Le Projet Sifriaténou/Notre bibliothèque est simple : permettre à qui s’en donne la peine de découvrir quelques-uns des livres essentiels pour comprendre l’existence juive : des « livres juifs ».
Le Projet Sifriaténou n’est l’organe ou l’expression d’aucun parti, d’aucune institution ou d’aucune mouvance idéologique assignable.
Comme une bibliothèque, il accueille sans restriction tous les « livres juifs » de qualité, les oeuvres dites classiques de préférence, pour peu qu’ils donnent à réfléchir et à connaître.
Nous rassemblons des rédacteurs ou traducteurs bénévoles, de toute confession, de tout horizon politique, de toute formation.
Ce travail d’équipe qui vise à faire connaître l’existence juive par les livres, et par les livres exclusivement, n’est en aucune manière scientifique ; il se veut cependant pédagogique, plus que proprement journalistique ; ce qui ne veut pas dire pesant et cuistre. Le public (francophone) visé est le «common reader», le lecteur non-spécialiste.
Nous mettons, gratuitement, à la disposition des lecteurs, portant toujours et exclusivement sur des titres spécifiques, selon 8 formats :
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des traductions d’oeuvres brèves, assorties d’une introduction
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des cours rédigés portant sur un « livre juif »
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des explications de textes (littéraires, philosophiques…)
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des anthologies
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des notes de lecture
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des re-publication d’études, d’articles ou d’essais pourtant sur l’existence juive sélectionnés dans des revues francophones, libres de droit.
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et, principalement, des recensions ou présentations d’ouvrage, substantielles.
SIFRIATÉNOU/ספרייתנו
Livres juifs : à lire ou à relire
Clarification
Pour commencer, il nous faut reconnaître que l’expression «livre juif» semble une expression mal formée et ambiguë. Une opération de clarification est indispensable. Faut-il entendre par là :
1/ un livre dont on sait ou qu’on suppose avoir été écrit par un Juif?
2/ un livre à thème juif?
3/ un livre destiné aux Juifs?
La première acception, irrecevable en raison de son extrême limitation et de son impropriété évidente, n’a qu’un intérêt classificatoire anecdotique ou, pire, procéder d’un esprit d’inquisition.
La seconde a l’inconvénient d’être assez vague et incertaine et, par là, pauvre de sens. Car la culture juive s’est emparée de la plupart des questions posées à l’humanité et l’on serait bien en peine de dire en quoi, par exemple, l’exil, la persécution, l’humour, la foi, etc. seraient des thèmes qui recevraient un traitement spécifiquement juif.
Le troisième sens contredit à l’essence même d’un livre qui est de signifier pour tout lecteur et de s’adresser à chacun ; sans quoi, il ne serait pas voué à sortir de la sphère privée ou du cercle auquel il se destine. Il ne vaudrait pas d’être rendu public, d’accéder à la dignité du livre.
D’aucuns pourraient prétendre que la Torah serait le seul livre juif. Mais la Torah est-elle bien, dans une acception moderne, un livre? C’est un ensemble de textes certes ; à quoi s’ajoute la production de ses commentateurs (assez nombreux pour occuper plusieurs vies et remplir d’innombrables rayonnages) qui s’étale continûment suivant la chaîne d’une tradition bimillénaire. Mais c’est d’abord une parole à écouter, à cantiler, à méditer, à scruter, à interpréter, à discuter. On ne peut la lire sans en même temps l’étudier. Elle vaut autant par ses silences que par ce qu’elle dit, et davantage par son dire que par son dit. Et c’est à chaque Juif instruit, et, par procuration à des maîtres, à des autorités rabbiniques, qu’il revient de transmettre cette parole révélée à Moïse.
En outre (faut-il le rappeler?) la Torah n’est pas, à rigoureusement parler, un livre juif ; c’est une parole adressée à l’humanité tout entière et la vocation d’Israël est de l’avoir acceptée comme Loi au pied du Mont Sinaï (de plus ou moins bon gré – voir Talmud de Babylone, Traité Chabbat 88a.
L’oubli de la tradition juive
Les livres juifs, telle que nous l’entendons en une quatrième acception, ont une autre vocation et une autre nécessité. Ils naissent sinon par contingence, du moins à la faveur d’un moment historique bien spécifique : le moment où le peuple juif s’est dissocié de la Torah, où, après avoir été exilé de sa terre, il a vécu à l’heure des nations.
En effet, dans sa grande majorité, le Juif moderne, en Europe, sécularisé généralement de son plein gré et dans une libre aspiration à la culture commune, s’est arraché à cette culture ancestrale, essentiellement transmise par des enseignements oraux. Il est sorti des cercles communautaires où son existence diasporique jusqu’alors se déployait et se structurait. Il s’est coupé, depuis la fin du XVIIIème siècle, des sources juives qu’il a fini par méconnaître, ignorer, voire mépriser. La destruction massive des communautés juives d’Europe puis le déracinement des Juifs orientaux ont, de manière tragique, accentué et précipité ce mouvement d’oubli et de déshérence. Et malgré la renaissance de l’État d’Israël, nombreux dans le monde sont les Juifs qui ne maîtrisent pas la langue hébraïque et ne se font qu’une idée vague et simpliste de leur tradition. La Torah a été, en grande partie, oubliée. Elle a cessé d’être l’élément où évolue et s’épanouit la vie du peuple juif.
La traduction, la transmission
Cependant, depuis le début du XXème siècle, nombre de penseurs, de savants (Hermann Cohen, Martin Buber, Franz Rosenzweig, Léon Dubnov, Gershom Scholem, Leo Strauss pour ne citer que quelques noms illustres), bien qu’ils fussent formés aux questionnements philosophiques les plus exigeants de la culture européenne, ont cherché dans les textes de la Tradition comme dans l’histoire de leur peuple, de quoi nourrir une réflexion vivante et trouver des réponses aux questions de leur temps. Refusant les mirages de l’assimilation et les tièdes accommodations avec l’esprit du temps, ils furent des passeurs, des éclaireurs, des traducteurs chargés de redécouvrir et de transmettre dans les langues européennes quelque chose de la lumière juive qui s’était perdue.
Après la Shoah, sur les traces de ces pionniers, se levèrent de nouveaux médiateurs. Jacob Gordin, André Néher, Emmanuel Lévinas, Léon Askénazi, Léon Poliakov pour se borner à quelques exemples français de l’après-guerre, prirent leur relais, et plus généralement tentèrent de sauvegarder la mémoire juive. Ils ont écrit des ouvrages qui rayonnaient bien au-delà des cercles communautaires ; ils se sont adressés à ceux qui ignoraient tout du Talmud, du Midrach, de Rachi…
Sur le plan littéraire, la littérature yiddish puis israélienne, les récits de Kafka, d’Agnon, d’Élie Wiesel, d’André Schwartz-Bart, et même ceux d’un Saul Bellow, d’un Philip Roth ou d’un Georges Perec ou d’un Patrick Modiano… n’ont pas été des repères moins importants pour entretenir un foyer de questionnement juif. Si avant l’émancipation des Juifs les savoirs profanes, entendus au sens large, et notamment la littérature, ont pu être considérées comme « extérieurs » à la Torah, voire comme des obstacles à son acquisition, désormais c’est tout le contraire. Ces livres «juifs», profanes sans aucun doute et écrits dans les langues des nations, tissent des liens avec le Peuple juif, son exil, ses malheurs, son histoire. Ils peuvent même ouvrir des chemins vers le monde de la Torah.
Un livre juif serait donc celui qui (À l’heure des nations) se nourrit d’un lien dénoué à la Bible juive (Torah), au peuple juif en exil (Galoute) et à sa terre (Israël). Même le projet nazi qui entendait régler définitivement la question juive (Shoah), bien qu’il se soit en partie accompli, n’est pas parvenu à briser définitivement ce lien. Celui-ci peut être objectif ou pas, explicite ou non, solide ou ténu, vécu ou imaginaire, affirmé ou souterrain, proche ou lointain, direct ou oblique… Ce lien est une question plus qu’une racine.
Recenser, enseigner et traduire
C’est l’objectif de ce site littéraire que de contribuer à rassembler, à collecter ces voix disparates et de s’en faire l’écho, sans prétendre à une impossible exhaustivité.
Dans l’esprit d’une libre circulation des idées et des représentations, d’un partage sans exclusive de références multiples, nous nous proposons de donner un aperçu de travaux académiques ou d’essais (histoire, archéologie, linguistique, sociologie, anthropologie, philosophie, exégèse, pensée juive …) mais aussi d’oeuvres littéraires (recueils de poèmes, romans, autobiographies…), de livres juifs au sens que nous donnons à ce terme.
Sept formats
Nous ne publions pas d’études thématiques, d’essais, de chroniques, de tribunes, d’articles portant sur l’actualité, de prises de position, de lectures exégétiques, de sermons… Dans une perspective résolument enseignante, nous privilégierons les oeuvres classiques ou appelées à le devenir, les travaux de référence portant sur des sujets vitaux pour la vie intellectuelle, qui font autorité dans la communauté des savants ; nous aimerons parler d’ouvrages de qualité, publiés en France mais aussi, autant que possible, en Europe, aux États-Unis et en Israël (le repli géographique étant, de manière générale, nuisible à la perspicacité) ; d’ouvrages assez récents parfois mais bien sûr, plus souvent, anciens -l’actualité d’un livre n’étant pas liée à sa date de publication mais à sa pertinence et sa valeur durable.
Libre à chacun
par la suite d’étudier ce qu’il jugera nécessaire d’approfondir dans un cadre institutionnel ou non, de son choix (la Synagogue, le Séminaire Rabbinique, la Yechivah, les cercles d’études, séminaires privés ou liés à des institutions ou associations, l’Université, la famille, les amis…).
Bonjour Monsieur Brami, Permettez-moi de répondre à vos questions. Tout d’abord, votre nom, « Brami, » est une forme abrégée du nom…
[…] Philosophe hégélien « de gauche », journaliste, féru de sciences et même quelque peu scientiste, darwinien et polygéniste, singulièrement…
[…] être raciste il donne par trop dans l’opposition entre les Sémites et les « Indogermains », Moses Hess, ce…
Merci !
Analyse éclairante sur le conflit qui perdure malheureusement.