Mémoire du ghetto de Minsk

par Alena Lapatniova


Hanna KRASNAPIORKA, Lettres de ma mémoire, Traduit du biélorussien par Alena Lapatniova, Sous la direction éditoriale de Virginie Symaniec, Les Essarts Le roi, Le Ver à Soie, 2020.



La douloureuse mémoire juive de la Biélorussie émerge d’un long silence. Les Lettres de ma mémoire de Hanna Krasnapiorka ont contribué à le briser. Cette oeuvre-témoignage évoque la vie quotidienne dans le ghetto de Minsk, dès les premiers jours de sa création en juillet 1941 jusqu’à sa liquidation en octobre 1943. Sa publication s’inscrit dans la lutte pour la mémoire de la Shoah en Union Soviétique en général, et en Biélorussie en particulier.

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Ce « récit de non-fiction », comme le caractérise son auteur, est paru à Minsk en Biélorussie pour la première fois en 1984, soit plus de quarante ans après les événements qui y sont narrés. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour qu’il vienne au jour?
Il est nécessaire, pour répondre à cette question, de prendre en considération la situation idéologique de l’Union Soviétique qui, sans même attendre la fin de la Grande Guerre Patriotique, a continûment nié la singularité juive de la Shoah. Les autorités effacèrent soigneusement des commémorations officielles toute mention du sort particulier que les nazis avaient réservé aux citoyens juifs soviétiques. Seul pouvait être évoqué un «peuple soviétique», à la fois unique victime de l’agression nazie et unique vainqueur. 

Par là, l’histoire qui a rendu possible la réception d’une oeuvre telle que Les Lettres de ma mémoire est elle-même digne d’intérêt.
Annie Epelboin et Assia Kovriguina, dans leur essai sur La Littérature des ravins ont indiqué dans quelle condition la mémoire juive a été étouffée, censurée, reconfigurée, déformée puis finalement effacée ; dès lors, il fallut beaucoup de courage à ceux qui se mobilisèrent pour déchirer ce voile épais jeté sur la souffrance juive. 
Faut-il rappeler que le célèbre Livre noir, le recueil des témoignages de la Shoah dans les territoires occupés par les nazis, rédigé à la même époque sous la direction d’Ilya Ehrenbourg et de Vassili Grossman sous l’égide du Comité antifasciste juif, fut également interdit de publication en 1947 dans sa version russe en Union soviétique ? Des versions partielles furent publiées en 1946 aux États-Unis et en Roumanie, mais il fallut attendre 1993 pour qu’une version en langue russe parût à Vilnius. 

Hanna 

Hanna avec sa mère et sa soeur cadette/1930/Minsk

À l’époque où se déroulent les faits, Hanna Krasnapiorka a entre quinze et dix-sept ans. Née le 10 septembre 1925 à Minsk, elle a reçu une éducation soviétique des plus classiques. À partir du 3 juillet 1941, elle se retrouve assignée à résidence par décret dans le ghetto juif de Minsk avec sa mère et sa sœur. Toutes les trois parviendront pourtant à fuir fin 1942 et à rejoindre les partisans au sein du détachement de Vladimir Tikhomirov. Sa mère sera le médecin du détachement où Hanna deviendra infirmière. En avril 1943, Hanna est évacuée avec un groupe de blessés à Moscou. Elle ne reviendra dans sa ville natale qu’à la Libération, en 1944. Hanna y commence alors des études de journalisme, puis travaille d’abord dans une revue de la région de Baranavitchy avant d’intégrer, entre 1951 et 1980, la revue minsk oise : Le pionnier de Biélorussie. Mariée à l’écrivain et journaliste Vladimir Mékhov (Nekhamkine) et, bien qu’elle ait été totalement immergée dans la vie intellectuelle de la capitale biélorusse, elle reste néanmoins une « femme de… », jusqu’à la parution de son recueil de nouvelles sur les partisans en 1976, et jusqu’à celle, en 1984, de Lettres de ma mémoire. Elle côtoie les plus grands écrivains biélorussianophones ou russophones de sa génération en Biélorussie comme Ouladzimir Karatkevitch (1930-1984), Ales Adamovitch (1927-1994) ou Vassil Bykaù (1924-2003).
Tous ont traversé la guerre et tous ont assisté aux meurtres de masse qui ont transformé leur pays en ces Terres de sang qu’a, depuis, explorées l’historien Thimothy Snyder.

Tous, dans leurs écrits, n’ont cessé d’en rendre compte. À l’orée des années 1980, ces survivants – qu’ils soient russes, biélorussiens ou juifs –, font déjà partie de la génération dite des « soixantards » – les « chestidessiatniki » en russe –, fondatrice du vaste mouvement littéraire qui va ensuite accompagner la Glasnost et la Pérestroïka. Ce mouvement littéraire comprend aussi bien les œuvres sur la paysannerie biélorussianophone de Vassil Bykaù (1924-2003), les récits de résistance sur la sale guerre d’Ales Adamovitch (1927-1994), les blessures infligées aux femmes recueillies par Svetlana Alexievitch, lauréate du Prix Nobel de littérature en 2015, que l’extermination des Juifs de Biélorussie narrée par Hanna Krasnapiorka (1925-2000).
Tous ces récits dits de « non-fiction », qu’on dénomme également aujourd’hui « romans de voix », ont la particularité, au-delà de leur style documentaire et documenté, de refuser en bloc l’histoire officielle telle qu’elle a été narrée par les autorités soviétiques. Ils s’organisent autour de représentations historiques du passé plus personnelles, voire intimes, du moins émotionnelles, où les auteurs n’hésitent plus à dire « je » et à replacer l’humain au centre du propos. Pour eux, l’authenticité de la mémoire et du vécu doit être opposée aux falsifications d’une Histoire officielle inféodée à l’idéologie, à la propagande d’État, et appuyée sur le mensonge aussi bien par omission que par commission. Hanna Krasnapiorka appartient pleinement à ce mouvement et, dans ce témoignage, chaque détail compte, y compris ceux qui ont marqué l’histoire même de sa publication.

Parcours d’un tapuscrit 

Journaliste, Hanna Krasnapiorka s’était souvent préoccupée de sujets relatifs à la guerre et aux partisans. Son travail sur Lettres de ma mémoire commence par la collecte de nombreux autres témoignages ainsi que de journaux intimes auprès des survivants du ghetto. Elle achève la rédaction de son tapuscrit en 1979. Le monde des éditeurs minskois étant également celui de ses amis, Hanna semble n’avoir a priori que l’embarras du choix pour leur présenter son texte. Pourtant, ni elle ni son mari ne se bercent d’illusions quant à ses possibilités réelles de publication. 
Le tapuscrit est d’abord déposé chez une grande maison d’édition biélorussienne spécialisée en littérature. Son rédacteur, un ami de la famille, remise le texte dans un tiroir et avoue au mari de Hanna : « Tu comprends bien, ce livre ne peut pas être édité… ». Ne recevant aucune réponse pendant plus d’un an, Hanna tente d’envoyer son texte à une autre maison d’édition puis, perdant patience, exige auprès du premier éditeur qu’on suive la procédure normale de sélection des tapuscrits. Le texte est donc enfin envoyé pour avis à un « recenseur interne ». Iaùhen Letska est un écrivain et critique littéraire connu pour sa sensibilité biélorussianophone. Dans un contexte qui s’avère fortement défavorable à tout témoignage et où règne le pire des conformismes, il a le courage d’approuver la publication en affirmant que, ne pas éditer ce texte constituerait un véritable crime. Aujourd’hui, lorsqu’on l’interroge sur son geste, cet homme héroïque explique n’avoir fait que son travail. 
La machine fut ainsi lancée. En tant que texte traitant de la guerre, le tapuscrit fut envoyé pour avis supplémentaire à l’Institut d’histoire de l’Académie des sciences de Biélorussie. Une fois encore, le texte tomba entre les mains d’une autre personne extraordinaire. Anna Koupréièva est alors la seule historienne à mener des recherches sur le ghetto de Minsk. N’ayant jamais pu publier intégralement ses propres travaux, elle donne un avis très favorable pour la publication des Lettres qui voient finalement le jour en 1984, à Minsk, chez Mastatskaïa Literatoura. D’abord imprimé à 12 000 exemplaires qui se vendent en quelques jours, le texte est ensuite réédité à plus d’un million d’exemplaires en 1989 dans la revue littéraire soviétique LAmitié des peuples et préfacé par l’auteur biélorussianophone Vassil Bykaù. Il créé ainsi l’événement, en particulier dans le milieu juif soviétique. Une version raccourcie sortira également en yiddish, à Moscou, dans Sovietish Heymland. Depuis, ce livre fut édité quatre fois en Allemagne où le nom de Hanna est également devenu celui d’un prix qui récompense ceux qui oeuvrent au développement des relations pacifiques entre la Biélorussie et l’Allemagne.

Raconter la guerre autrement

Ce témoignage ne se conforme pas à la version de l’histoire imposée par le Parti et contredit son auto-célébration. Il oppose à une fabrication factice la véracité nue des témoignages
Le texte des Lettres débute peu après le 22 juin 1941, date à laquelle l’opération Barberousse est lancée et le sanglant « front de l’Est », ouvert. Il offre un tableau qui est loin de l’image officielle héroïque que la propagande communiste s’est efforcée de donner ultérieurement : les habitants de Minsk ne formaient pas une population unie et mobilisée ; dans une ville en ruine et en flammes, ils vivent en plein chaos et dans le plus complet désarroi. Les autorités soviétiques ont fui la ville sans même avoir cherché à organiser l’évacuation de la population.
À Minsk, ce sont  270 000 personnes, dont 80 000 recensées comme étant de nationalité juive, qui se retrouvent ainsi livrées à elles-mêmes face à ce que les historiens de la Seconde Guerre mondiale décrivent comme la plus grande invasion de l’histoire militaire du XXème siècle.
Tandis que la guerre est déclarée depuis le 22 juin, les gens se rendent encore normalement au travail et les hommes ne sont mobilisés qu’au soir du 23. Les bombardements sur Minsk commencent le 24 juin et durent toute la journée. Les autorités soviétiques n’ont d’autre souci plus urgent que de faire sortir de Minsk l’argent de la banque centrale, les archives du Parti, ainsi que les membres du gouvernement, du Parti, du NKVD, de la police et de l’Armée rouge – mobilisés compris. Jusqu’à l’entrée des Allemands dans Minsk le 28 juin, la ville vit sous des bombardements incessants. 

Minsk, au centre de la Biélorussie

Dans un contexte où on ne trouve déjà plus aucun homme en âge de se battre dans la ville, rien ne semble plus pouvoir faire obstacle à l’expression de la cruauté la plus terrifiante. Les civils qui n’ont pas pu fuir sont essentiellement des vieillards, des femmes et des enfants. Hanna décrit ces artisans, intellectuels ou femmes médecins : ce sont des êtres policés et extrêmement éduqués ; de ce fait, ils ne disposent d’aucun moyen de concevoir ou d’imaginer la barbarie à laquelle les occupants vont se livrer et se trouvent désarmés face à ce déferlement d’intense violence.
On comprend, en lisant ce témoignage, que les autorités soviétiques ne font pas le moindre effort pour sauver leurs citoyens juifs. Même les partisans, qui pourtant profitent du ghetto pour se procurer des médicaments et des vêtements, n’acceptent que des jeunes capables de se battre et possédant des armes. Ils abandonnent – cruel constat – tous les autres à leur triste sort.
En trois années d’occupation, les nazis construisent 340 ghettos et 260 camps de la mort en Biélorussie. On compte aujourd’hui que deux à trois millions de personnes furent tuées au cours de ces trois années à l’échelle du territoire, dont 600 000 à 800 000 Juifs. L’ordre de création du ghetto de Minsk fut promulgué par les Allemands le 20 juillet 1941. Près de 80 000 Juifs biélorussiens y furent enfermés, auxquels il convient d’ajouter près de 20 000 Juifs étrangers – notamment les Juifs de Hambourg, placés dans le Sonderghetto, séparé du reste du ghetto de Minsk par un barbelé. Lettres de ma mémoire se présente donc aussi comme un témoignage inédit en français sur ce qui fut l’un des ghettos les plus importants d’Europe. 
Les Juifs, de Biélorussie ou étrangers, étaient tués sur place, ou  dans d’autres sites dédiés aux exécutions autour de la ville, ou encore amenés dans des camions à gaz pour être ensuite incinérés au camp d’extermination de Maly Trastsianièts. Situé à dix kilomètres de Minsk, il fut le camp de la mort le plus important de Biélorussie et le quatrième d’Europe en nombre de victimes après Auschwitz, Treblinka et Maidanek. Le ghetto de Minsk fut, quant à lui, détruit le 21 octobre 1943. Sa liquidation fut précédée par les trois grandes rafles décrites dans ce livre. Les chiffres divergent selon les sources : seuls 2000 à 5000 Juifs auraient survécu sur les 100 000 enfermés dans le ghetto de Minsk à partir de juillet 1941. 
Sur cet ensemble de meurtres de masse, le silence est longtemps resté la règle. Cette occultation résulte, d’une part, des opérations Sonderaktion 1005 menées pour en effacer toute trace et, d’autre part, du refus constant des autorités soviétiques de reconnaitre la Shoah.

Mémorial de la Yama/Minsk

Telle une unique exception à la loi du silence sur la Shoah, l’obélisque de marbre noir érigé en 1947 sur le Mémorial de la Yama (« la Fosse »). Là furent exécutés 5000 Juifs du ghetto de Minsk. Ce fut le seul monument officiel de l’Union soviétique qui perpétuait le souvenir des victime juives. Son inscription en yiddish et en russe désigne en effet les Juifs comme victimes du génocide… mais ses auteurs seront bientôt condamnés à dix ans de Goulag.
Tout le temps que dura l’URSS, c’est le seul mémorial de Khatyn, érigé au Nord-est de Minsk en souvenir des massacres perpétrés par les nazis, que les autorités soviétiques déclarent « mémorial national » de guerre, en 1969 ; le seul que l’historiographie officielle soviétique mettra en valeur. Le mur de la mémoire rendait alors hommage à 260 lieux d’exécutions de masse en Biélorussie, sans que les Juifs soient jamais nommés en tant que tels. Par exemple, une plaque commémorative évoque « le camp de concentration des rues Respoublikanskaïa, Chornaïa, Kalgasnaïa et Niamiha, où ont péri 80 000 personnes ». Jamais les mots « ghetto » ou « Juifs » ne sont alors prononcés.

Mémorial de Khatyn


À cette occultation du nom juif, l’oeuvre de Hanna Krasnapiorka offre un démenti cinglant

Une triple disparition 

Les lecteurs des Lettres… de Hanna ont désormais accès au récit d’une triple disparition : celle de la Minsk d’avant-guerre ; celle d’un ghetto et de sa population, celle d’une culture juive. Tout, aujourd’hui, a presque intégralement été éradiqué : la ville reconstruite après-guerre est en effet totalement décentrée, comme si la violence subie était allée jusqu’à en déplacer l’axe et les points cardinaux. Son ancien cœur est entièrement détruit et enseveli. Et tandis qu’ont disparu les Juifs  qui formaient entre 50 et 90 % de la population dans certaines villes et villages d’avant-guerre en Biélorussie ; tandis qu’il ne reste aujourd’hui que guère plus de dix mille Juifs dans ce pays,  Lettres de ma mémoire se présente d’emblée comme un témoignage historique précieux : la déambulation que nous offre Hanna dans les méandres de sa mémoire meurtrie par l’horreur fait constamment écho à une errance dans les rues de Minsk qui permet de reconstituer, au fil de la circularité des déplacements décrits, une cartographie de la ville et du ghetto d’avant le constat de leur destruction quasi-totale en 1944. 
« Qu’avaient-ils fait de notre ville! Des trous béants noirs sans fenêtre, une odeur permanente de brûlé. J’avais l’impression qu’oublier l’image de notre maison, de notre ruelle, de notre cour, de tous les gens avec lesquels j’avais passé mon enfance, c’était trahir », p. 54.

Minsk en ruine

Dans son texte, le Minsk d’avant-guerre renaît avec ses vieux quartiers, ses rues, ses passages, ses caches. 
Sous une forme rhapsodique, cousant ensemble divers extraits de journaux, de lettres, de souvenirs personnels, l’auteur a composé, avec art, un texte dense qui s’organise en un enchaînement (il faudrait dire un « déchaînement ») de scènes de vie et d’événements, un kaléidoscope de visages et de destins.
Est-ce un témoignage sur la mort et la barbarie ? Oui sans doute, la mort violente et absurde est omniprésente dans ces pages ensanglantées mais Lettres de ma mémoire sont aussi et surtout un témoignage sur la vie et sur l’humanité que les gens du ghetto ont espérée et qu’ils ont fait éclore dans des conditions absolument inhumaines. 
Est-ce un livre sur les Juifs ? Oui, mais c’est aussi un livre sur les non-Juifs qui vivaient parfois à quelques mètres du ghetto, qui ont tout vu, tout entendu ; sur ceux qui ont aidé au risque de leur vie comme sur ceux qui ont refusé d’ouvrir leur porte, sur ceux qui ont trahi et ceux qui n’ont écouté que leur coeur généreux, sur ceux enfin qui ont vécu en se taisant pour le reste de leurs jours. 

Chagall/Jacob pleurant sur la tunique de Joseph/1931

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Les Lettres… de Hanna étaient à ce jour restées totalement inédites en France où on a longtemps manqué de traducteurs du biélorussien. Ce document original du fait même de sa langue d’écriture devait donc être enfin traduit. En effet, le biélorussien ne doit plus être aujourd’hui un obstacle à la connaissance d’une Histoire qui nous concerne tous. Même si nombre d’historiens ont répété à l’envi depuis 1944 que la Biélorussie est « un pays méconnu » et que Minsk serait « comme par nature » une ville calme, provinciale et sans Histoire, le récit de Hanna fait partie de ceux qui fondent, à de nouveaux frais, l’histoire de la Biélorussie contemporaine tout en permettant de reconstituer la géographie des massacres qu’ont dessinée les grandes puissances au XXème siècle en Europe.
Depuis la fin des années 1980 en effet, les documents d’archives montrent que Minsk et sa banlieue furent le terrain de tueries qui touchèrent tantôt les populations que le pacte germano-soviétique avait permis d’inclure dans les frontières de l’URSS entre 1939 et 1941, tantôt les Juifs, les civils et les prisonniers de guerre que les nazis allaient trouver sur leur chemin après la rupture du pacte en 1941. L’ouverture des charniers et les révélations des autorités soviétiques ont depuis permis de rétablir la vérité sur certaines responsabilités, comme de comprendre l’ampleur des exactions ainsi que les falsifications qui les ont accompagnées. Et à dater de 2006, l’Association Mémorial comptait que, si 2 230 000 personnes ont été assassinées pendant la Seconde Guerre mondiale en Biélorussie, plus d’un million a été massacré dans la seule ville de Minsk et ses faubourgs entre 1937 et 1950. 
Cela peut expliquer pourquoi le silence y est encore souvent, de nos jours, d’une nature et d’une qualité très particulières.


Indications bibliographiques

Annie Epelboin, Assia Kovriguina, La littérature des ravins, préface de Catherine Coquio, Paris, Robert Laffont, 2013.
Une bonne recension brève par M. Enaudeau, « Annie Epelboin et Assia Kovriguina, La littérature des ravins », Témoigner. Entre histoire et mémoire, N°117, 2014, p.135-137.

Timothy Snyder, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Gallimard, 2012.
Une excellente synthèse par A. Roche, « Timothy Snyder, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline », Témoigner. Entre histoire et mémoire, N° 116,  2013, p.108-113.