L’ÉQUIPE 

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Juliette ADAMS

Juliette ADAMS
La littérature s’est faite passeuse entre la judéité et moi. C’est elle qui me lie à la culture juive. La découverte de l’histoire de la Shoah m’a amenée à elle, et ce sont les textes, essentiellement ceux de Primo Levi, d’Elie Wiesel ou d’Etty Hillesum dans un premier temps, qui m’ont éclairée sur l’Événement, éclairée par l’émotion qui fut la mienne à la lecture de ces récits. Puis, de l’Histoire à l’individu, il n’y a qu’un pas. Ou il n’y en a pas. Je crois que lorsqu’on s’intéresse à un peuple, on s’intéresse à son identité, à sa religion, à ses traditions, à sa langue, à ses langues et à tout ce qui fait que ce peuple est ce qu’il est, dans son essence. Et, dans mon cas, je me suis intéressée à ses livres, à la façon dont les auteurs écrivent la judéité qui est la leur.
Professeur de Lettres dans l’enseignement secondaire, je prépare actuellement dans le cadre d’un Doctorat de Littérature Française (Université de Lille 3) une thèse sur la nouvelle écriture de la Shoah au début des années soixante. Je consacre ma recherche aux romans d’Anna Langfus et de Piotr Rawicz.
Ma participation à Sifriaténou est certes liée à mes recherches et à mon désir de continuer à lire et à comprendre l’écriture de la judéité, quel que soit son contexte, mais aussi, je crois, aux bonnes rencontres faites au bon moment.

Juliette ADAMS

Juliette ADAMS
La littérature s’est faite passeuse entre la judéité et moi. C’est elle qui me lie à la culture juive. La découverte de l’histoire de la Shoah m’a amenée à elle, et ce sont les textes, essentiellement ceux de Primo Levi, d’Elie Wiesel ou d’Etty Hillesum dans un premier temps, qui m’ont éclairée sur l’Événement, éclairée par l’émotion qui fut la mienne à la lecture de ces récits. Puis, de l’Histoire à l’individu, il n’y a qu’un pas. Ou il n’y en a pas. Je crois que lorsqu’on s’intéresse à un peuple, on s’intéresse à son identité, à sa religion, à ses traditions, à sa langue, à ses langues et à tout ce qui fait que ce peuple est ce qu’il est, dans son essence. Et, dans mon cas, je me suis intéressée à ses livres, à la façon dont les auteurs écrivent la judéité qui est la leur.
Professeur de Lettres dans l’enseignement secondaire, je prépare actuellement dans le cadre d’un Doctorat de Littérature Française (Université de Lille 3) une thèse sur la nouvelle écriture de la Shoah au début des années soixante. Je consacre ma recherche aux romans d’Anna Langfus et de Piotr Rawicz.
Ma participation à Sifriaténou est certes liée à mes recherches et à mon désir de continuer à lire et à comprendre l’écriture de la judéité, quel que soit son contexte, mais aussi, je crois, aux bonnes rencontres faites au bon moment.

Thomas-Yitzhak de ALMEIDA

Je suis étudiant en Master d’histoire contemporaine à l’Université de Cergy-Pontoise. Mes travaux portent sur la pensée sioniste, notamment sur le courant dit « révisionniste » initié par Vladimir Jabotinsky. N’ayant pas grandi au sein d’un milieu juif, j’y suis venu par moi-même et partage désormais, depuis plus de deux ans, mon temps entre les études profanes et l’étude de la Torah alliée à sa pratique. J’ai été professeur au Talmud Torah du Mouvement Juif Libéral de France. Si Dieu veut, je souhaite, après l’acquisition de mon Master, entreprendre des études rabbiniques en même temps qu’un doctorat, toujours en histoire de la pensée sioniste. Lire fut ma première passion, et aujourd’hui les livres juifs, quelque forme qu’ils prennent, restent mon plus grand centre d’intérêt ; je me réjouis à l’avance de  la partager en participant au Projet Sifriaténou.

Tamara ANDRUCOVICI
Je viens d’une famille marquée par différents espaces géographiques, de Vienne à Chișinău, en passant par la Pologne et l’Ukraine; une famille de réfugiés. Sans les déplacements de populations et l’exil des uns et des autres, je ne serais probablement jamais venue au monde.
Je suis née à Bucarest, mes racines paternelles sont à Cernăuți -la ville de Paul Celan-, la branche maternelle vient de Bessarabie. J’ai grandi avec le kerygme « prends un livre et lis ! » et le jeu d’échecs. J’ai toujours aimé la littérature et la logique : raconter, traduire, argumenter, inventer des histoires avec une certaine aisance dans les langues étrangères.
Diplômée d’études germaniques et docteur en Histoire, j’enseigne dans divers établissements.

Par ailleurs, je suis auteur et traducteur. Le Bucarest d’où je viens, le pays étranger (France) où j’ai atterri, me poussèrent à interroger les survivants, à demander des informations pour comprendre mon identité. L’allemand et le yiddish ont marqué mon histoire et j’ai voulu connaître le destin des Juifs de Transnistrie. La Bucovine de mon père, la Bessarabie de ma mère, rassemblaient de grandes communautés ashkénazime déportées durant la Seconde Guerre mondiale. Ces populations juives de Roumanie ont laissé un témoignage, encore peu connu, de leur vie, de leurs traditions, de leurs destins.
Rejoignant avec joie l’Équipe Sifriaténou, je réalise mon désir de faire connaître la littérature et la culture juives de Roumanie et de lui faire franchir les frontières.

 

Annelies AUGUSTYNS
Photo/AnneliesAugustyns/Sifriaténou

J’avais douze ans quand, en classe, à l’école primaire, mon instituteur a  évoqué le destin inimaginable du peuple juif et parlé aussi de l’Holocauste. J’avais du mal à saisir cet épisode du passé. Et pour mieux comprendre, j’ai lu le célèbre journal intime d’Anne Frank, avec ma mère. Cela a suscité en moi un vif intérêt qui n’a fait que croître et s’est transformé en une véritable passion pour tout ce qui touche au judaïsme et à ses écrits. C’est pourquoi, dans les études que j’ai menées ultérieurement, je me suis attachée à la littérature judéo-allemande, à la littérature de l’Holocauste mais aussi à l’histoire et la culture juives. J’ai même appris le yiddish à l’Université d’Anvers.
Actuellement, je travaille à une thèse sur la littérature autobiographique juive-allemande à Breslau. Mes recherches portent sur les journaux intimes de Willy Cohn et Walter Tausk et sur diverses autobiographies comme celles d’Anita Lasker-Wallfisch, Karla Wolff, Fritz Stern, Walter Laqueur et Klaus Aufrichtig. Je combine ma recherche avec l’enseignement, combinaison que je considère émancipatrice, surtout parce qu’en tant qu’enseignant-chercheur, j’essaie de jouer un rôle tant scientifique que public dans la rencontre d’œuvres qui permettent de mieux comprendre l’existence juive. C’est exactement ce qui m’a menée au magnifique Projet Sifriaténou : la conviction que la littérature et la culture juives méritent une analyse détaillée et accessibles à tous, qu’elles doivent être diffusées et partagées.

Ayala ATTIAS

J’ai poursuivi des études de philosophie à l’Université de Strasbourg et viens de soutenir mon Master II dans cette discipline. Ayant été élevé dans un milieu juif et pratiquant, je n’ai eu, finalement, d’autre choix que d’être travaillée par les questions de l’ « être juif », de l’antisémitisme, de la diaspora et de la tradition juive…

Le Projet Sifriaténou m’a aussitôt enchanté car il me donne l’opportunité de lire et d’écrire sur ces sujets : au-delà des nouvelles réflexions que ces lectures me permettent d’élaborer, je trouve dans la rédaction de recensions approfondies une occasion propice pour développer une rigueur bénéfique à la pensée et à son expression.

Patricia AZERAD

Conservateur en médiathèques publiques, docteur en littérature hébraïque (INALCO), j’ai aussi enseigné, quelques années, l’histoire juive (ERUDI, Nancy II) et l’hébreu aux nouveaux arrivants (olim hadachim) au collège-lycée Mikvé Israël à Holon.

De retour en France et libérée de mes obligations professionnelles, je me consacre à mon centre d’intérêt principal : la culture et la littérature juive et hébraïque.
En rejoignant le Projet Sifriaténou, j’espère trouver l’opportunité de présenter à un public francophone des auteurs israéliens un peu méconnus.

Benjamin BAROUH

Mes grands -parents paternels Sarah Eskenazy et Raphaël Barouh, originaires de Constantinople, se sont rencontrés en France au début des Années 1930. Leurs enfants, Estelle, Samuel et Élie ont été cachés en Vendée pendant la Seconde Guerre mondiale et tout le monde s’est heureusement retrouvé après la Libération dans une famille agrandie par une orpheline de ses parents déportés.
Je suis né en 1970 et j’ai grandi dans l’univers cosmopolite, musical et révolutionnaire du mouvement « Saravah » (label, maison d’édition et studio d’enregistrement) fondé par mon père, Pierre Élie Barouh. J’ai travaillé pendant quinze ans à ses côtés. Plus tard, je suis entré dans la profession de bouquiniste itinérant dans l’Ouest de la France. Aujourd’hui, avec ma compagne artiste-peintre Nadia Szczepara, nous avons créé une petite maison d’édition associative et un gîte pour artistes et jardiniers dans le bocage vendéen, « Les Amateurs de l’Ours ».
Par le chemin des livres, j’ai rencontré le Livre dans la main d’une amie inspirée, Myriam Billet. J’ai recueilli son témoignage, l’énergie du verbe et la foi espiègle qui l’animaient. C’est ainsi que j’ai plongé dans la Torah, la Kabbale et le Talmud et cette immersion féconde m’a naturellement conduit vers les ressources de Sifriaténou dans lesquelles je puise avec bonheur et que je suis très heureux d’alimenter modestement.

Raphaël BENOILID
Photo_Raph

Quelques quatrains

Ô Captain my Captain, vous me conviez à bord
Bravant, sans hésiter, un océan d’oubli!
S’il faut me présenter, je vous dirais d’abord
Que je suis votre élève, honoré et ravi!

L’écolier que j’étais apprend son métier d’homme
De mari et d’ami, de père de famille.
Consultant SAP, ingénieur Télécom,
Je reste, des Lettres, amoureusement épris.

Et pour longtemps j’espère, l’enfant du Laboureur,
Celui dont La Fontaine nous  conte l’histoire,
À qui il fut promis les plus grandes splendeurs
S’il remuait son champ du matin jusqu’au soir.

Le Maître de Bagdad enseignait que les pierres
Du traité Béra’hot s’assemblent en «Bo Keter !».
« Remuez le Talmud avec un cœur nouveau
Pour que, de vos études, jaillisse le joyau! ».

Si je peux vous transmettre un peu de cette ardeur
Qui rend le jour plus beau et les rêves plus fous,
J’aurai gagné ma place à Sifriaténou
Dont je me réjouis d’être un des contributeurs.

Aurélie BARJONET

Française, mais germaniste de formation, j’ai vécu de longues années en Allemagne, dans un environnement profondément multiculturel. Là-bas, j’ai découvert la littérature comparée. Actuellement enseignante à l’Université de Versailles, j’ai la chance d’enseigner les littératures de langue française, anglaise, allemande et russe et ainsi d’encourager les étudiants à s’ouvrir à d’autres cultures. Depuis 2012, je m’intéresse tout particulièrement aux écrivains descendants de victimes de la Shoah ou qui se sentent héritiers de cette mémoire.
Heureuse de collaborer au Projet Sifriaténou, je me réjouis de partager mes lectures avec l’ensemble de la communauté qu’il rassemble.

Fabienne BERGMANN

J’ai grandi en France et la « culture française » m’a nourrie. Cet acquis précieux s’alliait sans conflit à un attachement au fait juif, entretenu dans ma famille et au sein d’un mouvement de jeunesse, les EI. Pourtant, j’ai toujours su que je voulais vivre en Israël : après avoir vécu avec passion mai 68 et… passé mon bac, j’ ai accompli ma ‘aliyah. Ayant étudié l’hébreu avec enthousiasme, j’ai enseigné à l’École des Étudiants étrangers de l’Université Hébraïque de Jérusalem avec la même ferveur ; j’ai beaucoup appris de mes élèves : nouveaux immigrants, Arabes d’Israël, étudiants du monde entier… 
Passant d’une culture à l’autre avec bonheur,  j’ai, finalement, fait de ce passage mon métier. Mon amour pour la littérature, mes études d’histoire, d’histoire de l’art et de traduction, mon bagage linguistique théorique ou acquis « sur le tas » sont certes une bonne formation pour ma profession, mais c’est surtout la curiosité en général, et pour ce qui est juif en particulier, qui guident mon travail. 
J’ai traduit – de l’hébreu vers le français, du français vers l’hébreu et également de l’anglais vers le français – bon nombre de livres et d’articles, des pièces de théâtre et de la poésie. Parmi mes traductions, Critique du post-sionisme, Les secrets de la création de l’Etat d’Israel, Journal de Ben-Gourion 1947-1948  ou Écrire à l’ombre de Kafka.
Traduire, c’est établir des ponts entre deux cultures. Pour les lecteurs de Sifriaténou, j’espère jouer ce rôle.

Tal BENOLIEL-SFADJ

Les livres m’ont toujours entourée, grandie, émerveillée, ou même consolée.
Ils m’ont rendue proche des lointains et présente au passé.
Dans ma bibliothèque, les frontières sont abolies. J’ai accueilli avec gourmandise les littératures européennes, notamment anglaises, mais aussi américaines (du Sud et du Nord), israéliennes et orientales.
Ces livres m’ont accompagnée au kibboutz, en Israël où j’ai émigré très jeune ; ils m’ont suivie lors de mes voyages et de mes études aux Beaux-Arts, aussi bien qu’au courant d’une vie militante, associative et familiale.
J’espère réussir à partager, en participant au Projet Sifriaténou, tout ce qui fait, pour moi, de la littérature un humanisme.

Michel BUSSIÈRE
GG

Mon père m’a toujours élevé dans le plus grand respect dû aux Israélites. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il avait été interné au stalag 325 de Ruska-Rawa (Ukraine actuelle) où tous les médecins étaient juifs et devaient soigner les prisonniers de guerre sans médicaments ni instruments. Transféré ensuite à Kobierzyn (Pologne), il avait été très marqué par son passage dans le ghetto de Cracovie.
L’exercice des fonctions de Président de Chambre dans diverses cours d’appel, n’a pas altéré mon intérêt pour les cultures religieuses. Après ma cessation d’activité, j’ai profité du temps retrouvé pour m’initier, à l’Université d’Aix-en-Provence, à langue arabe et approfondir mes connaissances dans le domaine de la culture arabo-musulmane.            
C’est avec la joie que donne le partage que je participe, dans la mesure de mes compétences, au Projet Sifriaténou.

Jean-Yves CARFANTAN

Depuis ma jeunesse protestante, j’ai gardé une forte proximité avec le peuple de la Bible.  Mais c’est au Brésil, à São Paulo notamment, que, Professeur d’économie invité  par des universités, j’ai rencontré le judaïsme.
Au départ, ma rencontre avec ce judaïsme tropical n’a pas été intellectuelle, spirituelle ou livresque. Elle a été affective. Au hasard des rencontres, je me suis lié à deux familles juives qui m’ont, pour ainsi dire, adopté et même instruit : ces descendants d’émigrés venus de Bessarabie après la Première Guerre Mondiale, qui comptent plusieurs  lettrés versés dans la haute culture juive, sont devenus mes familles d’outre-Atlantique. Les Rozenchan et Hubner ne m’ont pas seulement fait entrer dans l’intimité de la culture du pays où j’avais finalement à mon tour émigré et planté mes racines, ils m’ont intégré dans le temps, les rites, les exigences, l’histoire, les cuisines, les fêtes, les œuvres, la diversité, les inquiétudes et les passions du peuple juif. Par eux, mon attachement au Brésil est devenu plus fort au point de faire partie de mon identité.
Pour approfondir encore ces liens, j’ai suivi des cours de culture juive, d’histoire, de commentaire biblique, et bien sûr aussi dévoré d’innombrables livres qui m’ont transformé. De la littérature juive brésilienne et de la littérature juive universelle. J’ai tant reçu de ce judaïsme brésilien que je ressens désormais comme un devoir le besoin de transmettre à mon tour ce que j’ai reçu. Le Projet Sifriaténou est une belle opportunité qui s’offre pour le faire, dans la mesure de mes moyens.

Marianne CENSE
Nourrie par la bibliothèque familiale, j’ai grandi entre les romans et nouvelles de Zweig et celles de Kertesz ; le hasard des rencontres m’a ensuite conduite à découvrir la poésie  – ashkénaze surtout – pour laquelle je porte une inclination certaine. Par la suite, j’ai finalement opté pour une formation philosophique (avec une prédilection pour l’esthétique) et viens d’achever mon mémoire de Master consacré à « La création artistique chez Konrad Fiedler », un savant théoricien allemand du XIXème siècle. 

Je me réjouis de contribuer au Projet Sifriaténou et de découvrir autant que partager mes lectures juives.

Cécile CERF

Ancienne élève de l’ENS Fontenay-Saint-Cloud, agrégée de lettres modernes et docteur en littérature, j’ai publié mon premier roman, À l’Origine, en 2022.  De culture catholique, j’ai eu la chance de faire des rencontres belles et fortes, parfois inattendues, qui ont ouvert les portes de mon imaginaire à la culture juive. C’est par l’humain que je suis arrivée aux livres. Un inconnu rencontré à Venise alors que je visitais les synagogues du Ghetto, et qui me conseilla de lire la légende du Golem de Prague. Une voisine âgée, venue enfant de Lituanie, qui m’a offert une biographie de Stefan Zweig, et qui réapprenait le yiddish, qu’elle comprenait mais n’arrivait plus à parler ; “un jour je vous expliquerai”, m’avait-elle dit. Une libraire à la présence solaire, à l’enthousiasme communicatif, excellente passeuse des cultures d’Afrique du Nord.
C’est ainsi que de fil en aiguille, j’ai découvert Modiano, l’Allemand Heinrich Heine qui vécut à Paris, Romain Gary né dans l’Empire russe, passé par la Pologne et français, le Viennois Stefan Zweig, le Vénitien Hugo Pratt et ses origines marranes, Elias Canetti, né en Bulgarie, mort en Suisse, détenteur germanophone d’un passeport britannique, qui côtoya des Turcs, des Tziganes, des Grecs et des Arméniens… Lire ces auteurs, qui ont tous transmis leur culture et inventé la modernité, c’est vraiment se mettre “à l’heure des nations”.
C’est pour prolonger ces rencontres et voyager par ces livres que je suis heureuse de participer au Projet Sifriaténou.

Boris CZERNY
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Pour  aider à soulager la souffrance humaine, j’ai autrefois rêvé d’être médecin-psychiatre. Je ne le suis pas devenu, mais au moins  ai-je essayé de comprendre la souffrance des miens en plongeant dans leur passé. Dans cette quête qui peut sembler douloureuse, j’ai découvert… la vie, le mouvement et le plaisir d’exister, une  culture d’une rare richesse.
Professeur agrégé de russe, puis Professeur à l’Université de Caen, j’ai fait connaissance avec la littérature juive en étudiant … le russe et l’ukrainien. Récemment, je me suis plongé dans un univers partagé de contes, récits et légendes traversant les espaces voisins, les cultures et les langues (le russe, l’ukrainien, le yiddish et  l’hébreu).
Depuis quelques années, je pratique plus assidûment le yiddish : j’étudie la communauté de Brest-Litovsk d’où est originaire une partie de ma famille (l’autre partie étant de la région de Tarnopol en Ukraine). Privé par l’Histoire de passé familial, je suis habité par  le désir de ramener le passé à la surface de ma vie, par l’écriture, par la recherche. Ainsi, un récent travail mené à Kiev m’a donné la possibilité de vivre ici et là-bas et de percevoir pour ainsi dire, le souffle de la guerre .
Aujourd’hui, j’essaye de recomposer la diversité de la communauté de Brest-Litovsk en retraçant le destin de ses habitants, et m’efforçant de déterminer le plus précisément possible qui ils étaient.
Juif de France comme Salomon Reinach, mais aussi Juif d’Ukraine et de Biélorussie, jamais indifférent à Israël, je ressens cette incertitude féconde de la diversité dans le Projet Sifriaténou que je suis heureux de rejoindre.

Laurence CHEMLA

Juriste de formation mais éclectique électron libre, je me passionne pour la musique et l’astrophysique, les deux m’emportant « plus haut que le ciel ».
L’un de mes autres passe-temps est l’apprentissage des langues étrangères. L’étude de l’allemand, de l’hébreu et du polonais m’a permis de mieux assimiler mes acquis familiaux en yiddish.
Grâce à une formidable enseignante, Michèle de Beauregart, j’ai découvert la littérature d’Allemagne et de la Mitteleuropa, et c’est ainsi que bon nombre de mes auteurs favoris font partie de cet univers : Stefan Zweig, Thomas et Heinrich Mann, Franz Kafka, Arthur Schnitzler et tant d’autres. Sans oublier bien sûr, le plus spirituel des poètes : Henri Heine.
C’est avec une grande joie que je participe au Projet Sifriaténou qui me permettra de partager mes passions.

Ariel DANAN

J’ai longtemps travaillé, durant et après mes études d’hébreu, d’informatique et d’histoire, à la Bibliothèque de l’Alliance où ma passion pour l’histoire du peuple juif s’est épanouie au contact des livres et des archives.  Longtemps à la tête du département culturel de l’Alliance israélite universelle qui a proposé de multiples activités de transmission du Judaïsme et de la culture juive, je suis désormais chargé de mission à la Fondation Rothschild. Docteur en Histoire, je poursuis des recherches qui portent principalement sur l’histoire contemporaine des Juifs de France et d’Afrique du Nord et je mène différents projets afin de faire notamment découvrir au grand public que les Juifs ont toujours été les acteurs actifs de leur propre histoire et non pas seulement des victimes passives de l’anti-judaïsme ou de l’antisémitisme.
Le Projet Sifriaténou m’a tout de suite séduit : à l’ère du zapping, prendre le temps de lire et de faire découvrir les livres que nous aimons est un admirable objectif !

Armand CROISSANT
Photo Armand

Agrégé de philosophie, j’enseigne actuellement dans un lycée du sud de l’Alsace. Après des études de philosophie à Paris où j’ai notamment travaillé sur Spinoza et Marcel Proust, je me suis installé en Allemagne, au pied de la Forêt Noire. L’Éducation nationale, malgré tous ses défauts, est une merveilleuse machine à produire du clinamen : en envoyant ses fonctionnaires aux quatre coins du pays, en les faisant dévier de trajectoires qu’ils pensaient toutes tracées, elle leur permet de voir du monde, beaucoup même, et de faire des rencontres, parfois marquantes.  Croiser le chemin de Patrick Sultan, le prince de la salle des professeurs, fut ma chance – et mon malheur. Interlocuteur subtil et profond, à l’humour incomparable, il est aussi un impitoyable prédateur qui fond sur sa proie – moi en l’occurrence – pour ne plus la lâcher. Que veut-il au juste lui extirper ? Des textes, de la matière pensante couchée sur du papier : « oublie les cours, écris ». Je regimbe, je procrastine des années, mais finis par céder lorsqu’il me parle de Projet Sifriaténou. Je suis heureux de rejoindre la joyeuse équipée. Voyons où elle nous emmènera…

Anny DAYAN ROSENMAN

J’ai circulé avec beaucoup de bonheur : entre les pays (Maroc, France et Israël), entre les disciplines (les Lettres Modernes, la littérature espagnole, les études cinématographiques) et entre les établissements d’enseignement (CET, collège, lycée puis l’Université Paris-Diderot où j’ai été Maitre de Conférence en Littérature et en Cinéma).
En 1995, j’ai soutenu une thèse intitulée Deuil, identité, écriture :. Les traces de la Shoah dans la mémoire juive en France, une des premières thèses consacrées aux générations d’écriture liées à la Shoah. Puis, à partir de 1998, j’ai animé avec deux historiens, Lucette Valensi et Michel Abitbol, un séminaire  interdisciplinaire à l’EHESS, intitulé : Juifs du Maghreb et de Méditerranée qui portait sur la mémoire de l’exil. 
C’est ainsi que, dans mes travaux, j’ai interrogé l’écriture de l’Histoire au XXème siècle dans ses modalités littéraires, le rôle des mémoires traumatiques dans la transmission des identités collectives et le travail de la judéité dans les textes des écrivains juifs de langue française.
J’ai le sentiment d’avoir, par le passé, participé à de belles aventures culturelles : en étant membre de la Commission Histoire de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ou du Jury Lettres de la Fondation du Judaïsme Français ; en conseillant la revue des Livres des mondes juifs et Diasporas en dialogue ; en créant l’émission littéraire L’histoire à la lettre ; en animant la revue Plurielles.
C’est pourquoi je suis très heureuse, désormais, de participer au Projet Sifriaténou.

Jean–Marc DATCHARRY

Considéré comme bourgeois dans une école de banlieue rouge, littéraire parmi des Terminales Scientifiques, puis scientifique parmi des  étudiants littéraires, populaire dans un milieu grand-bourgeois, de droite parmi des marxistes, moderniste mais réactionnaire, réactionnaire mais moderniste, populiste parmi des libéraux, Parisien au milieu de Basques, Basque au milieu de Parisiens,  juriste dans une entreprise d’ingénieurs, je peux soutenir que, ayant ainsi vécu plus d’un demi-siècle, je sais me retrouver là où je n’ai pas ma place, et même avec une certaine désinvolture.

C’est donc naturellement que je  participe à l’aventure de Sifriaténou, dont l’objet est le « livre juif » alors que je n’ai jamais écrit le moindre livre, ni, à ce jour, écrit sur quelque livre que ce soit, et que je ne suis pas juif.
Mais je me souviens bien avoir lu quelques livres autrefois, et cette expérience heureuse m’a déterminé dans l’intention de recommencer, et pourquoi pas, d’en rendre compte.
Alors, s’il faut un Candide, un regard extérieur, un débutant absolu, un Huron de service, eh bien je pourrais faire l’affaire!
C’est, en tout cas, ce rôle que je m’assigne au sein de l’Équipe  de Sifriaténou !

Danielle DELMAIRE

Danielle DELMAIRE

Photo Rédactrice Danielle Delmaire

J’ai découvert le judaïsme et l’histoire des Juifs quand j’avais une dizaine d’années, lorsque ma sœur aînée rencontra un étudiant juif qui devait accueillir, en France, sa famille expulsée d’Égypte suite à la guerre du Sinaï. Grâce à ce beau-frère, j’ai effectué, en 1967 puis en 1968, deux séjours en kibboutz où j’ai appris l’hébreu tout en préparant des examens en histoire de l’université de Lille. Puis, en 1969, j’ai rencontré mon mari à la section d’hébreu et nous sommes partis étudier à l’université hébraïque de Jérusalem (1970).

Agrégée en histoire, je suis titulaire d’une thèse de 3 e cycle sur l’antisémitisme des catholiques pendant l’Affaire Dreyfus (1980), d’une thèse d’État sur les communautés juives septentrionales aux XIX ème -XX ème siècles (1998). J’ai enseigné dans le secondaire puis à l’université de Lille 3. Professeur émérite, je continue des travaux sur l’histoire des communautés juives et des relations entre Chrétiens et Juifs, parfois en collaboration avec d’anciens étudiants, ce qui est gratifiant.

En 1990, mon mari et moi-même avons fondé Tsafon, revue d’études juives du Nord qui continue de paraître avec le n° 86 (décembre 2023).

Je me réjouis de participer au Projet Sifriatenou qui me semble une belle initiative pour diffuser des connaissances sur le judaïsme et les Juifs.

Lucie DOUBLET
Lucie Doublet

J’ai découvert ce que l’on appelle parfois la « pensée juive » en travaillant à une thèse de philosophie sur Emmanuel Lévinas. Les guillemets s’imposent tant cette optique, cette manière d’aborder le monde depuis une tradition textuelle, ne se réduit pas à l’expression d’un particularisme, ni ne s’adresse à une part exclusive de l’humanité. Au contraire, les écrits lévinassiens m’ont d’abord frappée par leur puissance de signification alors même qu’une partie de sa terminologie, comme les méandres de ses écrits talmudiques, étaient étrangères à ma culture philosophique.
Cette lecture en a suscité d’autres :  Buber, Memmi, Benjamin,… J’ai rencontré des paroles à la fois diverses et portées par une inspiration commune : une autre manière de faire sens peut-être, d’engendrer l’interprétation. A travers la tradition juive m’est apparue la possibilité d’un renouvellement incessant de la pensée.
Participer au Projet Sifriaténou est donc une occasion de poursuivre ce chemin, de partager aussi l’expérience d’enrichissement que représente pour moi la fréquentation des penseurs juifs. 

Cécile DUNOUHAUD

Originaire de Limoges, j’enseigne en lycée, en région parisienne. Globe-trotteuse souvent à la recherche de destinations parfois improbables, j’ai toujours eu à cœur de faire découvrir à mes élèves l’histoire sur le terrain.
J’ai aussi organisé des voyages mémoriels à Auschwitz et en Allemagne, une nécessité pour comprendre l’Histoire et lutter contre l’antisémitisme et le complotisme, deux facettes d’une même négation de la démocratie.
Professeur agrégée et docteur en Histoire (2006), je me suis spécialisée dans le XIXème siècle et son histoire politique et sociale ; ma curiosité s’est déplacée sur le terrain des cultures populaires passées et présentes, européennes et asiatiques et des ponts jetés entre elles par la littérature, le cinéma et la bande dessinée. Je garde en mémoire cette phrase de Tsugumi Ohba : « en prenant une petite rue, j’ai marché tout droit jusqu’à arriver à un croisement en T. Là, j’ai pris la route de droite. J’ai marché jusqu’à arriver à un nouveau croisement en T. Là, j’ai pris la route de gauche. J’ai continué comme ça en me demandant jusqu’où je pourrais aller … »
C’est ainsi avec joie que je poursuis ce cheminement en rejoignant le Projet Sifrianétou.

Manuel DURAND-BARTHEZ

À l’âge de dix-neuf ans, en 1971, je découvre Vienne et Prague, je tombe amoureux de la Mitteleuropa et, peu à peu, mûrit en moi le besoin d’explorer ce monde multiforme, pluri-ethnique et d’une richesse spirituelle remarquables. Un foisonnement bien connu d’analyses, notamment à partir des années soixante-dix, a mis en valeur la quintessence juive de l’esprit viennois, ferment intellectuel et scientifique des mutations du monde moderne. J’ai tenté de l’étudier et de l’observer en adhésion avec des aspirations et des émotions toutes personnelles. 
Ma thèse, Être autrichien : la problématique de la faute chez les écrivains du début du siècle en est le reflet, comme d’autres réflexions et publications. L’adhésion à la Jura Soyfer Gesellschaft et à l’Internationaler Arbeitskreis Hermann Broch complète ce tableau viennois.
Conservateur Général des bibliothèques, j’ai achevé ma carrière à l’École des Chartes en 2018 dans son antenne scientifique et technique. Je poursuis à présent, en franc-tireur, mon activité littéraire, en explorant l’histoire de la Première Guerre mondiale et en participant désormais au Projet Sifriaténou.

David ENCAOUA
David Encaoua

Professeur d’économie à l’Université, j’ai consacré une bonne partie de ma vie à l’ enseignement et à la recherche. À l’âge de la retraite que j’ai prise en 2009, j’ai eu le plaisir de retrouver, comme après une longue absence, la culture religieuse qui a alimenté mon enfance. Issu d’une lignée de dayanime (juges rabbiniques) et rabbins en Espagne, en Algérie et au Maroc, j’ai reçu une éducation juive, mais non exclusivement juive. Vers  l’âge de treize ans, après ma bar-mitsvah (majorité religieuse), j’ai voulu tenter une expérience : voir si le ciel allait me tomber sur la tête si je commettais une transgression. La suite se passe de commentaires. Mais ce qui est moins prévisible, c’est la réaction qu’a eue mon père. Voyant que ma foi devenait chancelante, il n’essaya pas de la redresser à coups de récriminations. Il me dit simplement : « Je vois que tu deviens un apikoïrosse (mécréant). Mais au moins, garde le plaisir de l’étude ! ». Je ne le remercierai jamais assez de ce conseil qu’il me semble ne pas trop avoir trahi.
Ce qui me vaut l’honneur d’être parmi vous. Adolescent, lorsqu’on me demandait quel métier je souhaitais exercer, je répondais : comprendre le monde ! Pour cela, j’ai fait  des études de mathématique et d’économie. J’ai passé la première partie de ma vie à faire des recherches, sur des thèmes qui me tenaient à cœur : la théorie des jeux, la concurrence et les manières de la réguler, l’économie de l’innovation… Mon désir de comprendre le monde devenait cependant plus évanescent au fur et à mesure que mon CV s’enrichissait de nouvelles publications.
Mais la deuxième partie de ma vie me laisse percevoir quelque espoir que mon désir initial ne soit pas totalement vain. Elle se nourrit de pensée juive, en essayant de comprendre comment et pourquoi le judaïsme ne se laisse jamais cerner par une approche unique. Le questionnement et le ‘hidouch (le renouvellement du sens) font partie intégrante de sa substance et les sources de sa vitalité. Je tente de m’en approcher avec mes amis, notamment ceux de la communauté Massorti à laquelle j’appartiens. Pourrai-je en faire bénéficier les lecteurs de Sifriaténou ? Je le souhaite ; vous en serez les seuls juges.  

Yaël ESCOJIDO
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Je suis née à Paris en plein Mai 1968. Mais dès l’enfance, alors que j’étudiais à l’école Yabné (Paris), je me suis rendue compte que le peuple juif n’avait qu’une seule maison ; et cette maison se nomme Jérusalem. Cela fait donc maintenant trente-trois ans que j’y vis. Je suis une amoureuse inconditionnelle de cette ville et une passionnée de l’époque du Second Temple.
J’ai d’abord étudié à l’université Hébraïque de Jérusalem dans le département des « Religions Comparatives », consacrant la plupart de mes recherches au christianisme primitif. Puis des études de grec ancien m’ont fait découvrir une  littérature un  peu différente : les apocryphes et les pseudo-épigraphes qui nous permettent d’étudier la société juive d’il y a 2000 ans. A travers ces textes, je tente d’aborder un sujet bien délicat : «  L’esclavage et le Judaïsme »…
Parallèlement à ces travaux de recherches, j’ai l’immense privilège de travailler dans les tunnels du mur Occidental (dits «Tunnels du Kotel »). J’y assure, en trois langues (francais, hébreu et anglais), la fonction de guide : cette visite est incontournable pour tous ceux qui viennent visiter la Ville Sainte.

Gad FREUDENTHAL

Après des études des sciences et de l’histoire des sciences à l’Université hébraïque de Jérusalem, j’ai soutenu une thèse de doctorat, puis une habilitation, à Paris. J’ai eu la grande chance d’entrer au CNRS (en 1982), dont je suis maintenant Directeur de recherche émérite. Mes sujets de recherche se situent notamment autour de l’histoire de la philosophie et des sciences dans les cultures juives médiévales. Parmi mes publications: Aristotle’s Theory of Material Substance. Form and Soul, Heat and Pneuma (Oxford, 1995) et Science in the Medieval Hebrew and Arabic Traditions (Aldershot, 2005). J’ai en outre dirigé Studies on Gersonides—A Fourteenth-Century Jewish Philosopher-Scientist (Leyde, 1992) ainsi que (avec S. Kottek), Mélanges d’histoire de la médecine hébraïque. Études choisies de la Revue de l’histoire de la médecine hébraïque (Leyde, 2003). Jusqu’à 2019 j’ai dirigé la revue Aleph : Historical Studies in Science and Judaism.

 

Bernard FRUMER

Le numéro tatoué sur l’avant-bras de mon père, les visites au couvent où ma mère était cachée pendant la guerre, une tristesse au fond du regard de mes parents, l’absence de grands-parents, d’oncles, de tantes, de cousins, de cousines, des rires que je n’ai jamais entendus, et tant de non-dits m’ont fait comprendre dès l’enfance que quelque chose était différent dans notre famille. Petit à petit, par des bribes de conversations en yiddish, saisies à la dérobée, j’ai découvert l’horreur sur laquelle il m’était impossible de mettre des mots. Plus tard, le choix de mes études fut déterminé par l’histoire de ma famille : j’ai poursuivi des études de sciences politiques puis de philosophie à Bruxelles et à Paris jusqu’à l’obtention d’un diplôme de troisième cycle. Je me suis consacré pleinement à mon travail d’enseignant en sociologie et à mes recherches sur la Shoah. 
Cependant, je me suis formé ensuite à la traduction pour visiter, par la littérature, d’autres contrées.  Mais très vite, ce que j’avais, voulu faire sortir par la porte est revenu par la fenêtre. Lorsque, certifié traducteur littéraire, je proposai mes services à divers éditeurs, ceux-ci, voyant mon curriculum vitae, me donnèrent à traduire des ouvrages sur… la Shoah, le nazisme, l’antisémitisme… On n’échappe pas si facilement à ce qui semble être une destinée. J’aime la compagnie des livres, et ceux qui font (re)vivre l’histoire, la tradition, la culture juives particulièrement. C’est donc avec enthousiasme que je participe à cette belle entreprise qu’est le Projet Sifriaténou.

Stéphane GÖDICKE

De manière un peu provocante, quoique parfaitement exacte, je me présente parfois comme le petit-fils improbable d’un Juif et d’un nazi. Juif de Bessarabie du côté maternel, Allemand de Hambourg du côté paternel, l’histoire familiale est riche et complexe.
Par ma formation, j’ai creusé le côté allemand, et cette double culture n’est pas seulement un héritage mais aussi le fruit d’une appropriation patiente par le travail. J’ai donc effectué des études d’allemand en passant par l’ENS, une agrégation puis une thèse consacrée à l’écrivain autrichien Robert Musil (Désordres et transgressions chez Robert Musil). Aujourd’hui j’enseigne en Classes Préparatoires au Lycée Louis-le-Grand.
Mais le côté juif ne m’a jamais lâché. Par intérêt personnel tout d’abord, mais aussi parce que l’histoire familiale est intrinsèquement liée à l’histoire des Juifs et plus particulièrement de leur persécution, un aspect que je développe dans mon récit Mémoires fantômes.
C’est un véritable plaisir pour moi de rejoindre aujourd’hui le magnifique et ambitieux Projet Sifriaténou auquel j’espère apporter, au moins, mes compétences de germaniste.

France GRENAUDIER-KLIJN

« En effet, on écrit avec des mots, et lui, il recherchait le silence. Une photographie peut exprimer le silence. Mais les mots ? Voilà ce qui aurait été intéressant à son avis : réussir à créer le silence avec des mots. » Cette phrase extraite d’un roman de Patrick Modiano résume pour moi la grande force de la littérature. Une œuvre peut se tisser autour du silence, faire sa manne de l’absence, monter ses ellipses en vrille, et bâtir un roman sur des points de suspension. C’est cela sans doute que j’aime tellement chez Modiano , grâce à l’œuvre duquel j’en suis venue à me passionner pour la période de l’Occupation et surtout pour la mise en mots d’un passé souvent qualifié d’irreprésentable.
Dans mon travail d’enseignante-chercheuse à l’Université Massey en Nouvelle-Zélande – où j’ai émigré en 1988  – c’est à ces silences (silences mystérieux, pudiques, coups-de-poing, provocants, bouleversants) que j’aime me confronter, en étudiant notamment  certaines grandes romancières oubliées.
À présent, le beau projet qu’est Sifriaténou m’invite à creuser encore ce silence en parlant humblement de ces textes dont la lecture a été pour moi autant d’ébranlements magnifiques : Belle du Seigneur ; Vie et Destin ; Une femme fuyant l’annonce ; Le Dernier des Justes ; La Porte ; Danube ; Austerlitz… Je m’en réjouis.

Simone GROSSMAN

Professeure de littérature française à l’Université de Bar-Ilan à la suite de ma  ‘aliya en 1970, ma recherche s’est peu à peu orientée vers la littérature du Québec et du Canada anglais, en particulier après l’obtention de bourses d’étude canadiennes. Du fantastique québécois contemporain à l’écriture migrante, je me suis intéressée aux écrivains juifs montréalais et canadiens anglophones aux écrits marqués par la nord-américanité, le passé communautaire et historique spécifique qui les a menés au Canada et le contexte socioculturel où ils assument leur judéité. Je me réjouis de faire connaître leurs œuvres dans le cadre du Projet Sifriaténou, magnifique initiative et défi intellectuel stimulant.

Zoé GRUMBERG

Agrégée d’histoire (2015) et docteure en histoire (Sciences Po Paris 2020), j’ai toujours nourri une vive passion pour la connaissance du passé, pour le monde des livres et la transmission du savoir. La Shoah et sa mémoire, particulièrement, ont été au cœur de mes lectures. Ce n’est toutefois qu’en khâgne que j’ai pris conscience que je voulais faire de l’Histoire mon métier… Après un mémoire de master sur la Résistance en France pendant la Seconde Guerre mondiale, j’ai décidé que je ne pouvais pas continuer à fuir le sujet de recherche qui m’intéressait plus que tous les autres. La découverte d’un fonds d’archives sur les conseils de Simon Perego, alors lui aussi doctorant sous la direction de Claire Andrieu, a donné naissance à mon sujet de thèse : « Militer en minorité ? Le secteur juif” du Parti Communiste Français, de la Libération à la fin des années cinquante ». Ce sujet a d’ailleurs réuni – consciemment ou pas ? – deux de mes héritages familiaux.
Actuellement ATER à Sciences Po Toulouse, je fais ce que j’avais toujours rêvé de faire : conjuguer enseignement et recherche. Je me réjouis, à présent, de pouvoir partager mes lectures, en m’associant à la belle aventure de Sifriaténou.

Emmanuel HARDER

 Né dans une famille chrétienne férue de philosophie,  je ne suis ni catholique pratiquant ni philosophe de profession. Néanmoins, je me suis efforcé de rester fidèle à cet héritage ; ce qui m’a conduit à passer un Master de Philosophie qui complète mon Master en management de l’ESSEC. Aussi, quand Sifriaténou m’a proposé d’établir une anthologie des textes de Jean-Jacques Rousseau relatifs au judaïsme, n’ai-je pas hésité à saisir l’occasion de travailler sur quelques passages d’un auteur qui était l’idole de mes quinze ans. Mon admiration pour ce grand parmi les grands s’est renouvelée d’un sentiment d’humilité face à une pensée qui actualise de manière exceptionnelle la vertu du courage et celle de la prudence. Merci au Projet Sifriaténou d’avoir favorisé ces retrouvailles ; merci pour les découvertes à venir.

Didier JOUAULT

Mon attachement pour la culture juive date de longtemps. Il a commencé dès ma jeunesse.
Comme bien des « élèves instituteurs » boursiers de Paris, j’ai accompli une partie de ma scolarité au Lycée Turgot, quartier TEMPLE, où se trouvait une communauté juive très diversifiée. Avec mes condisciples, ashkénazes ou séfarades, s’est établie, dans le feu des échanges et des rencontres, une riche  communauté d’émotions et d’idées. Puis cette relation se poursuivit et se consolida par une éducation privée liée à mes activités associatives. Il y a environ trente-cinq ans, je suis entré dans une Fédération d’associations de recherche du nom de « Liberté Égalité Fraternité ». Avec les nombreux amis juifs, en général laïques, qui en étaient membres, les échanges allaient bon train…, notamment lors de joyeux dîners succédant au travail.
Enfin, ce fut au cours de mes activités professionnelles que mon lien avec le questionnement juif s’est affermi : d’abord enseignant agrégé de Lettres Modernes, puis Docteur, j’ai achevé mon parcours à l’Inspection Générale : dans ce cadre, j’ai supervisé des actions mémorielles de collèges en lycées, organisé des projections-débats de Shoah, le film de Lanzmann, animé de nombreux discussions ou conférences. J’ai enfin participé à de fréquentes réunions de travail avec les représentants du réseau des établissements juifs d’enseignement, dense à Paris. On imagine les émotions, le partage d’idées et de réflexions… 
Rejoindre le Projet Sifriaténou, vous rejoindre, est pour moi, une nouvelle étape dans un cheminement que j’ai accompli dans ma vie, en proximité fraternelle, cette fois, avec « les livres juifs ».

Alexandre JOURNO
Alexandre Journo

Né en 1989, je suis ingénieur en mathématiques appliquées. Malgré une éducation reçue en école juive (Lucien de Hirsch puis Yabné à Paris), je me suis rendu compte, assez tardivement, de ma méconnaissance dans les domaines de la littérature et de la pensée juives. Après m’être intéressé avidement à la littérature catholique du début du XXème siècle et à la littérature russe au sortir du lycée, je me suis plongé, depuis quelques années, dans la lecture (sans ordre particulier), de Memmi, Zangwill, Buber, Lévinas, Néher, Agnon, Oz, Philip Roth…. En lisant, pour Sifriaténouceux qui ont éprouvé les mêmes tiraillements que ceux que je puis éprouver et qui, comme rituellement, les ont écrits, je trouve sans doute, d’une certaine façon, le moyen de compenser l’attrition de ma pratique du judaïsme.

Janka KAEMPFER LOUIS

S’il y a quelques années on m’avait demandé de définir mon identité, mentionner mes origines juives ne m’aurait probablement pas traversé l’esprit. Je ne me suis pas construite autour d’elles, du moins pas consciemment. Mes articles de presse, mes sujets de reportages à la Télévision suisse, mes activités de traductrice ne concernaient en rien la thématique juive. Je me suis beaucoup intéressée aux minorités mais jamais à celle des Juifs.
Récemment, j’ai pris le temps d’effectuer des recherches sur l’histoire de ma famille avant, pendant et après la guerre en la situant dans le contexte des relations polono-juives. Lorsque j’ai fini l’écriture de mon livre, Adieu Varsovie,  quelque chose avait changé. Je n’étais plus à l’extérieur. J’ai fini par réaliser qu’être juive avait inconsciemment conditionné tout mon parcours d’adulte.
J’ai été et je suis encore, à mes yeux du moins, une mauvaise Juive. Encore que, en lisant Delphine Horvilleur, je commence à en douter. Elle dit avoir « renoncé à expliquer que rien ne fait davantage de vous un juif que de dire que vous n’en êtes pas un bon, et qu’il est très juif de croire qu’on n’est pas celui qu’on devrait être. C’est plutôt la certitude d’en être un « tout à fait comme il faut qui est généralement suspecte. »
Aujourd’hui, je me réjouis de participer au Projet Sifriaténou dont l’intérêt m’a tout de suite paru évident. C’est une entreprise ambitieuse, exigeante et plus que jamais nécessaire. Faire partie de cette belle aventure est à la fois un plaisir et un honneur.

Damien LABADIE
Portrait D. LABADIE

Diplômé de l’institut catholique de Paris et de l’université de Louvain-la-Neuve en philologie orientale, j’ai achevé en 2017,  à l’École pratique des hautes études, une thèse de doctorat en histoire du christianisme antique, laquelle est intitulée « L’invention du protomartyr Étienne : sainteté, pouvoir et controverse dans l’Antiquité (Ier-VIe siècle) ». Je suis actuellement chargé de recherche au CNRS (laboratoire CIHAM à Lyon).
Passionné par les langues et littératures anciennes, je me suis immergé avec ravissement dans la littérature juive lors de mes études parisiennes, où j’ai découvert, dans la langue du texte, le Tanakhe, le Talmud, les textes de Qumrân et Flavius Josèphe. Ayant beaucoup reçu de mes maîtres, c’est avec gratitude que je dispense aujourd’hui ma modeste science en enseignant l’hébreu biblique (Institut al Mowafaqa de Rabat) et en publiant des articles et ouvrages sur le sujet, notamment sur les manuscrits de Qumrân.
Passé chez les catholiques pour mes études, converti entre-temps au protestantisme, je reste, en toute saison, amoureux de la culture et de la spiritualité juives. C’est pourquoi, à l’appel de Patrick Sultan, tel Matthieu devant Jésus dans la scène magistralement saisie par le Caravage, il n’était guère possible de résister : je me suis levé et je l’ai suivi. J’entrevois ainsi, enthousiaste et imperceptiblement craintif, cette nouvelle vocation de contributeur au Projet Sifriaténou, pour lequel j’espère partager quelques-unes des réflexions glanées au cours de mes lectures sur l’histoire du judaïsme antique et médiéval, la littérature hébraïque ancienne, ou encore les relations entre judaïsme et christianisme naissant. Surtout, je me réjouis à l’idée d’en apprendre autant, sinon davantage, sur les « livres juifs » grâce à l’inlassable et savoureuse lecture des essais que signent les membres de l’Équipe.

Sébastien KULEMANN

Je suis né en 1968 en région parisienne au sein d’une famille aux multiples origines. Côté paternel, un grand-père né d’un père allemand protestant et d’une mère russe orthodoxe. Ma grand-mère paternelle était, elle, fille d’officier français catholique. Du côté maternel, une grand-mère née d’une mère juive issue de la diaspora roumaine et d’un père de la petite aristocratique française désargentée. Pas de grand-père maternel, mais il paraît qu’il était  irakien…
La particularité du destin politique du peuple juif me passionne, à la fois dans ce que ce destin raconte de la résilience de ce peuple et dans ce qu’il enseigne, en creux, de l’histoire des sociétés occidentales, notamment quand les plus évoluées d’entre elles produisent cette étrange errance de la pensée qu’est l’antisémitisme, sans cesse renaissant, sans cesse renouvelé. Contre l’antisémitisme, je crois encore, je crois toujours, à la puissance de la raison fondée sur la connaissance et transmise par les livres.
Diplômé d’études approfondies en science politique et agrégé d’économie et gestion,  j’exerce au sein de l’Éducation nationale depuis plus de trente ans : comme instituteur d’abord, comme chargé de cours à l’université de Paris 8 ensuite, comme professeur en classe préparatoire enfin. Depuis quelques années, j’assume les fonctions d’IA-IPR (Inspecteur d’Académie-Inspecteur Pédagogique Régional). Les livres me constituent : d’abord ceux que depuis mon jeune âge je lis, et depuis peu, ceux que j’écris : deux de mes romans ont récemment été publiés aux éditions DouroAntipodes en 2021, Le Sens de L’Histoire en 2022.

Jean-Luc LANDIER
JLL 2019

Peut-on rechercher à la fois l’Unique et l’Universel? Peut-on se revendiquer d’ une culture et d’une histoire singulières tout en prônant les valeurs universalistes des Lumières? J’ai, au cours de mon itinéraire intellectuel et spirituel, cherché à concilier ces deux aspirations. Malgré mon vif intérêt, dés l’adolescence, pour l’histoire, j’ai toutefois, au terme de mes études supérieures (IEP Paris, Droit, IAE), privilégié les contraintes de l’existence, en menant à bien une carrière dans les métiers financiers d’institutions bancaires. L’expérience que j’y ai acquise m’a permis d’analyser, de l’intérieur, les mécanismes économiques et financiers qui régissent nos sociétés. Toutefois, je n’ai pas trouvé, dans cette pratique, la compréhension en profondeur que seule une perspective historique pouvait apporter. L’identité juive, essentielle à mes yeux, a été longtemps réservée au domaine privé, conformément au modèle français de la laïcité auquel je demeure fidèle.
Ce n’est qu’en 2001 que j’ai pu concilier judéité et engagement dans la cité en participant à la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, institution que j’ai co-dirigée pendant plus de dix ans. Bien que, avant tout, responsable du pilotage financier de cette puissante institution, j’ai été associé à des projets majeurs pour le développement de la culture, de l’histoire, de la mémoire juives. Je renouais ainsi avec mes engagements premiers.
Je me consacre, à présent que ma carrière est parvenue à son terme, à mon domaine de prédilection : l’histoire juive moderne. J’ai ainsi proposé à plusieurs institutions et associations de présenter mes travaux sous la forme de conférences-débats et j’y ai trouvé l’occasion d’échanges toujours fructueux, qui me conduisent à aller toujours plus loin sur un chemin de perfectionnement. Partageant pleinement les valeurs qui inspirent le Projet Sifriaténou, j’y contribue volontiers.

Richard LANDES

Historien médiéviste résidant à Jérusalem, j’ai été formé à Harvard, Princeton et l’École Normale Supérieure. Ma spécialité porte sur les croyances apocalyptiques et millénaristes (An Mil et Année 2000) auxquelles j’ai consacré plusieurs travaux.
De 1995 à 2003, dans le cadre du Center for Millennial Studies que je dirigeais à l’Université de Boston, j’ai initié des recherches sur les courants apocalyptiques dans l’Islam moderne, essentiellement dans le Djihad mondialisé. En travaillant en 2003 sur l’affaire «Muhammad Al Dura», j’ai créé l’expression « Paliwood ».
En 2022, j’ai publié un livre dénonçant les « dérapages » et les manipulations des professionnels de l’information dans le monde occidental (universitaires, journalistes) face au défi d’un Islam triomphaliste. Je tiens à ce sujet un blog consacré au journalisme occidental au XXIème siècle intitulé…  Les Écuries d’Augias/ Augean stables. C’est avec plaisir que je rejoins l’Équipe de Sifriaténou.

Clément de LA VAISSIÈRE

Après être passé à l’ENS de Paris et y avoir étudié la littérature et la linguistique, j’ai obtenu l’Agrégation de Grammaire en 2018. Depuis 2023, au sein de la Communauté d’Universités et d’établissements Paris Lumières, qui regroupe Paris Nanterre et Paris 8, je suis chargé de gérer les relations avec les différents établissements associés (musées, BNF, Archives nationales, INA, instituts de formation divers, etc.) et de coordonner des projets avec eux.
Je me suis souvent demandé d’où me venait mon intérêt, ma curiosité brûlante pour le monde juif, et notamment pour le judaïsme ashkénaze d’Europe de l’Est. Issu d’une famille catholique pratiquante, sans racine en Europe orientale, rien a priori ne m’y destinait, si ce n’est de la curiosité et une grande avidité à découvrir les langues et les cultures. Des rencontres anciennes aussi et des amitiés avec des Juifs. Un amour pour la musique klezmer, dont les mélodies me séduisent profondément. Un attrait puissant pour la langue yiddish que j’arrive en grande partie à décoder grâce à l’allemand. Un goût pour l’humour juif, auquel Rabbi Jacob m’a sans doute initié…
Une attirance pour une culture et une spiritualité qui m’arrachent à mes déterminations immédiates, mais qui éclairent d’un jour nouveau ma tradition chrétienne. Mais aussi un sentiment de deuil par rapport au Yiddishland, qui a disparu au cours de la Seconde Guerre mondiale, allié au désir d’en savoir plus sur la vie que menaient des millions de victimes de la Shoah, sur leur langue, leur spiritualité.     
C’est donc assez naturellement que j’ai lu de la littérature yiddish – en traduction : Y.L. Peretz, les deux frères Singer, Sholem Aleykhem, de la poésie… Aussi, le Projet Sifriaténou m’a-t-il paru une belle occasion d’échanger et partager mon intérêt pour certains ouvrages, pour certains « sforime » qui m’ont marqué et touché. Ce projet a d’autant plus de sens qu’à mes yeux, le monde juif est cimenté par un rapport singulier et extrêmement fécond aux livres.

Alena LAPATNIOVA

Traductrice du biélorussien quand mon travail principal et mes enfants me le permettent, je creuse l’histoire de mon pays d’origine, la Biélorussie et m’efforce de la faire découvrir aux autres, tant par mes traductions que par l’organisation d’événements culturels. 
Le passé juif d’une Biélorussie, qui faisait jadis partie du Yiddishland, est largement oublié ou ignoré à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Aborder le sujet de la Shoah était interdit pendant toute l’existence de l’URSS ; les autorités n’acceptaient de parler que des « victimes soviétiques ». Ce passé fait, aujourd’hui, de discrètes apparitions dans la presse indépendante biélorussienne, sans jamais entrer dans l’histoire officielle du pays. Dans mes recherches, j’essaie de reconstituer ce passé qui concerne tant les Juifs que les Biélorussiens, témoins, ou parfois acteurs, de la tragédie.

Claire LEIBOVICH

En lisant des auteurs aussi différents que Kafka, Isaac Bashevis Singer, Primo Lévi, Ruth Klüger, Albert Memmi et Paul Auster, je me pose à mon tour la question que tant se sont posés : être juif, finalement, qu’est-ce que cela veut dire ? Je suis convaincue que la littérature, qui est « à la recherche de la vérité », est une manière privilégiée de comprendre l’expérience juive. 
Après des études de Lettres à l’Université d’Oxford et au King’s College London, je prépare actuellement un doctorat à l’Université de Durham. Ma thèse examine l’oeuvre de trois auteurs juifs du monde arabophone : Albert Memmi, Naïm Kattan et Jacqueline Kahanoff. En prenant part au Projet Sifriaténou, je me propose de lire et découvrir davantage la littérature juive, mais aussi et surtout de rencontrer et d’échanger avec des personnes qui partagent mes intérêts. 

YANN LE BOHEC

Je suis né en Tunisie, à Carthage, et, après l’Agrégation d’histoire, j’ai fait une carrière universitaire, à Paris X-Nanterre, Grenoble, Lyon et Paris-Sorbonne.
En commençant une thèse sur Les étrangers dans l’Afrique romaine, j’ai rencontré les communautés juives qui vivaient à cette époque dans cette partie de l’empire. Mes lectures m’ont montré qu’elles étaient plus importantes qu’on ne l’a dit, et que beaucoup d’erreurs ont été écrites à leur sujet. J’ai dû renoncer à ce sujet de thèse, mais j’ai conservé mes fiches qui m’ont permis de publier récemment un petit livre sur le sujet. On comprendra que ma participation au Projet Sifriaténou est motivée par ma sympathie pour cette population mal connue et pour mes exigences de vérité historique.

Sylvie LIDGI
. Née à Paris de parents ashkénazes (Pologne), j’ai baigné, enfant, dans une culture indéfinie, quelque part entre le yiddish chaleureux de mon père, arrivé d’URSS en 1946 au pays de Zola et de Voltaire, et le français impeccable de ma mère, réfugiée près de Brive durant la guerre. J’ai grandi au milieu des livres. A l’école de la République, j’ai étudié Molière et le théorème de Thalès. Les maths (et accessoirement la poésie) me procuraient la part de rêve et de jeu dont j’avais besoin.
Je suis diplômée du Technion de Haïfa, en Israël (B.Sc. en math, M.Sc. en économétrie). J’y ai vécu onze ans. Revenue à Paris, je disais « un jour j’écrirai un livre ! ». J’en ai publié plusieurs. Ma thèse de doctorat qui complétait le Ph. D. commencé dans ma jeunesse, a été éditée en 2000 sous le titre Paris gouvernance ou les malices des politiques urbaines.Et en 2021, Tribulations d’un jeune Juif polonais en URSS entre 1939 et 1946  évoque le parcours de mon père, Maurice Drumlewicz, qui possède bien des analogies avec celui de l’écrivain yiddish Mendel Mann.
J’ai toujours, peu ou prou, enseigné au cours de ma carrière. Le besoin de transmettre !  Sifriatenou, ce beau projet de partage, m’en fournit à nouveau l’occasion.
Iris LÉVY

Diplômée d’HEC Paris, je suis titulaire d’un Master de l’Université Paris I en Histoire contemporaine, discipline qui constitue pour moi une porte d’entrée privilégiée vers les études juives.
En travaillant successivement sur l’histoire des Volontaires Juifs de France et d’Afrique du Nord engagés dans les conflits israélo-arabes depuis 1948, puis sur l’histoire du Fonds national juif – plus connu sous son acronyme hébreu KKL, Kérene Kayémeth LeIsraël –, j’ai interrogé des sujets qui me sont chers : l’histoire du sionisme mais aussi celle des relations entre Israël et la diaspora, dans leur richesse et leur complexité. Complexité car en dehors de la ‘aliya, l’attachement des Juifs de l’exil à la Terre d’Israël se manifeste depuis la fin du XIXème siècle sous de jours multiples, allant du soutien philanthropique, moral ou spirituel à l’appui politique. Ni recrue ni rivale, la diaspora se situe souvent dans cet « entre-deux », partenaire du projet sioniste sans toutefois souscrire à l’idéal du rassemblement des exilés (« Kibboutz Galouyote »). Comment construire, dans ces conditions, son identité juive ?
Cette interrogation, qui m’invite à mêler réflexions existentielles et recherches académiques, me passionne. Aux côtés des archives historiques, les ouvrages d’auteurs comme Stefan Zweig, Albert Cohen, Albert Memmi ou Philip Roth se révèlent une source de plaisir et de réflexion inépuisable. En parallèle de ces réflexions, toujours vives, je travaille actuellement en tant que consultante en innovation sociale, à Paris.

Ismaël LOUBATIÈRES

Mon vif intérêt pour les religions, pour le peuple juif, son histoire, sa religion et sa culture, s’est éveillé tôt. Je le dois tout d’abord à mon père, catholique et très philosémite puis aussi à une de mes enseignantes, professeur d’histoire au collège, Madame Bourgoin.
Au cours de mes études universitaires, j’ai été conduit en préparant mon master d’histoire à Paris IV, à approfondir certains thèmes des relations religieuses entre Juifs et Chrétiens au XVIème siècle. J’ai parallèlement tenu à élargir mon champ de connaissances sur tous les aspects de la vie juive en obtenant le Diplôme Universitaire d’Études sur le Judaïsme (DUEJ) à Paris I.  
Passionné également par l’univers du livre, j’ai travaillé en archives et dans le monde de l’édition. J’enseigne l’Histoire-Géographie dans le secondaire.
Je suis donc très heureux de rejoindre le Projet Sifriaténou qui satisfait à la fois mon goût pour la culture religieuse, pour l’histoire  et pour les livres.

Solange LIVANIS
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Tombée dans la marmite du grec quand j’avais douze ans, je m’y suis trouvée bien. La potion contenait aussi des morceaux de latin et de littérature française, c’était bon aussi. Un jour, j’ai découvert un morceau inhabituel dans ce bouillon de culture : le grec dit moderne. « Ce fut comme une apparition ». Je m’y suis accrochée, je m’y suis plu. Voilà pourquoi, du grec ancien, je suis passée au grec moderne et de l’agrégation de Lettres Classiques à un Doctorat de Littérature néo-hellénique.
Quel rapport avec les « livres juifs » ? Le fait que j’ai traduit, de Iakovos Kambanellis : Mauthausen, récit des deux années qu’il a passées dans ce camp ; non-juif, ce dramaturge et poète a été particulièrement sensible au sort fait aux Juifs. En travaillant sur cette oeuvre, je me suis interrogée plus largement sur le rapport que les écrivains néo-helléniques entretiennent avec le judaïsme. J’aimerais approfondir cette question dans les années à venir. En participant à l’aventure de Sifriaténou, je me réjouis de m’instruire dans ce domaine tout autant que de partager mes lectures.

Dominique MACABIES

Élevé dans une famille catholique très pratiquante, je suis devenu protestant. Et voilà qu’à la vénérable soixantaine, je découvre dans notre maison familiale un certificat gravé sur cuir, nous révélant en latin que, par mère interposée, j’appartiens à une lignée « conversos », émigrés d’Espagne ! D’où mon intérêt renouvelé pour ceux qui nous ont précédés dans la foi … et pour le Projet Sifriaténou.
Je suis depuis 2018 à la retraite de l’Université de Grenoble, où j’avais obtenu mes diplômes et où j’ai enseigné pendant trente ans l’anglais de l’économie, des sciences humaines et des sciences de la vie. En parallèle, je dirige une entreprise de traduction que j’espère perpétuer à… perpète – « Dieu voulant », comme disent les Vaudois. Cependant, mes quatre enfants et quatre petits-enfants attendent tous que je réussisse à me désincarcérer de ma chaise de bureau ! Malgré l’absence de mes étudiants, mon intérêt pour la vie économique et sociale ne faiblit pas et mes « idoles » – actuelles (je suis un peu volage) – sont : l’économiste Gaël Giraud, l’écologiste Jean-Marc Jancovici, l’essayiste Michel Onfray en passant par le blogueur Étienne Chouard et (je l’avoue à ma grande honte) l’humoriste Guillaume Meurice pour les calembredaines….

Pierre LURÇAT

Né à Princeton en 1967, j’ai grandi à Paris avant de faire mon “alyah” et de m’installer à Jérusalem en 1993, sur les traces de mon grand-père maternel, qui avait fait partie des pionniers, membre notamment des Chomerim et du Gdoud Ha-Avoda. J’ai acquis très jeune la conviction que Jérusalem n’est pas seulement la ville de notre passé, mais aussi celle de notre avenir.
Auteur de plusieurs livres sur le judaïsme, l’histoire d’Israël ou l’islam radical, je collabore à plusieurs revues (Pardès, Politique internationale, Causeur…). En 2021, j’ai créé les éditions L’éléphant dans le cadre desquelles je publie notamment les livres de la Bibliothèque sioniste – fondée la même année – qui vise à faire accéder le public francophone aux grands auteurs du sionisme politique.
C’est donc tout naturellement que j’ai accepté de participer au Projet Sifriaténou : j’espère vous donner envie de découvrir les auteurs et acteurs de l’aventure sioniste – et notamment Vladimir Jabotinsky, l’un des plus brillants théoriciens du sionisme (pour lequel j’ai une affection particulière) – et, peut-être, de participer vous aussi à cette “noble aventure”, selon le mot d’E. Lévinas.

Graziella de MATTEIS

Mon intérêt pour la culture juive s’est très vite greffé à ma passion pour la littérature. Transmission, filiation, judéité… Toutes ces thématiques ont fait naître en moi un grand intérêt, notamment pour les écritures de l’identité juive, pour les littératures de la Shoah.
Actuellement doctorante en Littérature Française à Sorbonne Université, j’étudie, dans le cadre de mes recherches, les récits d’enquête liés à la Shoah, à travers les œuvres de Marcel Cohen, d’Hélène Cixous et de Marianne Rubinstein.
Une anecdote : c’est précisément après la découverte de W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec que j’ai décidé de me spécialiser dans ce domaine de recherche.
C’est avec joie, donc, que je rejoins l’Équipe de Sifriaténou, afin de partager, humblement, mes lectures.

Nicolas MASUEZ

Durant huit ans, j’ai enseigné l’histoire et la géographie dans le secondaire tout en dispensant une formation scientifique aux enseignants des Lettres Classiques de l’Académie de Dijon. En 2019, j’ai fait le choix d’une nouvelle carrière dans le consulting autour des questions de fait religieux et de laïcité dans l’espace professionnel et associatif.
Docteur en Histoire des religions et anthropologie religieuse de l’Université Paris IV Sorbonne, je poursuis à l’IRER mes recherches sur le monde juif aux époques hellénistique et romaine. Je suis également membre de la Société des Études Juives. Mes travaux portent sur la société juive contemporaine du Second Temple, notamment  à travers l’oeuvre de l’historien Flavius Josèphe dont Théodore Reinach a souhaité que son oeuvre constitue « sinon un livre de chevet, du moins un ouvrage de fond, ayant sa place dans toutes les bibliothèques sérieuses ». C’est donc avec joie que j’ai rejoint l‘Équipe de Sifriaténou et que je m’efforcerai, dans ce même esprit, de contribuer à ce Projet qui me paraît très important pour la connaissance et la diffusion de la culture et des études juives.

Béatrice MUNARO

Accompagnée depuis le plus jeune âge par les livres, et passionnée dès mon adolescence par l’Histoire des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est naturellement que mon travail de recherche s’est porté sur des auteurs marqués par la Shoah : survivants et témoins, mais aussi écrivains de la deuxième génération. Les œuvres de Primo Levi, Georges Perec, Samuel Beckett, mais encore celles de Leïb Rochman, Charlotte Delbo, Robert Antelme ou David Rousset ont été autant de terrains d’exploration et de de réflexion. Je les ai étudiés notamment dans mon travail de doctorat de Littérature générale et comparée (soutenue en 2019 sous la direction des Professeurs Carole Ksiazenicer-Matheron et Érik Leborgne) .
Ce travail universitaire a pris la forme d’un essai : Destruction et métamorphoses du corps dans l’enfermement, Primo Levi, Georges Perec, Samuel Beckett (Éditions Otrante, 2021). Je me suis efforcée d’interroger, à travers la littérature, les représentations de l’humain et de l’inhumain. Parallèlement à mes travaux de recherche, j’assure la fonction de médiatrice pédagogique au Mémorial de la Shoah ; les visites et les ateliers proposés aux élèves, de l’école primaire au lycée, assurent une transmission, créent un lien entre les générations, et permettent de les faire entrer dans l’Histoire à travers des archives, mais aussi des œuvres ou encore des créations artistiques.
J’ai aujourd’hui la joie de participer au Projet Sifriaténou, qui fait écho à ce désir de transmission, pour partager mais aussi découvrir des lectures qui nous portent tous. 

Nicolas MERLET

Après mes études d’ingénieur à l’École des Mines de Paris, je me suis, en 1988, installé en Israël ; à l’Université de Jérusalem, j’ai obtenu un Master puis un doctorat d’informatique en analyse d’image. Actuellement, je travaille dans une grande compagnie de matériel médical à Tel Aviv. Je profite des longs trajets que j’effectue quotidiennement  dans les transports en commun pour … lire et – une autre de mes passions! – apprendre des langues en autodidacte. Dans le domaine des études juives, je suis curieux de multiples domaines : l’exégèse biblique, les liens du judaïsme avec l’hellénisme et, dans la mesure de mes moyens, j’aime à m’installer dans une page du Talmud que j’explore grâce à  l’édition Steinsaltz-Vilna.
Aussi ai-je été naturellement enthousiasmé lorsque j’ai découvert l’existence du Projet Sifriaténou  ; je suis heureux de m’y associer.

Jérôme PAILLETTE
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J’ai toujours été entouré de livres et je dois reconnaître que j’aurais bien du mal à m’en passer. Mes goûts sont éclectiques : du thriller aux ouvrages historiques ou religieux en passant par les biographies et les romans contemporains…  Mes auteurs préférés : Philip Roth, Bernard Malamud, David Grossman et Cynthia Ozick mais aussi John Steinbeck, Jack London et Toni Morrison. 
De formation littéraire (angliciste et titulaire d’un Master de recherche en traduction), je suis particulièrement intéressé par l’histoire et les théories de la traduction. Mes récentes recherches ont porté sur la traduction du jeu de mots. Parallèlement à mes recherches et à mon travail d’enseignant dans le secondaire, j’essaie de développer mon activité de traducteur à titre professionnel. Quand Patrick Sultan m’a proposé de contribuer au Projet Sifriaténou, je n’ai pas hésité! Curieux et toujours prêt à me lancer des défis, je me réjouis de participer à cette aventure.

Serge NIÉMETZ
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Né en 1946. ENS Saint-Cloud. Agrégation des Lettres.
En bref : Enseignement et recherche en France et en Allemagne (Université de Kiel).
Puis durant seize ans chargé de mission à l’Académie française.
Biographe de Stefan Zweig  : Le Voyageur et ses mondes, Paris, Belfond, 1996, réédité en 2011.
Mais je me définis essentiellement comme traducteur ; c’est un métier et une passion depuis… plus de cinquante ans. Ma langue de prédilection est l’allemand, (où j’ai baigné de bonne heure, dans une culture prussienne, berlinoise, plutôt que bavaroise ou viennoise). J’ai traduit entre autres Ludwig Harig, Georg Hermann, Stefan Zweig.
Obtenu le Prix Gérard de Nerval en 2000 « à l’occasion de la publication de 〈ma〉 traduction du Juif Süss de Lion Feuchtwanger et pour l’ensemble de 〈mon〉 œuvre ». J’ai été ensuite  membre de ce jury jusqu’à l’an dernier.
Voici quelques lignes où je parle de ma conception de la traduction, extraites d’une interview «autobiographique»  de 2011 : «Je crois que ce qui fait un bon traducteur […], c’est (outre une certaine maîtrise de la langue de départ et surtout peut-être de la langue d’arrivée) une curiosité insatiable et polymorphe. Grosso modo : que rien d’humain (et d’animal, et même d’inorganique) ne soit (tout à fait) étranger. [… La traduction, qui me paraît  la meilleure métaphore de toute activité intellectuelle, a été une inépuisable source de jouissance. Ensuite, les hasards, les rencontres jouent un grand rôle.»
Parmi les rencontres décisives, il y a celles qui m’ont conduit précocement à la rencontre du monde juif. D’origines essentiellement lorraines et morvandiautes, je ne suis juif que par mes descendants, non par mes ascendants.
Par ailleurs adepte d’un spinozisme mêlé de taoïsme, amoureux de la Grèce, de l’Italie et des chats, cumulant les centres d’intérêt aussi éclectiques que mes amitiés, et plus intéressé par les conversations avec les gens de métier que par les débats dits intellectuels.

Edith PARMENTIER

Professeur à l’Université de Caen, j’ai consacré mes premières recherches en histoire grecque à Nicolas de Damas, un philosophe et mémorialiste du I er siècle av.-J.-C dont on ne connaît l’oeuvre considérable que par… fragments. Ce personnage fut un proche du Roi Hérode, son professeur, son secrétaire, voire son ami.  Cela m’a conduit à étudier de plus près la figure, ou plutôt les multiples facettes, de ce roi  de Judée, controversé, tant à travers la littérature grecque que par les sources archéologiques qui témoignent de son règne. Tenter de distinguer les légendes et les vérités à établir.
Je me réjouis toujours de  partager, quand j’en ai l’occasion, au -delà du cercle des spécialistes, le fruit de ces travaux savants. C’est pourquoi je participe volontiers au Projet Sifriaténou qui ambitionne de faire connaître l’existence juive à un large public.

Otto PFERSMANN
Otto

Professeur de philosophie du droit et de droit constitutionnel comparé, à Paris I puis à l’École des Hautes Études, j’ai, dans tout mon parcours, si souvent rencontré les textes de la tradition juive, dans les domaines les plus divers : de la philosophie médiévale au rationalisme critique de Spinoza – auquel était en partie consacré ma thèse, de la pensée politico-juridique de Theodor Herzl au débat contemporain sur la nature du système juridique israélien, que l’occasion de contribuer modestement au magnifique Projet Sifriaténou m’a aussitôt enchanté. 

Nadine PICARD
Nadine

Après des études d’anglais, suivies d’un séjour de trois ans aux États-Unis où j’ai enseigné le français, j’ai fait une carrière classique de professeur certifié puis agrégé d’anglais, d’abord en collège, puis en lycée à Strasbourg.
Le hasard a voulu que parallèlement à mon enseignement, je traduise, en collaboration, trois ouvrages américains ayant trait aux études de genre (Gender Studies) :
 David M. Halperin, John J. Winkler, Froma I. Zeitlin (ed), Bien avant la sexualité : L’expérience érotique en Grèce ancienne ; Gleason Maud W., Mascarades masculines : Genre, corps et voix dans l’Antiquité gréco-romaine  ; Winkler John J., Désir et contraintes en Grèce ancienne
Parvenue à l’heure de la retraite, j’ai pu me consacrer à une cause qui me tenait à cœur : depuis dix ans, j’accompagne les migrants sans papiers dans leurs démarches administratives et juridiques, au sein d’une association dans laquelle je coordonne également des ateliers socio-linguistiques.

Agathe PIN

Photo Rédactrice Agathe PINJ’ai toujours eu plusieurs casquettes professionnelles liées à différents sujets qui me passionnent : coach en entreprise, j’enseigne aussi à des étudiants en design et, dernier projet en date, faire lire (et faire entendre) l’œuvre d’Edgar Hilsenrath, ce trublion angoissé des Lettres allemandes qui a osé faire de la satire, du burlesque et du « crado » avec le pire du XXème siècle. Sa liberté de ton me fascine. 2026 marquera le 100 ème anniversaire de sa naissance et je suis engagée dans des travaux de commémoration que j’espère amples, à la hauteur de ses textes, parmi lesquels Nuit (1964), Le Nazi et le Barbier (1971), Le Conte de la dernière pensée (sur le génocide arménien, 1989)…

Je me réjouis d’apporter ma pierre au Projet Sifriaténou.

Didier POURQUIÉ
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Né dans une famille où le libéralisme ambiant considérait l’enseignement comme le terreau le plus sûr de la paresse et du mauvais esprit, j’ai passé une Agrégation de Lettres avec la conviction de trouver un métier idéal pour réaliser mon rêve : écrire des romans. De mes trente années d’exercice en tant que professeur de Lettres, outre que j’ai appris la méfiance à l’égard des préjugés familiaux, j’ai tiré bénéfice de cette carrière qui nous promène, au gré des programmes, sur des chemins toujours nouveaux. Je n’ai aucune spécialisation dans la culture juive mais, ayant le privilège d’exercer en CPGE au lycée Montaigne de Bordeaux, j’ai été amené avec mes classes de scientifiques à travailler sur le roman de Philip Roth, Le complot contre l’Amérique. Il est possible que ma petite expérience de romancier ait influé sur mon approche assez peu universitaire de l’ouvrage. Je suis ravi à l’idée que ce travail puisse contribuer, de quelque façon que ce soit, au Projet Sifriaténou.

Marie-Laure REBORA
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Après l’agrégation, j’ai passé une année à Cambridge ( Pembroke College ) où j’ai assuré la fonction de « lectrice de français ». Je suis à présent de retour à Paris afin de poursuivre des recherches au département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS dont je suis élève : j’y étudie l’histoire et la littérature des mondes romain et grec. En travaillant, à partir des inscriptions figurant dans les cinq catacombes juives de Rome,  sur la place de l’enfant dans le monde antique – ce grand oublié des études classiques- je situe mon travail à la croisée de plusieurs champs disciplinaires : l’histoire de la Rome antique et sa sociologie, les « Childhood Studies » mais aussi, dans une perspective épigraphique, l’histoire des communautés juives. Je m’intéresse particulièrement à la place des Juifs à Rome et à leurs rapports avec la société romaine – entre insertion et affirmation d’une spécificité propre.
Fascinée par le rapport très fort et particulier de la culture juive au Livre et aux livres, qui a beaucoup nourri ma réflexion personnelle, j’ai participé à l’organisation d’un séminaire consacré aux études juives à l’ENS (AREJ).
Je suis donc tout naturellement ravie de contribuer à Sifriaténou, un beau projet d’échange et d’amitié et me réjouis de partager mon intérêt pour l’histoire du judaïsme antique ainsi que mon amour pour la culture juive, sous toutes ses formes.

Véronique RIFFARD

« Admirer et transmettre » : aurais-je besoin d’en dire davantage pour me présenter ? Je m’appelle Véronique Riffard, de Clermont, la noble cité des Arvernes. J’ai été professeur de Lettres Classiques dans le secondaire ; je suis à présent Principale de collège. Avec en toile de fond, une thèse en préparation sur un de mes « dieux littéraires » : Chateaubriand. 
Le monde juif est, pour moi, coloré, vivant symbole de courage et d’espoir. Il entre aussi dans mes racines, pour une partie.
Une citation de Chateaubriand (encore!) définit bien ce qui me rattache à Israël et à ses livres  : « La Judée est le seul pays de la terre qui retrace au voyageurs le souvenir des affaires humaines et des choses du ciel, et qui fasse naître au fond de l’âme, par ce mélange, un sentiment et des pensées qu’aucun autre lieu ne peut inspirer. ». C’est donc tout naturellement que je rejoins le Projet Sifriaténou.

Fabrice ROMANET
Fabrice Romanet_2020

Je dirai simplement que l’Histoire est au coeur de mon existence. Au cœur de ma profession (enseignant d’Histoire-Géographie pour l’Education Nationale), au cœur de mon engagement (correspondant du Mémorial de la Shoah dans l’Académie de Lyon), au cœur de mon attachement à la transmission (enseignant certes, mais aussi formateur et auteur) et à la recherche (réflexion sur les rapports entre le régime de Vichy et l’enseignement secondaire). D’abord nourri d’anthropologie médiévale, je me suis progressivement tourné vers l’histoire contemporaine au prisme des violences de masse et des génocides ; pour me confronter à la construction des identités et à la crispation des univers mentaux.
Lorsque Patrick Sultan m’a contacté pour contribuer au Projet Sifriaténou, les mots de Aharon Appelfeld dans Adam et Thomas me sont alors revenus : « Quand on rencontre quelqu’un, c’est signe que l’on devait croiser son chemin, c’est signe que l’on va recevoir de lui quelque chose qui nous manquait. Il ne faut pas ignorer ces rencontres. Dans chacune d’elle est contenue la promesse d’une découverte ». Sifriaténou est de celle-ci.

Cécile ROUSSELET

Docteure en Littérature Comparée (Paris 3 Sorbonne-Nouvelle et Sorbonne-Université), j’enseigne la littérature comparée dans plusieurs universités. Ma découverte de la littérature yiddish est le fruit de hasards et de rencontres. Celle de Mme le Professeur Carole Ksiazenicer-Matheron a joué un rôle décisif : elle me mit entre les mains Ennemies : A Love Story d’I. B. Singer, roman qui ne m’a plus quittée. Cette enseignante co-dirige ma thèse qui porte sur les personnages féminins dans les romans russe et yiddish au XXème siècle. Des nouvelles de Fradl Shtok aux fresques historiques d’I.J. Singer, je trouve dans ces oeuvres des questionnements qui me passionnent depuis de nombreuses années désormais. J’ai eu la chance de les approfondir aussi à l’Université d’Oxford et lors de séjours d’étude à New York University. Je me suis intéressée à de nombreux domaines qui nourrissent aujourd’hui ma réflexion : littérature française et étrangère, psychologie, psychanalyse, criminologie, musicologie… Et c’est au croisement de toutes ces disciplines que je construis mon travail. J’adhère profondément à l’idée du comparatisme comme décentrement du regard. Et c’est dans cette perspective que je me réjouis de participer au Projet Sifriatenou.

Nancy ROZENCHAN

Brésilienne, je vis à São Paulo. J’appartiens à une génération de descendants d’émigrés juifs originaires d’Europe orientale, qui, installés au Brésil dans l’Entre-deux guerres, ont contribué à l’essor d’une communauté dynamique qui participe activement à la vie intellectuelle, culturelle et sociale de la métropole sud-américaine. Mon lien avec littérature remonte à l’enfance : à l’école primaire, nous lisions des contes de Sholem Aleikhem en yiddish. Cela me ramenait à l’ambiance dans laquelle nous vivions à la maison et en particulier à la langue que nous parlions au sein de la famille.
Universitaire, J’ai enseigné la littérature et la langue hébraïque à l’Université de Sao Paulo (USP) ; aujourd’hui Professeur « senior », je continue à travailler sur la littérature hébraïque, en traduisant des romans israéliens en portugais (C.N. Bialik, A. Oz, E. Keret…), et en continuant d’assurer la direction de travaux portant sur divers aspects de la culture juive.
Je fais partie de l’équipe qui anime, au sein de mon université, un Centre d’Études Juives (CEJ), pôle d’enseignement et de recherche dont l’objectif est de faire connaître l’héritage de la culture et de l’éthique juives, dans le monde académique et dans la société. Je me réjouis donc d’inaugurer à partir de janvier 2022, par l’entremise de Jean-Yves Carfantan, Vice-président de Sifriaténou, un partenariat entre  l’Association Sifriaténou/Notre bibliothèque et le  CEJ.

Julie SAADA

Professeure de philosophie du droit à Sciences Po, où j’enseigne aussi la théorie politique, j’ai longtemps voulu me consacrer à la littérature, surtout aux littératures allemande, autrichienne et russe, fascinée que j’étais par l’Europe centrale et orientale. Mais j’ai finalement choisi d’étudier la philosophie : d’abord l’histoire de la philosophie moderne, les questions de liberté religieuse chez des auteurs comme Spinoza ou Bayle, puis, après l’agrégation de philosophie et dans le cadre d’un doctorat à l’ENS, l’histoire du droit des gens et le rôle du scepticisme dans les théories du droit naturel au XVIIème siècle.
Me tournant ensuite vers des débats contemporains ainsi que vers le droit international, j’ai consacré des travaux au droit et à l’éthique de la guerre, à la justice d’après-guerre, à la justice face aux crimes de masse ou plus largement aux questions que rencontrent les sociétés lorsqu’elles doivent faire face à leur propre passé violent. Depuis plusieurs années, je m’intéresse aussi aux courants juridiques critiques et au mouvement « droit et littérature ».
L’occasion de contribuer au Projet Sifriaténou me ravit tant il est ouvert et donne l’occasion de nouvelles lectures.

David SCETBON

Entouré par les livres aussi loin que je m’en souvienne, j’ai cédé à leurs appels bien plus souvent qu’il ne l’aurait fallu. Déraisonnable et impulsif dans mes acquisitions, je me défie des livres qu’on m’offre et déteste les livres d’un l’instant. Ma devise : « Don’t read Times, read eternity ! » J’ai finalement embrassé une carrière de juriste pour aggraver mon cas, puisqu’ils ne cessent plus de m’entourer.
Si le Livre (des livres) tient une place particulière dans mes lectures, je conserve une certaine méfiance à l’égard de ceux qui ont décidé d’en faire leur sujet. Sauront-ils lui rendre justice ? être à la hauteur du défi ? Apprenti talmudiste du dimanche matin, j’en cultive le regard sans concession.
Je suis donc heureux de participer à une communauté de lecteurs aussi exigeante que celle de Sifriaténou.

Annelies NORDHOLT SCHULTE
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J’ai fait des études de philosophie et de littérature française à Paris et à Amsterdam.
J’enseigne actuellement la Littérature Française à l’Université de Leiden, Pays-Bas. Spécialiste de Blanchot et de Proust, sur qui j’ai publié des monographies, je suis l’auteur de bon nombre d’articles sur la littérature moderne et contemporaine et de l’essai : Perec, Modiano, Raczymow : La génération d’après et la mémoire de la Shoah (Amsterdam, Rodopi, 2008). Je travaille actuellement sur la représentation de l’espace urbain dans la littérature d’après-guerre et prépare une monographie sur le thème des lieux chez Georges Perec.

Dominique SERRE-FLOERSHEIM

Dans ma famille, on se définissait comme ( dans l’ordre) «  français, juifs, laïcs, républicains et de gauche ». On n’y évoquait que des désastres subis dans notre chair

Pour sortir de la mélancolie ambiante, j’avais choisi ma propre voie : l’étude puis l’enseignement des Lettres (l’agrégation de Lettres Modernes puis un Doctorat d’Etat, 41 ans d’enseignement dont 25 en Khâgne et, par ailleurs, une grosse vingtaine d’ouvrages divers, tous à vocation pédagogique – et des interventions sur … l’humour juif ( pour changer).

Après quoi, ma retraite a coïncidé avec le décès de ma mère et j’ai eu dans l’oreille son refrain : « qui aurait pu croire à ces balivernes ? » – elle parlait de la propagande antisémite. De là,  mes deux derniers ouvrages publiés chez Champion pour réfléchir à la manière dont, au fil du temps (des origines aux réseaux sociaux), on avait construit, instillé et propagé la haine antisémite.

  Et enfin, le retour à mes premières amours : la littérature juive d’Europe centrale,   le tout pour que tous les miens consolident des racines déjà fermes. Au cœur, la mémoire des pogroms et d’Auschwitz dans une famille où on avait tant cru en « l’assimilation » et, où maintenant, tout en entretenant au quotidien le « vivre ensemble » et l’amour de la France, nous assumons et revendiquons la fierté de nos origines. C’est donc avec joie, que je rejoins l’Équipe Sifriaténou pour de beaux partages.

André SIMHA

J’ai eu la chance d’avoir pour père Moshé ben Ovadia Simha (de mémoire bénie), un instituteur qui devint directeur d’une école de l’Alliance Israëlite Universelle au Maroc. Il venait de Grèce et il admirait la culture française tout en étant féru de culture hébraïque. Je devais poursuivre des études scientifiques, mais j’ai été attiré par la Sorbonne où professaient de véritables penseurs, comme Jankélévitch, Alquié, Aron, Derrida, Ricoeur.
Aussi, ai-je trouvé à l’Éducation Nationale le moyen de ne jamais quitter l’école. Même mon service militaire en Algérie fut transformé en service d’enseignement, et par la suite j’ai enseigné la philosophie, en CPGE, puis à l’Université d’Aix-Marseille, et dans différentes villes (je suis porté au nomadisme). Puis j’ai été nommé inspecteur de philosophie une dizaine d’années avant ma retraite.  Agrégé de l’Université et docteur en philosophie-épistémologie, j’ai commencé mes travaux par une thèse sur Nietzsche puis j’ai publié, notamment en collaboration avec mon épouse, Suzanne, divers travaux et des ouvrages pédagogiques. L’histoire de la philosophie et son enseignement ont été au coeur de mes activités.
Parallèlement, je n’ai jamais cessé de me ressourcer dans la littérature et la philosophie juives (Babel, Canetti, Benjamin, Celan, Poliakof, Singer, Roth, Lévinas, Jankélévitch. Yéhoshua, Grossman, Keret, Appelfeld, Schama…). Je suis heureux de rejoindre le Projet Sifriaténou afin d’apporter, au sein de l’Équipe, ma contribution à cette bibliothèque nouvelle et déjà riche.

Aliza SMILEVITCH

Je suis étudiante en licence de Lettres Modernes à Paris-Sorbonne. La littérature comparée est mon domaine favori. Bien que j’aie grandi dans une famille où l’étude et la pratique de la Torah font partie de la vie quotidienne, c’est seulement à l’Université que j’ai découvert plusieurs écrivains marqués par leur judéité. Cette littérature a su me happer par sa pluralité et sa complexité. Elle me semble exprimer en profondeur les préoccupations d’un peuple en diaspora.
Je dirais que la littérature (profane) fait partie de ma vie au même titre que la Torah Ce sont deux aspects complémentaires de mon existence : quand l’une est trop obscure, l’autre sait ramener la clarté. C’est donc avec joie que je participe au Projet Sifriaténou et avec un vif intérêt que je compte en suivre l’actualité !

Patrick SULTAN
Pat en casquette:2018

Agrégé de Lettres Classiques et Docteur en Littérature Comparée (Littératures postcoloniales), j’ai enseigné dans diverses écoles juives et dans le public, au collège, au lycée puis en Classes Préparatoires, ainsi qu’à l’Université de Polynésie Française et de Martinique. Depuis la fin de mes études de philosophie et de Lettres, je n’ai cessé de m’intéresser, à divers titres, aux multiples formes de la civilisation juive.
J’ai eu la chance d’écrire dans la Quinzaine Littéraire, de 1998 à 2012, sous la direction bienveillante de Maurice Nadeau et d’Anne Sarraute : je recensais des ouvrages consacrés au judaïsme ainsi que des romans de littérature post-coloniale.
Grâce aux relectures minutieuses de ce grand humaniste qu’est le Professeur Pierre Campion (À la littérature), j’ai également beaucoup appris en corrigeant mes… solécismes, mes maladresses d’expression, mes obscurités.  
À Tahiti, de 1999 à 2001, la mise en place de l’antenne polynésienne pour site new-yorkais (CUNY) consacré aux littératures insulaires, m’a amené à travailler autrement avec mes étudiants et mes collègues de l’UPF.
À présent, je passe le plus clair de mon temps dans Sifriaténou/Notre bibliothèque,  à … lire et à… relire, bien sûr!

Menahem TEMIN
Menahem:Maximilien

Pleinement engagé dans l’étude de la Torah sous ses formes variées, j’essaye de mettre à profit , du mieux que je le peux, les compétences que ma formation universitaire (Sciences Po Paris, University College of London) et mon métier (conseiller en relations publiques) m’ont permis d’acquérir : saisir rapidement l’esprit d’un texte juridique pour pouvoir le synthétiser (Halakha/Loi) ; conceptualiser facilement pour cerner les questions philosophiques (Moussar/Éthique, Ma’hachava/Pensée) ; être rigoureux dans l’analyse pour interpréter un texte talmudique. C’est donc avec joie que je participe régulièrement au Projet Sifriaténou.
Je n’ai pas grandi dans une famille religieuse, mais j’ai acquis très jeune la certitude qu’on ne pouvait pas connaître l’autre et se dire ouvert sur les cultures étrangères sans être chez soi dans la sienne propre. C’est ainsi que, par l’étude, je m’efforce de détruire, en moi tout d’abord, les préjugés et les erreurs dont une éducation traditionnelle ne nous préserve pas toujours.

Françoise TORAILLE

Au cours de mon enfance passée en Alsace Bossue alors que je venais de « l’intérieur », j’ai été confrontée dans la vie quotidienne, et surtout dans la cour de récréation, au rythme des comptines et des jeux, au dialecte local, le « platt ». Néanmoins, quand s’engageait une conversation en alsacien, je restais en dehors. Dès lors, apprendre la langue allemande, dont était proche l’alsacien qui m’entourait, je l’ai vécu en classe de sixième comme un véritable cadeau : le monde m’était offert. Aussi, quand il a été question d’un choix d’études, les langues m’ont accompagnée, et particulièrement l’allemand, dont je dis maintenant que j’y suis « chez moi ».
Traduire, j’y suis venue plus tard, à côté de mon métier d’enseignante-chercheure à l’Université (Paris 12 Val de Marne). En commençant, je me suis demandé : vais-je en être capable ? Vais-je y prendre plaisir ?
Trente ans plus tard, c’est l’activité à laquelle je tiens au plus haut point : pour ce qu’elle exige d’attention au texte mais aussi pour ce qu’elle apporte aux lecteurs qui n’accèdent pas à la « version originale ».
Rejoindre le Projet Sifriaténou et son équipe me permettra d’illustrer cette passion en partageant mes réflexions autour de textes auxquels je me suis attachée en les traduisant ou en les lisant.

Aurélie TOURAINE
Aurélie Touraine

C’est à l’Université de Polynésie Française que j’ai eu la chance de rencontrer Patrick Sultan. Ses cours et conseils m’ont guidée dans ma découverte des littératures « francophones » et insulaires, de Léopold Sédar Senghor à Ananda Devi, de conférences en rencontres, de (rêves de) voyages en expositions, autant d’occupations que j’affectionne … mais pour lesquelles le temps se fait plus rare depuis la naissance de ma petite !
Pourtant, tellement de lectures, de découvertes restent à faire, et tant de liens à nouer ! Je saisis, en contribuant au Projet Sifriaténou, l’occasion de revenir à une certaine écriture du partage des œuvres.
Partage au cœur de mon choix du métier de professeur : certifiée de Lettres Modernes, j’enseigne en collège et répète à mes élèves ébahis que, oui, j’ai lu les livres que je leur fais étudier et, oui, j’en lis même d’autres par plaisir sans y être obligée !

Gérard VALIN

Gérard VALIN

D’origine familiale normande et provençale, j’ai eu la chance d’être élevé dans une culture catholique ouverte et solidaire, notamment à l’égard de cousins et amis israélites. Poursuivant, parallèlement à celles que je menais à HEC, des études d’allemand à Paris-Nanterre, j’ai retrouvé cette sympathie intellectuelle et morale auprès des grands maîtres de la « Germanistik » française que furent Pierre-Paul Sagave, Berlinois déchu de sa nationalité en 1935, et le doyen Pierre Grappin, connu pour ses exploits de résistant.

J’ai profité de mon service militaire dans l’armée de l’air pour achever une thèse de doctorat en littérature comparée (Novalis, Henri Bosco). Mes charges de famille, puis une carrière financière, ne m’ont pas permis de rédiger la thèse d’État dont j’avis déposé le sujet, sur les conceptions économiques et sociales de Thomas Mann.

Suivant les conseils du Professeur Sagave, de son ami Martin Flinker, le célèbre libraire-éditeur du quai des Orfèvres et grâce aux autorisations que m’avait aimablement fournies Katia Mann, née Pringsheim, j’ai pu réunir une documentation originale sur l’œuvre du grand Thomas Mann : il est resté mon compagnon de route au cours d’une vie déjà longue.

L’œuvre de cet écrivain est intimement liée à la culture juive qu’il a côtoyée, grâce à son épouse Katia, ses beaux-parents Pringsheim et ses beaux-frères. C’est dans cet esprit que je souhaite apporter ma contribution et mon soutien au remarquable Projet Sifriaténou.

Patrick VALLOIS

Après des études de sciences économiques et de droit à Paris, j’ai entrepris de nombreux voyages et séjourné sur quatre continents. Tout un pan de ma vie s’est déroulé dans les rizières de Madagascar. À présent, prenant ma retraite en Occitanie, c’est avec joie que je rejoins le Projet Sifriaténou pour partager quelques-unes de mes lectures qui me parlent d’Israël.

Lyvann VATÉ

Originaire du pays basque, j’étudie à Paris la philosophie politique à l’EHESS et à l’ENS. J’ai découvert la pensée juive lors d’un cours consacré à ce thème au sein du Département d’études hébraïques de l’Inalco. À la suite de quoi, je me suis engagé dans une étude de Hannah Arendt et de son rapport à la condition juive, m’intéressant tout particulièrement à son approche du sionisme, de l’antisémitisme et de l’assimilation, notamment dans sa correspondance avec Kurt Blumenfeld et Gershom Scholem. La lecture de ses Écrits juifs ou encore de La tradition cachée m’a permis de mieux comprendre la condition juive comme phénomène politique. En rejoignant le Projet Sifriaténou, j’espère découvrir et peut -être faire découvrir des livres essentiels pour comprendre notre temps.

Laurence WALBROU

C’est un visage émacié aux yeux hantés, sur la couverture d’un magazine L’ Histoire, qui m’a agrippé l’âme, alors que j’avais neuf ans. Jamais je n’ai pu l’oublier. Ma soif de comprendre comment le drame de la Shoah avait pu être possible a commencé là. Avec ce questionnement d’enfant, une attirance irrésistible et jamais démentie envers le peuple juif et sa culture a fait son chemin en moi, la chrétienne, comme si l’écho lointain de racines communes vibrait et devait s’exprimer.
La lecture du Journal d’Anne Frank, puis la découverte de Primo Levi et à sa suite la lecture de bien d’autres écrivains ont approfondi, au fil des ans, ce lien aussi fort qu’inexplicable. Une vie bouleversée d’Etty Hillesum est devenu mon livre de chevet, allié essentiel des tempêtes de la vie. Des voyages éblouis en Israël et de profondes amitiés ont forgé sur plusieurs décennies un lien fort entre le peuple juif et moi.
Il me restait à apporter une contribution tangible pour le célébrer. Aussi, grande avait été ma joie de découvrir l’existence et le parcours des Justes, honorés à Yad Vashem, ces êtres de toutes conditions, horizons ou confessions qui s’étaient opposés aux forces obscures.
 Après deux années de rencontres et recherches passionnées, j’ai publié un livre qui, je l’espère, leur rend hommage :  Quelques Justes parmi les Hommes : des juifs et des chrétiens face à la barbarie .
C’est un travail que de garder la mémoire. Orthophoniste depuis plus de trente cinq ans, mon métier me donne aussi l’opportunité, par choix, de me consacrer, sur un autre plan, à cette faculté, puisque les patients que j’accompagne, atteints de la maladie d’Alzheimer, sont à la poursuite de leurs souvenirs dans une épuisante course contre la montre.
Contribuer au Projet Sifriaténou est, dès lors, pour moi à la fois un honneur et une grande joie : les belles rencontres ne doivent rien au hasard, telle est ma conviction !

Alban WILFERT
Diplômé en Histoire de l’université Paris I, j’ai soutenu en 2020 un mémoire de recherche sur le sujet « Le soldat et la chair. Réalités et représentations des sexualités militaires au long XVIIe siècle (1598-1715), entre viol et séduction ». Ce travail, qui m’a passionné, est à la croisée de l’histoire militaire et de l’histoire du genre qui figurent parmi mes plus grands centres d’intérêt.
Je garde un œil attentif sur l’actualité géopolitique comme historiographique. 
Souhaitant ne jamais cesser d’apprendre, je mets à profit mes connaissances dans une optique journalistique auprès de revues spécialisées. 
De même, j’espère ainsi enrichir le Projet Sifriaténou, qui représente pour moi l’occasion de découvrir comme de faire découvrir le monde juif à l’aune de ces prédilections.

 

Philippe ZARD
Philipe Zard:Photo

Professeur de Littérature Comparée à l’Université de Paris-Nanterre.
Si « le lyrisme est le développement d’une exclamation », selon le mot célèbre de Paul Valéry, la recherche universitaire n’est souvent que le développement d’une interrogation, dont il serait vain de nier les soubassements existentiels.
Il y a une grandeur dans la fidélité et une grandeur dans l’infidélité, une grandeur des traditions et une autre dans le geste qui s’en affranchit. La littérature n’aide sans doute pas à surmonter ces antinomies, mais parfois à en explorer les paradoxes. Mon premier livre, La Fiction de l’Occident. Thomas Mann, Franz Kafka, Albert Cohen (PUF, 1999, Collection Littératures européennes), explorait les tensions qui nourrissaient la culture européenne et la modernité occidentale, entre appartenance et désaffiliation, disponibilité à l’héritage et tentation de la table rase. Mon dernier ouvrage, De Shylock à Cinoc. Essai sur les judaïsmes apocryphes (Garnier, 2018, Collection Perspectives comparatistes), prolonge ce questionnement à travers l’examen de quelques métamorphoses de la « question juive » dans la littérature européenne, des variations dramatiques ou romanesques sur le « Juif charnel » (Shakespeare, Lessing, Joyce) à l’invention moderne de judéités de contrebande (de Kafka à Modiano).
Si, par là, ma réflexion se place partiellement sous les auspices du renouveau actuel des «études juives», je reste de ceux que gêne l’invocation intempérante de la notion d’«identité», dont il importe de réguler et de clarifier l’usage. La détermination de quelque « point J » m’intéresse moins que la manière dont se noue et se négocie, dans l’écriture, la rencontre entre européanité et judéité, les altérations et les secousses spécifiques qu’elle suscite… À tout prendre plutôt que par le point J, je serais intéressé par le « petit juif », ce nerf très sensible, situé au niveau du coude, qui provoque des décharges électriques quand on vient à le heurter. Et tout laisse à penser que l’Europe a périodiquement mal à son petit juif…