L’association Sifriaténou/Le Comité d’Orientation

L’Association Sifriaténou/Notre bibliothèque a été créée le 16 février 2021.
Elle a pour objet la gestion et l’administration du site d’accès libre et gratuit, Sifriaténou/Notre bibliothèque ; et,  le cas échéant, de toute autre sorte de publications ou de manifestations qui en découleraient,  qui se fixe pour projet de faire connaître l’existence juive par les livres et par les livres exclusivement.
Ce site réunit des rédacteurs bénévoles afin qu’ils constituent, dans un effort commun et solidaire, une bibliothèque virtuelle qui rassemble le plus grand nombre de recensions, de cours, de traductions inédites  ou d’explications de texte portant sur des livres jugés essentiels à la connaissance et à la compréhension de la civilisation juive.
C’est un projet résolument indépendant, collectif, non confessionnel, non lucratif, non sponsorisé.
L’activité de l’Association s’inscrit strictement dans le respect de la « Ligne éditoriale » telle qu’elle figure sur le site internet.
Pour faire fonctionner cette association, un Conseil d’administration d’effectif restreint se réunit régulièrement en assemblée et agit pour mettre en oeuvre le programme des activités de l’association.
Le Comité d’Orientation a pour vocation de garantir la qualité intellectuelle et morale des publications réalisées par l’Association.

COMITÉ D’ORIENTATION

Aurélie BARJONET
Maître de conférences en Littérature comparée à l’UVSQ depuis 2009
Directrice adjointe du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines en charge des relations internationales (Université Paris-Saclay)
.
La première littérature « sérieuse » que j’ai lue, vers l’âge de treize ans, était consacrée aux camps. Par quel miracle mes parents m’ont-ils laissé emprunter, voire acheter, ces livres ? Je l’ignore encore. Quoi qu’il en soit, après des études en France et en Allemagne, et une thèse sur la réception de Zola dans les cercles de gauche, je suis revenue à la littérature sur la Shoah par Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Ce grand roman, publié en 2006, et sur lequel j’ai co-organisé un colloque international à Jérusalem en 2009, a relancé mon intérêt pour la littérature de la Shoah, et en particulier la littérature des non-témoins à laquelle j’ai consacré un essai en 2022.
Je dois au Projet Sifriaténou la découverte de nombreux auteurs et je me réjouis donc aujourd’hui de mettre mon expertise au service de l’Association.

Georges-Marc BENAMOU
Écrivain, journaliste et réalisateur.
Ma jeunesse a été militante : Éclaireurs Israélites ; judaïsme communautaire et républicain ; militantisme universitaire à l’UEJF, l’aile gauche de la Communauté alors… Durant mes études, j’ai écrit mes premiers articles dans la presse juive, notamment dans L’Arche, sous la houlette bienveillante et talentueuse de Jacques Sabbath, puis de Roger Ascot. Tout en poursuivant ma carrière de journaliste ailleurs, hors de la communauté, au « Quotidien de Paris », aux « Nouvelles Littéraires », puis dans le mensuel « Globe » que j’ai créé, j’ai continué à entretenir des liens étroits avec le judaïsme.
Ce judaïsme moins communautaire, je l’ai vécu à travers mon amitié avec l’écrivain Albert Cohen ; la quête, dans les année 80 , de l’École Juive de New York qui me fit, entre autres, rencontrer le grand I.B. Singer ; ou la fréquentation d’anciens camarades du DEJJ et de l’UEJF, qui permirent d’approcher la pensée de Manitou… Voilà quelques fragments de mon itinéraire qui me font apprécier, et être honoré, de contribuer (modestement) à soutenir le travail de connaissance, et de savoirs, du Projet Sifriaténou.


Boris CZERNY
Professeur de Littérature et Civilisation Russes à l’Université de Caen
J’aurais voulu être psychiatre, mais il y avait déjà un médecin dans la famille, alors je suis allé à la recherche de mes origines.  Après un Capes de russe, j’ai décidé de poursuivre et de passer l’agrégation. Par peur de l’ennui et pour séduire mon épouse, j’ai écrit une thèse sur la littérature juive de langue russe. En 2000 je suis devenu maître de conférences à l’Université de Caen où j’officie depuis 2008 en tant que Professeur des Universités. Je dispense des cours de littérature russe, mais mon domaine de recherches porte essentiellement sur l’histoire et la culture des Juifs d’Ukraine et de Biélorussie aux XIXème et XXème siècles. Je ne me fixe pas de limites thématiques, je « voyage » entre les études sur le folklore, les transferts  culturels et la Shoah. J’ai pour projet la reconstitution du ghetto de Brest-Litovsk en retraçant les biographies des 17000 victimes juives.
Dès que j’ai pris connaissance du Projet Sifriaténou, il m’a semblé évident qu’une vaste entreprise d’échanges et de partages de connaissances sur le monde juif était en train de se mettre en place. Je me suis dit que je pourrais peut-être apporter ma contribution à cette entreprise qui, depuis, ne cesse de grandir de jour en jour. 


MAXIME DECOUT
Professeur de Littérature à Paris-Sorbonne Université
Je me suis intéressé aux relations entre littérature et judéité dès ma thèse consacrée à Albert Cohen, publiée sous le titre : Albert Cohen : les fictions de la judéité (Classiques-Garnier, 2011). C’est ce travail qui m’a ensuite amené à m’interroger sur la judéité chez d’autres auteurs, comme Perec, Gary, Modiano ou Cixous. Je me suis ainsi lancé dans une exploration plus vaste de cette question, à travers l’ensemble du XXème siècle, ce qui a abouti à la publication d’Écrire la judéité (Champ Vallon, 2015).
Depuis, j’ai continué ce travail en créant avec Nelly Wolf le séminaire Écrivains juifs de langue française et l’association Littérature et Judéité (LIEJ). J’ai été en charge de l’édition de La Disparition, des Revenentes et du Voyage d’hiver pour la publication des Oeuvres de Perec dans la Bibliothèque de la Pléiade (2017) et j’ai rédigé l’Album Romain Gary (Bibliothèque de la Pléiade, 2019).
C’est donc depuis cet angle d’approche spécifiquement littéraire que je me réjouis de contribuer au Projet Sifriaténou qui entre en résonance avec bien des préoccupations qui me sont propres.


Manuel DURAND-BARTHEZ
Conservateur général émérite
Conservateur général (ENSSIB, 1976), j’ai poursuivi deux « carrières » en parallèle : en sciences de l’information scientifique et technique d’une part (bibliométrie, propriété
industrielle), en littérature germanique d’autre part (Notamment une thèse sur la judéité en Autriche-Hongrie, 1995).
À l’âge de dix-neuf ans, en 1971, je découvre Vienne et Prague et tombe amoureux de la Mitteleuropa, ce monde multiforme, pluri-ethnique et d’une richesse spirituelle remarquable. Je participe aux activités de la Jura Soyfer Gesellschaft et de l’Internationaler Arbeitskreis Hermann Broch. Je poursuis à présent, en franc-tireur, mon activité littéraire, en explorant l’histoire de la Première Guerre mondiale et aussi en contribuant au Projet Sifriaténou.


David ENCAOUA
Professeur d’économie émérite à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne
Agrégé de mathématiques et docteur en Sciences économiques, j’ai passé la première partie de ma vie à enseigner et effectuer des recherches sur des thèmes variés qui me tenaient à cœur, tels que la théorie des jeux, la concurrence, l’innovation … 
Ma carrière  d’économiste a été rythmée par de nombreuses publications, des conférences, séjours et visites à l’étranger. Le dernier poste, que j’ai occupé pendant plus de vingt ans, a été celui de Professeur d’économie à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, où j’ai animé une équipe de recherche CNRS, dirigé une école doctorale et exercé la responsabilité scientifique d’un programme de recherche multidisciplinaire du CNRS.   
À présent, j’ai le loisir et le plaisir de retrouver, comme après une longue absence, la culture juive qui a alimenté toute mon enfance. Je revisite des textes fondamentaux d’un judaïsme, qui se nourrit d’un permanent questionnement en vue d’un perpétuel renouvellement de sens. Cela m’a conduit à prendre une part active au Projet Sifriaténou.


Simone GROSSMAN
Professeure de littérature française et québécoise à l’Université Bar Ilan (Tel Aviv).
J’ai d’abord travaillé sur le fantastique et l’écriture migrante, puis sur l’inscription de la judéité chez les écrivains contemporains francophones et anglophones juifs et non juifs de Montréal. Ainsi, au fil des congrès annuels des Études Juives Canadiennes, j’ai effectué des recherches sur Naïm Kattan et publié des articles sur Gérard Étienne, Pierre Lasry, Chantal Ringuet, Elaine Kalman-Naves et Magali Sauves.
Mes contributions à Sifriaténou visent à faire connaître en particulier des œuvres littéraires spécifiquement québécoises, produites dans un contexte socio-historique non européen mais participant pleinement de la littérature juive mondiale actuelle.
Le Projet Sifriaténou va dans le sens de l’unité du peuple juif et je me sens honorée d’en faire partie.
 


René GUTMAN
Grand Rabbin émérite de Strasbourg
Après quelques années d’apprentissage en Yéchivah à Jérusalem et de formation au Séminaire Rabbinique et à l’Université, j’ai exercé le métier de rabbin dans diverses villes françaises puis à Bruxelles.
J’ai eu ensuite le bonheur d’être le Grand Rabbin de Strasbourg durant trente ans (de 1987 à 2017). J’ai aimé travailler au sein de cette communauté alsacienne forte d’anciennes traditions et qui, tout en accueillant diverses composantes du judaïsme francophone, a su rester hospitalière et ouverte au dialogue avec les autres religions. Croire à la puissance de la parole vraie, sans rhétorique et sans diplomatie, n’empêche nullement d’entretenir et de nourrir, par des échanges sincères et approfondis, les relations inter-religieuses. À présent, résidant à Jérusalem, je me livre, autant que faire se peut, à l’étude que, tout au long de mon existence, je n’ai jamais délaissée, même quand mes missions pastorales me requéraient souvent avec urgence. Traduire, commenter, publier, partager, et bien sûr lire. Ainsi, c’est tout naturellement et bien volontiers que je me joins au Projet Sifriaténou que caractérisent l’amour des livres et la joie du partage dans un esprit de dialogue et d’échange.

Didier JOUAULT
Inspecteur Général émérite de l’Éducation Nationale
Deux mots, d’abord, des parcours : Agrégé de Lettres, titulaire d’un doctorat (sur les littératures africaines d’expression française), j’ai enseigné une quinzaine d’années, en lycée, à l’université, dans une « École Normale » (ancêtre de nos actuels INSPE). 
Puis, après quelques fonctions au ministère même, j’ai beaucoup aimé, pendant presque vingt ans, assumer la direction des services de l’Éducation nationale, dans plusieurs départements successifs – dont celui de Paris. Enfin, aboutissement délicieux, la fin de mon cheminement m’a conduit à l’Inspection générale de l’Éducation Nationale.
Tout au long de mes rencontres (dès le lycée Turgot, Paris 3 ème, à cette époque au coeur d’une importante population juive), de mes lectures, de mes visites et voyages, et grâce à de fortes communautés d’émotion et de partages constants avec de nombreux amis juifs ( majoritairement laïques), j’ai pris peu à peu la mesure – et le goût – de la littérature, de la culture juive.
Aussi, rejoindre le très beau projet  à la fois traditionnel et contemporain de la bibliothèque juive en ligne Sifriaténou, et y contribuer activement, est allé vraiment de soi. Parce que c’est une façon d’enseigner, de montrer, autrement dit de partager le meilleur. Parce que c’est également – et j’y attache une grande vigilance – valoriser sans cesse et sans agressivité la présence et la vie juives, pour continuer à écarter le pire, modestement.

Damien LABADIE
Chargé de recherche au CNRS (au laboratoire du Ciham UMR 5648, à Lyon) 
Président de la Société pour l’étude de la littérature apocryphe chrétienne (SELAC)
Chargé de recherche au CNRS (Ciham UMR 5648), à Lyon, j’ai bénéficié d’une solide formation en orientalisme à Paris et Louvain-la-Neuve. Ayant mené une thèse de doctorat sur l’histoire du culte du protomartyr Étienne au cours des six premiers siècles de notre ère, je travaille dans des domaines aussi divers que l’hagiologie, la patristique, les langues de l’Orient chrétien, ou encore la littérature apocryphe antique et médiévale. Membre de l’équipe de la Bibliothèque de Qumrân et enseignant d’hébreu biblique, je m’intéresse également à la philologie hébraïque, au judaïsme du Second Temple et aux rapports entre judaïsme et christianisme. Mes dernières recherches portent sur les littératures chrétiennes médiévales d’Afrique orientale, me spécialisant dans l’édition et la traduction de textes coptes, arabes, nubiens et éthiopiens.


Frédérique LEICHTER-FLACK
Professeur de Littérature à  Sciences-Po Paris
Professeure de littérature et humanités politiques à Sciences-Po, chercheuse au Centre d’Histoire de Sciences Po, agrégée de lettres, ancienne élève de l’ENS Ulm, je travaille sur des questions au croisement de l’histoire, de la littérature, et de la philosophie morale, en particulier sur les enjeux éthiques des récits. Je m’intéresse tout particulièrement aux littératures de témoignage et aux mémoires de la Shoah et du Goulag, à la question du jugement moral sur les acteurs de l’histoire, aux dilemmes moraux en situation extrême dans les camps ou dans les ghettos, mais aussi aux rapports entre sources bibliques et littérature, à l’éthique juive et aux modes de raisonnement talmudiques, dont la contribution aux débats contemporains me semble essentielle à valoriser, ou à la pensée du Mal dans le sillage du Livre de Job.

Serge NIÉMETZ
Traducteur
Normalien (Saint-Cloud), agrégé des Lettres, linguiste, j’ai enseigné et mené des recherches éclectiques en France et en Allemagne (Université de Kiel), puis j’ai servi l’Académie française durant seize ans comme chargé de mission. Biographe de Stefan Zweig, auteur de quelques articles, je me définis essentiellement comme traducteur ; c’est un métier et une passion depuis… plus de cinquante ans. Ma langue de prédilection est l’allemand, (où j’ai baigné de bonne heure, dans une culture prussienne, berlinoise, plutôt que viennoise). J’ai obtenu le Prix Gérard de Nerval en 2000 « à l’occasion de la publication de [ma] traduction du Juif Süss de Lion Feuchtwanger et pour l’ensemble de [mon] œuvre ». J’ai été ensuite membre du jury jusqu’en 2018.
Parmi les rencontres décisives, il y a celles qui m’ont conduit précocement à la rencontre du monde juif. Je ne suis juif que par mes descendants, non par mes ascendants.

Otto PFERSMANN
Directeur d’Études à l’EHESS
Professeur de philosophie du droit et de droit constitutionnel comparé, à Paris I puis Directeur d’études à l’EHESS, j’ai, dans tout mon parcours, si souvent rencontré les textes de la tradition juive, dans les domaines les plus divers : de la philosophie médiévale au rationalisme critique de Spinoza – auquel était en partie consacré ma thèse, de la pensée politico-juridique de Theodor Herzl au débat contemporain sur la nature du système juridique israélien, que l’occasion de contribuer modestement au magnifique Projet Sifriaténou m’a aussitôt enchanté.


Julie SAADA
Professeur de philosophie politique à  Sciences-Po Paris
Professeure de philosophie du droit à Sciences Po, où j’enseigne aussi la théorie politique, j’ai longtemps voulu me consacrer à la littérature, surtout aux littératures allemande, autrichienne et russe, fascinée que j’étais par l’Europe centrale et orientale. Mais j’ai finalement choisi d’étudier la philosophie : d’abord l’histoire de la philosophie moderne, les questions de liberté religieuse chez des auteurs comme Spinoza ou Bayle, puis, après l’agrégation de philosophie et dans le cadre d’un doctorat à l’ENS, l’histoire du droit des gens et le rôle du scepticisme dans les théories du droit naturel au XVIIème siècle.
Me tournant ensuite vers des débats contemporains ainsi que vers le droit international, j’ai consacré des travaux au droit et à l’éthique de la guerre, à la justice d’après-guerre, à la justice face aux crimes de masse ou plus largement aux questions que rencontrent les sociétés lorsqu’elles doivent faire face à leur propre passé violent. Depuis plusieurs années, je m’intéresse aussi aux courants juridiques critiques et au mouvement « droit et littérature ».
L’occasion de contribuer au Projet Sifriaténou me ravit, tant il est ouvert et donne l’occasion de nouvelles lectures.


Annette WIEVIORKA
Directrice de recherche émérite au CNRS
Enseignante en collège au lycée, puis Directrice de recherche au CNRS, j’ai consacré mes premiers travaux à la mémoire de la Shoah, avec la découverte notamment des Livres du Souvenir auxquels j’ai consacré un ouvrage avec I. Niborski. J’ai ensuite interrogé cette « mémoire » sous tous ses aspects : le témoin et le témoignage ;  les procès de Nuremberg et d’Adolf Eichmann ;  les mémoriaux…
J’ai conservé de « mes années chinoises » un vif intérêt pour le communisme qui m’a amené à l’étude des communistes juifs et à la réflexion sur le jeu des identités (Ils étaient juifs, résistants, communistes) et aux communistes tout court (Maurice et Jeannette. Biographie du couple Thorez).


Philippe ZARD 
Professeur de Littérature Comparée, Université de Paris-Nanterre 
Maître de conférences (HDR) en littérature comparée à l’Uuniversité de Paris-Nanterre, j’ai commencé par travailler sur l’idée d’Europe et la condition occidentale, pour y repérer la dynamique nourricière de la modernité : la tension entre fixations identitaires et ruptures généalogiques, héritage et désaffiliation, assignations collectives et logiques individualistes. C’est dans ce cadre que s’est inscrite ma réflexion sur la « question juive », à travers mes études sur les œuvres de Franz Kafka, Albert Cohen, Joseph Roth, Walter Benjamin, Georges Perec, Patrick Modiano, mais aussi de James Joyce, Thomas Mann ou même, plus en amont, Shakespeare ou Lessing. La détermination de quelque « point J » m’intéresse moins que la manière dont se nouent, se négocient ou se défont, dans l’écriture, la rencontre entre européanité et judéité, les altérations et les secousses spécifiques qu’elle suscite… À tout prendre plutôt que par le point J, je serais intéressé par le « petit juif », ce nerf sensible, situé au niveau du coude, qui provoque des décharges électriques quand on vient à le heurter : le Projet Sifriaténou a su toucher ce petit juif.