NOTE DE LECTURE

Olga TOKARCZUK, Les Livres de Jakob :  ou Le grand voyage à travers sept frontières, cinq langues, trois grandes religions et d’autres moindres…, Titre original : Ksiegi Jakubowe, Traduit du polonais par M. Laurent, Paris, Noir Blanc, 2018.

Dans un gigantesque roman fleuve de presque mille pages, la lauréate polonaise du prix Nobel de littérature, Olga Tokarczuk va à la rencontre de la figure messianique de Jakob Frank, successeur spirituel de Sabbataï Tsvi le célèbre pseudo-messie turc.
À travers l’histoire de Frank et de sa communauté de « vrais-croyants », c’est une fresque de toute la Pologne du XVIIIéme siècle qui se déroule devant nos yeux. Membres du clergé catholique, rabbins, nobles, et bien sûr ces hérétiques, plus vraiment juifs mais qui ne deviennent jamais complètement chrétiens, tous sont les acteurs de cette Pologne aussi multiculturelle qu’intolérante envers la différence, que celle-ci soit religieuse ou ethnique.
D’une précision historique très rigoureuse (pour une romancière), Olga Tokarczuk raconte un monde disparu, avec ses marchands, ses mystiques, ses grands nobles, ces contes pour enfants, ses chemins boueux et ses palais somptueux, mais surtout ses espoirs et ses déceptions.
Les Livres de Jakob fait partie de ces rares œuvres qui arrivent à percer une brèche, fût-elle minuscule, dans la muraille du Temps, pour nous laisser entrevoir un passé, peut-être fantasmé, mais certainement digne de l’être.

Thomas-Ytzhak de Almeida