui est donné et de ce qui est adjuvant, c’est-à-dire de ce qui est interne  et de ce qui est externe ; … et puisque finalement, le présent est le résultat inévitable de tous les phénomènes passés -, celui-là pénètre vraiment avec respect ce temple divin, et se laisse humblement conduire dans le vestibule, réservant au jour futur où il en sera plus digne, la jouissance de contempler la vue sublime qu’on a, une fois parvenu au sommet du fronton », p. 179. On a le sentiment d’être face à un texte prophétique, tant il est imprégné de conviction ! En fait, la méthodologie recourant à la philologie moderne, constitue plus qu’un lien entre espoir juif traditionnel et science du judaïsme. Elle est surtout fructueuse pour l’étude historique d’un peuple, qui, selon Zunz, n’avait plus d’histoire politique depuis la destruction du Second Temple par les Romains en l’an 70 de l’ère courante.  

Mais l’originalité de Léopold Zunz ne résidait pas dans ses apports personnels à la philologie, en tant que discipline scientifique, mais bien plutôt dans les conclusions qu’il en tirait pour l’Histoire juive. Il était acerbe vis-à-vis des érudits chrétiens qui exploraient de manière distante les textes sacrés du judaïsme, sans y voir la quintessence d’un peuple – nation, mais il l’était encore plus vis-à-vis des talmudistes traditionnels qui se livraient au pilpoul, c’est-à-dire à une casuistique dépourvue de la vitalité nécessaire pour rendre compte du destin national du peuple juif. À nouveau, une citation de Zunz à propos du rabbinisme que l’on dit érudit et noble, incarné par Rachi, montre à quel point ses convictions pouvaient le mener : « Quant à moi, je dis de notre héros, Rachi, que dominé  par le Talmud, il n’était pas du tout tolérant, qu’il ne connaissait rien du persan, ni de l’arabe, ni du latin, ni du grec, que ses connaissances en allemand, en astronomie, en géographie et en médecine, n’avaient qu’un contenu négligeable, que la Kabbale lui était étrangère, qu’il n’était pas dépourvu de superstition et que même en matière de langue hébraïque, il était arrivé à une certaine pénétration, plus par le sens de la mesure et entraînement que par une grammaire consciente », p.193. Mais au-delà de la position anti-talmudique excessive que cette citation dévoile, la critique exprime bien plus une diatribe à l’encontre de l’autorité détenue par les Maîtres du Talmud qu’un désaveu total du Talmud.

Selon Zunz, la canonicité de l’ensemble des Écritures, réalisée à Yabné au cours du deuxième siècle de l’ère courante, présentait ces textes comme émanant de la parole divine, ce qui empêchait toute contextualisation et tout travail historico-critique sur eux. Zunz pensait ainsi que l’émergence d’une véritable herméneutique devait passer par une dé-canonisation de ces textes.  Il ne sous-estimait pas la portée de ces textes, mais il pensait qu’il fallait, en préalable à toute exégèse, en exhiber l’intérêt sur les plans culturel et historique. C’est grâce à leur dimension poétique et leur sensibilité aux souffrances séculaires  du peuple juif, que les Psaumes (Téhilime)  ou les chants liturgiques (Piyoutime)  seraient parvenus à s’imposer dans la culture juive.

Contre l’antisémitisme

S’il y a un point largement positif à mettre au compte de la Science du Judaïsme, c’est qu’elle a cherché à retracer le passé juif en explorant les écrits légués par le judaïsme de tous les temps et de tous les pays, et en appliquant à leur interprétation les méthodes critiques de l’érudition moderne. En faisant ressortir les systèmes d’idées les plus universels qui aient trouvé expression dans la littérature juive, elle a largement contribué à faire connaître le judaïsme, d’abord à lui-même en lui donnant une conscience de soi plus nette, jugée plus digne aussi, et partant plus résistante ; puis à l’extérieur du judaïsme en montrant combien les autres cultures, notamment en Europe, lui étaient redevables. Ce dernier point est essentiel dans la mesure où l’une des croyances de base de Léopold Zunz et, avec lui, de toute la WDJ, était que l’antisémitisme naît de l’ignorance et que celle-ci doit être combattue en explicitant l’apport culturel du judaïsme à la civilisation occidentale. De ce point de vue, « la Science du Judaïsme était inscrite dans les tensions qui dépassaient le cadre du judaïsme et qui furent caractéristiques de tout le XIXème siècle allemand et plus généralement européen : l’opposition entre foi et raison, les questions que posait la relation philologique à diverses traditions et les réflexions sur les rapports d’un peuple à son histoire », p. 275. Léopold Zunz pensait que la science du judaïsme devait pénétrer l’université, car c’était le lieu de référence et de révérence au savoir. Cette position, alimentée par l’idéalisme allemand de cette époque, explique que toute sa vie durant, Léopold Zunz ait cherché à faire entrer la Science du Judaïsme comme discipline dans l’université. Mais il n’y parvint pas de son vivant. Néanmoins et ceci est important, la WdJ est considérée comme étant l’ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui les Études Juives, présentes dans les grandes universités occidentales, aux États-Unis, en Europe et en Israël.

Pour conclure, laissons la parole à Céline Trautmann-Waller qui rappelle que  on mésinterpréta souvent la Science du Judaïsme . Par exemple, pour certains, « le passage du judaïsme au stade d’objet aurait signifié la fin de la fidélité, l’étude historico-critique la fin de la piété. Ces erreurs d’interprétation ont masqué le côté ambigu de cette science et le fait que la reconstitution historique du passé, tout en cherchant à être scientifiquement rigoureuse, offrait des possibilités de renforcer les liens avec la tradition, même si cela se faisait d’une nouvelle manière…Tout l’effort de la Science du judaïsme allait être consacré à une démonstration de la part du judaïsme à l’universel. Zunz cherchait sans arrêt dans l’histoire du judaïsme des « garanties » d’universalité, mais cette universalité ne résidait pas, pour lui, dans le judaïsme comme principe clos, égal à lui-même, mais dans son mouvement interne qui attestait sa participation au mouvement général ». 

Indications bibliographiques

Dominique Bourel, La Wissenschaft des Judentums en France, Revue de Synthèse, IV Section, n° 2, avril-juin 1988

Rabbin Vexler, Culture Juive et Science du Judaïsme, L’Amandier Fleuri, Cahiers de Pensée et de Vie Juives, revue bimestrielle, éditée par la Société de Publications Israélites Religieuses (SPIR), Cahier n° 9, Avril-Juillet 1951.

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