À la recherche d’un monde perdu
par Claire Leibovich
André ACIMAN, Adieu Alexandrie (1994), Titre original : Out of Egypt, Traduit de l’anglais (États-Unis) par B. Turle, Paris, Flammarion, 2011.
Article réalisé dans le cadre du Projet ‘Jeunes rédacteurs » initié par l’Association Sifriaténou en 2024 . Avec le soutien de nos donateurs, de la FJF et de la FMS.
Ce n’est pas le passage du temps qui a provoqué l’extinction des communautés juives d’Égypte ; elle est le résultat d’une politique antisémite identifiant les Juifs à des parasites de la nation égyptienne. La campagne anti-juive menée par le général Gamal Abdel Nasser aboutit à leur expulsion d’Égypte et leur départ massif après la crise du canal de Suez en 1956.
Ainsi, dans Adieu Alexandrie, c’est un monde pas exactement « disparu », mais bel et bien perdu, effacé, que dépeint André Aciman. Dans ce texte moitié mémoires, moitié roman, il se demande ce qu’il peut rester d’un monde après sa perte. Mais surtout, Adieu Alexandrie s’interroge sur l’identité juive en tant que continuel déplacement : qui suis-je, moi qui vis d’exil en exil, moi qui existe toujours entre deux exils
Une fresque familiale
Adieu Alexandrie est d’abord l’histoire d’une famille juive sépharade (celle du narrateur-Aciman), installée à Alexandrie après leur départ de Constantinople (aujourd’hui Istanbul) en 1905. Ces personnages ne sortent pas indemnes des grands conflits et exils qu’ils traversent au cours du XXème siècle : les deux guerres mondiales, la crise du canal de Suez, et finalement leur expulsion d’Égypte.
Le romancier décrit quatre générations d’une famille dysfonctionnelle qui se déchire de l’intérieur, dont les membres se jugent, se maltraitent, et parfois même se détestent secrètement ou ouvertement. Ainsi, la grand-mère paternelle du narrateur et sa fratrie se disputent tout au long du roman et de leurs vies. Ensemble, ils n’acceptent qu’à contre-cœur et force récriminations la mère du narrateur car celle-ci est sourde, et excluent son grand-père maternel car celui-ci est juif arabe originaire d’Alep en Syrie.
Quant à leurs ménages, ils sont souvent malheureux. Les hommes sont présentés comme des prédateurs sexuels qui trompent leurs femmes de manière incessante. De leur côté, les femmes se résignent amèrement, quelquefois s’épanchent en cris et scènes de ménage, finissent par détester cruellement leurs maris, et parfois mènent leurs propres aventures extra-conjugales.
Finalement, les tensions interfamiliales dépeintes dans Adieu Alexandrie reflètent une société gangrénée par la peur de l’autre et la sujétion des femmes, mais aussi une vie juive marquée par les recommencements et un esprit de survie. Ainsi, malgré l’effet d’étouffement et l’irritation constante de rester attaché à cette famille chaotique, faire cause commune n’est pas tellement, ou seulement, une affaire d’amour filial. Rester ensemble, faire nombre apporte à ces Juifs un sentiment de réconfort et de sécurité contre les conflits, attaques antisémites, expropriations et expulsions dont ils seront, ainsi le prévoient-ils fatalement, victimes au cours de leur vie.
Le narrateur, encore enfant, manifeste lui-même cette ambivalence de sentiments envers sa famille, notamment lorsque, lors des couvre-feux quotidiens à Alexandrie durant la crise du canal de Suez, toute la famille paternelle se réfugie dans le vaste appartement de l’arrière-grand-mère. Alors que le conflit est terminé et que chacun quitte l’appartement familial pour rentrer chez soi, le narrateur ressent le manque de cette ambiance ouatée et peuplée de visages familiers où, « [a]ssis tranquillement près de mes parents, de mes cousins, de mes oncles et de mes tantes, leurs jambes collées aux miennes, j’avais conscience que, même si je les détestais presque tous, il faisait bon être avec eux, observer et être observé, baigné dans le brouhaha de l’heure du thé », p.219. Au final, bien des années plus tard, guéri des conflits familiaux et chicaneries du quotidien, c’est ce désir de proximité et d’intimité qui prévaut chez le narrateur lorsqu’il rend visite à tante Flora, qui vit seule désormais dans un minuscule appartement à Venise : « […] j’aurais voulu qu’ils fussent là avec moi tous réunis dans le même foyer, dans la même rue, dans la même ville, dans le même monde », p.109.
Une comédie humaine
Au-delà du regard intransigeant qu’il porte sur sa famille, le narrateur décrit comment celle-ci interagit avec le monde extérieur, offrant une critique douce-amère de la société alexandrine cosmopolite de la première moitié du XXème siècle dont les différentes communautés se côtoient, s’attirent et se rejettent mutuellement.
Ainsi, son récit expose une hiérarchie sociale organisée à l’intersection de critères ethniques, nationaux, religieux, et socio-économiques. En haut de cette échelle sociale se trouvent les Britanniques, force occupante de l’Égypte jusqu’en 1954, puis les Français et les Italiens. Les Grecs, Arméniens, Chrétiens Syriens ou Libanais, Coptes, et Juifs, sont des minorités plus ou moins considérées selon leurs moyens économiques individuels. En bas de l’échelle sociale se trouvent les Juifs arabes ou miséreux, et les Égyptiens et Arabes musulmans sans moyen.
Cet échiquier complexe se met en scène par exemple lors du bal que la famille paternelle organise pour le centenaire de l’arrière-grand-mère du narrateur. Les grands-parents maternels ne sont pas invités aux festivités car, encore une fois, le grand-père est juif arabe. Des années plus tard, lorsque le narrateur demande des explications à sa grand-mère paternelle, celle-ci lui répond avec irritation : « Personne n’avait jamais songé un instant à inviter des Juifs arabes, hormis le rabbin du Caire, qui était juif égyptien », p.155. Sauf exception donc, le Juif arabe se retrouve tout en bas de l’échelle sociale, et même sa situation financière ne saurait changer ce statut inférieur.
Ces subtilités pourraient paraître obscures et même absurdes à un lecteur peu familier avec le contexte historique et politique du roman. Cependant, pour cette famille appartenant à une minorité religieuse fragilisée, adhérer à cette hiérarchie à géométrie raciste, colonialiste, antisémite, et classiste, est d’autant plus révélateur de leur sentiment de vulnérabilité politique, sociale et économique. De fait, l’oncle Vili justifie son antisémitisme intériorisé en déclarant : « C’est à cause des Juifs comme eux que les autres détestent les Juifs comme nous », p.15. Ainsi, dans ce cercle de minorités aisées en Égypte, tout ce qui est européen, c’est-à-dire qui relève des puissances coloniales dans le Proche et Moyen-Orient au XXème siècle, est admiré et recherché. Par contre, tout ce qui a trait à la culture arabe ou orientale, c’est-à-dire les coutumes des natifs colonisés d’Égypte et des pays avoisinants, est dénigré et écarté, même lorsqu’il s’agit de coreligionnaires.
La violence du racisme dans cette société coloniale est mise en avant lorsque le narrateur décrit le rapport contrasté et malsain qu’entretient sa famille avec leurs serviteurs, qui sont quasiment tous des Égyptiens musulmans provenant des classes les plus pauvres du pays. Le narrateur décrit avec affection ces personnages qui visitent la maison de ses parents quotidiennement, et avec qui il aime passer du temps dans la cuisine au grand dam de son père et de sa grand-mère : Aziza la sourde, Om Ramadam la borgne, Hisham l’amputé d’un bras, Abdou le cuisinier, son cousin Abdou l’albinos, et Fatma la boiteuse. Entre maîtres et serviteurs se développe une dépendance affective qui ressemble d’un certain côté aux relations, entre colère et solidarité, liant les membres de la famille. Néanmoins, l’attitude des employeurs envers leurs employés est principalement caractérisée par l’exploitation la méfiance, le manque d’intérêt et d’empathie
Une Babylone coloniale
Les divisions sociales décrites dans Adieu Alexandrie se traduisent notamment par une hiérarchie des nombreuses langues en circulation dans l’Égypte de la première moitié du XXème siècle. Les langues européennes telles que l’anglais, le français et l’italien, y sont privilégiées par les minorités aisées car elles leur donnent un cachet social de respectabilité et de sophistication. Dans le sens contraire, les langues natives ou communautaires telles que l’arabe ou le ladino (une langue dérivant de l’espagnol et parlée par les communautés juives sépharades dans le bassin Méditerranéen) sont déconsidérées et réservées principalement au cadre intime. Par exemple, au bal donné pour le centenaire de l’arrière-grand-mère, les enfants de la matriarche insistent pour que celle-ci donne un toast en français, bien qu’elle parle à peine cette langue et préférerait s’exprimer en ladino. Elle s’exécute, et dans son très court discours se vante du fait que, en cinquante ans de vie passée en Égypte, « elle n’avait pas appris plus de cinquante mots d’arabe », p.158.
Le mépris qu’affiche la famille du narrateur pour l’arabe, pourtant la langue du pays où elle vit, reflète le sentiment ambiant en Égypte que cette langue et cette culture n’auraient qu’une valeur sociale négative. Pourtant, l’apprentissage de l’arabe devient clef pour les Juifs d’Égypte lorsqu’ils se trouvent fragilisés à l’issue de la crise du canal de Suez. Le narrateur est alors forcé par son école d’apprendre des poèmes antisémites en arabe, qu’il ne comprend pas d’ailleurs. Son « blocage » psychologique lorsqu’il s’agit d’apprendre l’arabe pousse son père à engager plusieurs tuteurs d’arabe, tous aussi inefficaces les uns que les autres. L’arabe, négligé au temps de l’Égypte coloniale cosmopolite, est maintenant l’étendard d’un pays nationaliste qui participe du mouvement panarabe. La maîtrise de cette langue devient ainsi l’indicateur de ceux qui appartiennent à cette nouvelle Égypte, et ceux qu’il faut en exclure.
De cette manière, on comprend que, pour la famille du narrateur, les langues que l’on apprend au fur et à mesure des exils consécutifs ont principalement une valeur d’utilité politique et sociale. C’est ainsi que, lorsque finalement le père se fait à l’idée de quitter l’Égypte, les leçons d’arabe cessent et sont remplacées par des cours d’italien, c’est-à-dire la langue du pays de leur prochaine destination, dont la famille est par ailleurs citoyenne. En contraste avec cette vue utilitaire des langues, le narrateur encore enfant décide de son propre chef d’apprendre le grec ancien, car il veut lire et comprendre L’Odyssée d’Homère en langue originale. Son introduction à la poésie d’Homère par son tuteur d’italien, sur une plage d’Égypte, marque le début de son amour pour la littérature, qui apparaît en filigrane tout au long du roman.
Pastiche proustien
Surtout, c’est l’écriture de Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu qui se profile dans Adieu Alexandrie. Cette influence proustienne s’explique par les inclinations personnelles d’Aciman, professeur de littérature comparée dans diverses universités américaines, et notamment un spécialiste de Proust. L’admiration de l’auteur pour Proust transparaît dans les thèmes traités et le style d’écriture du roman, qui sont en fait profondément liés. En effet, au-delà des réminiscences proustiennes, le style adopté ici est porteur de significations spécifiques à la situation de cette famille juive survivant d’exil en exil.
Ainsi, les thèmes du temps et du snobisme, typiquement associés à La Recherche, sont traités dans un ton qui oscille entre le comique et le pathétique, traduisant un mécanisme psychologique de défense contre les coups durs d’une vie juive résignée aux recommencements perpétuels. Par exemple, un moment de satire sociale tel que le bal de la centenaire se solde par le départ inattendu et précipité de l’oncle Vili qui, au milieu des pleurs de ses sœurs, s’effondre un moment quand il comprend qu’il ne reverra jamais sa mère. En sens inverse, l’humour apparaît à la suite de moments de tristesse du narrateur, par exemple lorsqu’il est assailli de souvenirs en visitant la tante Flora à Venise, ou bien en imaginant un futur inconnu lors de son dernier soir en Égypte. Ces moments de mélancolie surviennent en particulier lorsque, à la fin de chaque chapitre, la narration effectue une prolepse depuis un temps du passé familial en Égypte vers un temps plus récent de la période suivant l’exil. Ces changements temporels du fil narratif laissent place aux sentiments de la perte d’un monde, et à la recherche de ce qu’il en reste.
En fin de compte, l’écriture d’Aciman reflète un esprit qui ne peut habiter ni son passé à Alexandrie ni son présent de narration : il erre plutôt quelque part entre les deux. L’instabilité du temps narratif et du ton, qui passe facilement du rire aux larmes, traduit la vulnérabilité politique et sociale de ces juifs installés un temps en Égypte, et dont le sort fragile et l’exil sont décidés soudainement, de génération en génération.
La fin des chapitres rappelle également le rythme des longues phrases proustiennes, lesquelles partant d’un ton sobre deviennent lyriques et s’achèvent sur une image, une surprise et une émotion. Tel, par exemple, le passage qui clôt le premier chapitre décrivant une visite du narrateur à son oncle Vili installé depuis de nombreuses années en Angleterre. L’oncle Vili, qui pour s’intégrer dans son pays d’adoption a changé de nom et s’est converti au christianisme, rejette les tentatives du narrateur de se remémorer leur passé commun en Égypte. Cependant, lorsque arrive le dernier soir de sa visite, sur l’insistance de ses cousins, le narrateur épie depuis le couloir les bruits provenant de la chambre de l’oncle Vili qui prépare son coucher : « Un instant le silence fut total. C’est alors que je crus entendre un bourdonnement indistinct, sourd et grêle à la fois, émanant de la petite pièce comme une vapeur bruissante qui se serait échappée par le trou de la serrure, par l’interstice sous la porte, par les fissures du linteau, pour aller emplir d’encens et de prémonitions le silence et la pénombre où nous nous tenions tous trois – version mâchonnée et ténébreuse de paroles familières murmurées sur une cadence que j’avais moi aussi apprise jadis, susurrée comme en cachette et honteusement. “Il prétendra le contraire si tu lui poses la question, affirma mon cousin.” », p.51.
Sans le nommer directement, le narrateur suggère que c’est le Chema’ Yisrael, la prière que les juifs pratiquants récitent chaque matin et soir, qu’il devine dans les murmures de l’oncle Vili lui parvenant à travers la porte de la chambre à coucher de ce dernier. Ainsi, comme dans la Recherche qui s’ouvre sur les nuits sans sommeil du narrateur, ici ce qu’il se passe dans le silence et la nuit est finalement révélateur d’un sens caché. Cette prière entendue subrepticement révèle l’attachement à la spiritualité et l’identité juive du personnage le plus endurci et fanfaron de la famille du narrateur.
L’exil de l’exil
Présent tout au long du roman, le thème de l’exil s’impose dans le dernier chapitre qui raconte les dernières années du narrateur en Égypte. Un à un, les membres de sa famille sont expulsés ou prennent les devants en émigrant d’eux-mêmes. À la fin ne restent que le narrateur, ses parents, sa grand-mère et grand-tante paternelles. En 1964, ces derniers sont finalement expulsés d’Égypte, peu après l’expropriation de l’usine de textiles du père par le gouvernement du général Nasser. Malgré le chaos et la panique, les femmes de la famille tiennent tant bien que mal à organiser un Sédère de Pessah, qui a lieu la veille de leur départ d’Égypte.
À travers la mise en scène de ce dernier Sédère de Pessah à Alexandrie, le roman d’Aciman met en évidence le parallèle entre la sortie d’Égypte des Hébreux racontée dans la Torah et la Haggadah de Pessah, et l’expulsion des Juifs d’Égypte au XXème siècle. D’ailleurs, le titre original du roman, Out of Egypt, est la citation directe d’une phrase utilisée plusieurs fois dans le livre de l’Exode pour se référer à cette sortie d’Égypte des Hébreux. Cependant, dans un retournement de situation, ici le pays où les Hébreux furent faits esclaves et d’où Dieu les libéra devient le pays d’où le narrateur et sa famille sont expulsés. Après le Sédère, le narrateur sort contempler la mer : « Et brusquement, en touchant la surface rugueuse et humide de la digue, j’eus conscience que je me souviendrais toujours de ce soir-là, que dans les années à venir je me rappellerais m’être assis là, en proie à des désirs confus […] Je désirais revenir le lendemain soir, le surlendemain et le soir d’après encore, et je savais que ce qui rendait notre départ si atrocement pénible, c’était de savoir que jamais plus il n’y aurait de soir comme celui-là, que je ne mangerais plus jamais de pâtisseries huileuses sur le front de mer, ni cette année ni aucune autre année : je ne goûterais plus jamais à la beauté soudaine et renversante de ce moment-là, où je sus, l’espace d’un éclair, que j’avais déjà la nostalgie de cette ville dont je m’apercevais pour la première fois que je l’aimais. Je me promis alors qu’un an plus tard exactement, quel que fût l’endroit où je me trouverais, je m’assiérais à la belle étoile : en Europe, en Amérique, où que ce fût, je me tournerais vers l’Égypte à l’instar des musulmans qui s’installent face à la Mecque pour prier, et je rappellerais cette nuit-là et tout ce que j’avais décidé de faire, et aussi ce vœu. », p.392.
Alors que la fête de Pessah célèbre la libération des Juifs d’Égypte, pour le narrateur elle commémore son expulsion avec sa famille d’Égypte. Tandis que la prière qui clôt le Sédère de Pessah, « l’année prochaine à Jérusalem », nous projette dans le futur, le narrateur prévoit une prière future qui le renverra vers son passé en Égypte. De cette façon, les dernières pages du roman font le lien entre l’incapacité du narrateur à vivre dans le présent et sa conscience aiguë, en tant que Juif, de pertes passées et à venir.
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Finalement, au cours d’un récit qui alterne entre réalisme social, comédie et lyrisme, Adieu Alexandrie interroge : l’exil fait-il partie de la condition juive ? Lorsque le père du narrateur sent que leur expulsion d’Égypte approche, il se confie à son fils : « Il me raconta qu’il se souvenait encore du jour où l’on avait vidé la maison de ses parents trente ans plus tôt, quand ils avaient quitté Constantinople. Son père, lui, avait vu vider la maison de son propre père. Et ainsi de suite en remontant les générations : de même je le verrai un jour, bien qu’il ne me le souhaitât pas…“Hélas, l’histoire se répète.” J’essayai de protester : je ne supportais pas ce fatalisme, moi j’étais libéré des superstitions sépharades. “Que tu t’imagines !” », p.348.
Le narrateur réfute l’affirmation de son père que leurs identités sont faites d’exil, que tout pays sera lieu d’exil pour eux inévitablement. Quoi qu’il en soit, le roman comme le narrateur se gardent de répondre définitivement à la question du rapport particulier des Juifs à l’exil. De façon notoire, l’option sioniste n’est pas explorée, et Israël est à peine mentionné. Aciman, lui, passera quelques années en Italie après son départ d’Égypte, puis s’installera aux États-Unis où il réside à New-York depuis 1968.
Indications bibliographiques
- Joel Beinin, The Dispersion of Egyptian Jewry : Culture, Politics, and the Formation of a Modern Diaspora, Berkeley, University of California Press, 1998.
J. Beinin étudie l’histoire des Juifs égyptiens en Égypte et en diaspora après la première guerre israélo-arabe de 1948.
- Aimée Israel-Pelletier, On the Mediterranean and the Nile : The Jews of Egypt, Indiana University Press, 2018.
A. Israel-Pelletier examine les œuvres littéraires de cinq auteurs Juifs égyptiens, dont celle d’André Aciman.
- Deborah A. Starr, Remembering Cosmopolitan Egypt : Literature, Culture, and Empire, Routledge, 2009.
À travers l’analyse d’œuvres artistiques datant de la fin des années 1970, D. Starr explore les liens entre colonialisme et cosmopolitanisme dans l’Égypte du XIXème et XXème siècles.