Le départ

par Ariel Danan

Georges BENSOUSSAN, Juifs en pays arabes : le grand déracinement (1850-1975), Paris, Éditions Tallandier, 2012.
Re-publié au format poche, chez le même éditeur, dans la collection Texto, 2021.

On a pu présenter la vie des Juifs installés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient comme une très longue idylle ininterrompue. Cette vision lyrique, souvent nourrie par une nostalgie tenace, le travail accompli par l’historien Georges Bensoussan a le mérite (d’aucuns diraient, l’inconvénient…) de la déranger.
La question centrale qui anime sa recherche, en effet, pourrait se formuler ainsi : pourquoi ces régions se sont-elles vidées de leurs communautés juives, et en quelques années seulement ? Quelles sont les causes de ce qu’il nomme leur «  grand déracinement » ?

L’histoire des Juifs du monde arabe est un champ historiographique très développé depuis trente ans en France et en Europe, aux États-Unis, en Israël, au Maroc et en Tunisie. Des générations de chercheurs se sont succédé et ont consacré de multiples travaux d’histoire politique, économique, sociale et culturelle à ces communautés. Leurs travaux ont trouvé écho tant auprès de personnes qui ont quitté ces terres et leurs descendants, qu’auprès de certaines parties des sociétés nord-africaines contemporaines qui redécouvrent la part juive de leur passé. Mais une question est longtemps restée taboue : pourquoi les Juifs en sont-ils partis ?

Arrivée d’une famille marocaine à Haïfa/1958

Dès l’introduction, G. Bensoussan expose clairement l’enjeu : « Croire à l’intolérance fondamentale de l’Islam et à un antijudaïsme éternel du monde arabe comme à une harmonie d’autrefois brouillée par le sionisme constitue un double mythe », p. 17. Il s’agit donc de déconstruire ce double mythe par une étude approfondie et rigoureuse des sources, alors que « la condition juive en terre arabe est devenue un miroir de nos passions politiques », p. 17.
G. Bensoussan a choisi de limiter son travail à l’étude de cinq pays : le Maroc, la Libye, l’Irak, le Yémen et l’Égypte. Il a étudié l’immense documentation qu’il a réunie dans les archives d’institutions ayant œuvré dans ces pays à partir du XIXème siècle, telle que l’Alliance israélite universelle, dans les archives diplomatiques et enfin dans les témoignages de voyageurs venus d’Europe. Malheureusement, il n’a eu que peu accès aux sources premières, en langues arabe et hébraïque.

Violence, misère

La condition des Juifs était très différente d’un pays à l’autre mais toujours marquée par la violence. Dans les relations entre personnes ou entre communautés, le Juif est celui que l’on peut maltraiter sans craindre de réelle condamnation. « Abolie ou non (comme au Maroc), la dhimma continue en réalité d’empoisonner les relations entre Juifs et musulmans. Et de multiplier les dénis de justice comme lorsque le pillage du quartier juif (et plus rarement du quartier européen) n’expose ni à des représailles, ni même souvent à un jugement. », p. 127.
De manière générale, le Juif est méprisé : « l’enfant arabe comprend vite qu’il peut impunément insulter le Juif, voire le frapper, en tout cas lui montrer son dédain », p. 211. Régulièrement, des accusations de blasphème contre l’islam ou d’apostasie provoquent des violences contre les Juifs. En 1834, une adolescente juive tangéroise est exécutée à Fès « pour avoir embrassé puis répudié l’islam – plus probablement pour avoir refusé les avances d’un maître musulman. Dans le monde juif maghrébin, Sol Hatchuel va devenir une héroïne célébrée dans des chants, des prières et des élégies en judéo-arabe », p. 238-239. En Tunisie, en 1857, un cocher juif, Batto Sfez est condamné à mort puis exécuté après avoir été accusé de blasphémer l’islam, suite à une banale querelle avec un autre cocher.   
Les accusations de crime rituel, venues du monde chrétien, provoquent également des tragédies : l’affaire de Damas – lors de laquelle treize notables de la communauté locale sont emprisonnés et torturés pour avoir prétendument assassiné un moine pour utiliser son sang à destination de la confection de pains azymes – en 1840 « ouvre la voie à d’autres accusations de ce type » (p. 240) au Liban, en Égypte ou en Perse. Elle est également la première tragédie qui provoque une mobilisation internationale des Juifs pour venir en aide à leurs coreligionnaires persécutés. G. Bensoussan cite aussi de multiples exemples de profanations de cimetières juifs et de synagogues.
Enfin, la réussite économique de certains Juifs, surtout à partir de la pénétration européenne, provoque le ressentiment.
Tout ceci n’empêche pas la sociabilité interpersonnelle ou les relations d’affaires. C’est ce qui rend si difficile l’interprétation de cette histoire qui n’est ni « légende dorée », ni « tableau noir de l’affliction », p. 255.

Artisan marocain dans le Mellah/Circa 1930

Le corollaire de cette violence est la très grande misère économique des Juifs qui sont contraints de « vivre au jour le jour » (titre du chapitre 2, p. 141-207). L’archaïsme économique et intellectuel est la norme ; archaïsme également dans le fonctionnement des communautés où « l’autorité est longtemps dévolue aux rabbins, une oligarchie parfois héréditaire qui incarne savoir et justice », p. 143. La misère est également due à l’exercice de métiers peu lucratifs au premier rang desquels le petit artisanat. Fort peu de Juifs sont agriculteurs. La pression fiscale est souvent écrasante.

Modernité, mutations

À partir de la fin du XIXème siècle, les choses changent grâce à l’influence européenne et aux écoles de l’Alliance israélite universelle (AIU), qui permettent l’émergence d’une classe moyenne, voire supérieure. En 1930, en Irak, les Juifs dominent les banques, les assurances et le grand commerce. Il en est de même en Égypte. Au Maroc, les jeunes sont initiés à de nouveaux métiers grâce à l’AIU et à l’ORT.
Sur le plan religieux, G. Bensoussan note la « pratique religieuse assidue [des Juifs] qui suscite le regard condescendant des observateurs européens », p. 160. En effet, nombreux sont les rapports à dénoncer la superstition, souvent jugée proche de celle des voisins musulmans. Cette dénonciation est particulièrement vigoureuse de la part des instituteurs de l’AIU qui veulent apporter aux enfants une éducation sur le modèle colonial français mais également leur enseigner l’hygiène moderne. Ils luttent avec vigueur contre le mariage précoce des filles, « l’une des plaies majeures du monde juif en terre arabe », p. 189. Leurs rapports vont « jusqu’à la caricature » (p. 218) et sont, avant tout, le témoignage des difficultés qu’ils ont éprouvées à faire évoluer les mentalités, d’autant plus que les Juifs, après des siècles de misère et de persécutions, sont habités par une peur qui, souvent, les paralyse.
La volonté de l’AIU est d’instruire, d’éduquer, d’apprendre un métier aux enfants, y compris aux filles qui, pour la première fois, ont accès à l’éducation. Ce sera la plus grande révolution accomplie par l’Alliance mais également celle qui lui vaut d’être difficilement acceptée dans les communautés traditionnelles. Le recul de l’analphabétisme est en tout cas impressionnant (p. 345) : en Égypte, il passe de 65% à 24% chez les filles et de 37% à 10% chez les garçons entre 1907 et 1947.

Juifs berbères/Circa 1920
École de l’AIU au Maroc/Larache/Juin 1925/Elèves de la première classe

Ce tableau, finalement extrêmement sombre, pourrait sans doute être nuancé par l’étude de sources principalement en hébreu ou en judéo-arabe, montrant la richesse intellectuelle et spirituelle de certains rabbins au fil des ans. Des éléments de modernité et de la Haskala y sont bien présents, notamment grâce à l’influence des premiers maîtres de l’AIU, qui n’a pu s’implanter que grâce au soutien de notables locaux. C’est pourquoi G. Bensoussan conclut que l’entrée dans la modernité des Juifs en pays arabes ne doit pas être analysée comme un « Maghreb enténébré recevant la lumière du Judaïsme d’Europe », p. 282.

Bouleversements coloniaux

La colonisation au XIXème siècle marque un bouleversement considérable pour les Juifs même si tous ne s’en rendent pas immédiatement compte, résignés qu’ils sont « à passer d’une tutelle à l’autre », p. 307. Pour autant, l’évolution est rapide : meilleure protection judiciaire, création d’une classe moyenne, évolution des mœurs particulièrement marquée. On le constate en observant quelques marqueurs de changement comme la tenue vestimentaire, le choix du prénom, la constitution d’un espace privé.
L’occidentalisation est ainsi en marche, tandis que le « lien à la terre d’Israël [reste] omniprésent » (p. 401), bien qu’il soit extrêmement varié dans la définition que lui donnent ses adeptes : « Quête d’un refuge ? Une revendication d’égalité des droits ? L’aspiration à une patrie ? Un renforcement de l’identité juive (et laquelle) ? », p. 422. Ou bien encore lien « spirituel et mystique » ou « moral et raisonné », p. 170. Ce succès du sionisme politique est peut-être dû à la difficile condition d’« intermédiaires » (p. 471) que sont les Juifs à l’ère coloniale : entre des Musulmans dont ils sont de plus en plus séparés par à une meilleure éducation et une rapide ascension socio-professionnelle et des colons chez qui les préjugés antisémites sont bien ancrés.
L’évolution démographique (p. 499) est peut-être le meilleur indice de l’amélioration des conditions de vie des Juifs au XXème siècle : de 40 millions en 1914 à 60 millions en 1939 grâce au recul de la mortalité et à une natalité toujours élevée.

Les tensions des années 1930

La période coloniale n’a pourtant pas été exclusivement une période de développement et d’épanouissement pour les Juifs en terre arabe, loin de là. L’arbitraire continue à régner malgré tout et l’antisémitisme colonial est bien réel. Ne citons qu’un exemple, le pogrome de Constantine du 3 au 5 août 1934, qui « marque l’acmé de la violence », p. 574. G. Bensoussan consacre de longues pages (p. 524-541) au climat germanophile au Moyen-Orient et au Maghreb dès les années 1930 puis à la pénétration d’agents nazis et le développement de groupes pro-nazis notamment au Moyen-Orient, qui favorisent l’antisémitisme.
La situation est particulièrement critique en Irak, car le conflit en Palestine fait craindre aux Juifs, par ailleurs solidaires du Yichouv, des actes antisémites. « En octobre 1938, Bagdad résonne d’appels à la révocation des fonctionnaires juifs et à l’exclusion des Juifs de toutes les institutions nationales. », p. 549.
L’agitation antisémite croît également en Afrique du Nord et « même dans des pays réputés calmes comme l’Égypte, on assiste à des agressions physiques, à des sabotages et à des déprédations contre les propriétés. Le conflit en Palestine, entré dans une phase aiguë en 1936, en est le principal facteur, alimenté par les appels du mufti de Jérusalem à la solidarité musulmane et arabe. », p. 567. Tout était donc en place pour que les années de la Seconde Guerre mondiale soient particulièrement difficiles pour les Juifs en terre arabe. G. Bensoussan insiste à juste titre sur la terreur ressentie par les communautés qui craignent que leurs pays soient envahis par les forces de l’Axe comme en Égypte, ou même occupés pendant six mois comme la Tunisie.
À Bagdad, les 1er et 2 juin 1941 se déroule le Farhoud, véritable pogrom contre les Juifs durant lesquels, « officiellement, 179 personnes ont été tuées (9 en province), près de 2000 autres blessées. On compte 240 orphelins, près de 1600 habitations et entreprises dévastées et pillées, plus de 12 300 personnes sans abri – 15% de la population juive de Bagdad aurait été directement touchée par le pogrom. », p. 612. Les années suivantes seront, pour les Juifs d’Irak, des « années de désillusion, de désenchantement et de crainte au sein d’une nation et d’une culture qui sont profondément les leurs. », p. 613.

Farhud/ 1941/ Beit Hatfutsot, The Oster Visual Documentation Center/Collection Yad Yitzhak Ben Zvi Archive

Vers le départ

Les lendemains de la Seconde Guerre mondiale sont moroses pour les Juifs à cause de la misère et de l’antisémitisme. « Il y a 73% de tuberculeux dans le mellah de Casablanca. », p. 642. Surtout, les attaques antisémites sont nombreuses. Du 4 au 7 novembre 1945, la foule s’en prend au quartier juif à Tripoli et dans d’autres villes libyennes. Le bilan est lourd, alors que l’armée britannique ne réagit que très tardivement : 130 Juifs et 5 Arabes tués, des femmes violées, beaucoup d’enfants tués. On assiste même à des conversions forcées. À Aden, début décembre 1947, au moins 76 Juifs sont tués et 78 blessés. À Oujda, une émeute anti-juive fait 8 morts en juin 1948. G. Bensoussan analyse de manière convaincante ces événements comme étant « le divorce entre le monde juif et son environnement séculaire, c’est le début de la fin d’une identité quasi-millénaire », p. 651.
Dans le même temps, les Juifs d’Europe et leurs organisations ont le regard rivé sur les Juifs du monde arabe, perçus comme un outil pour reconstruire le judaïsme détruit par les nazis. L’occidentalisation des masses juives progresse et le sionisme, perçu comme « seule solution à la « question juive » » (p. 660) attire de plus en plus de jeunes. Ces derniers partent donc en Palestine puis en Israël par sionisme mais surtout à cause de la peur, de la persécution et de la misère (p. 664).
« Pour les Juifs, l’émigration est une libération, mais aussi, pour tous, un déchirement, une douleur, la blessure inapaisable de l’exil. Rarement expulsés, toujours exclus, ces Juifs arabes vont garder au cœur le ciel, les couleurs, les sons, les odeurs, la langue enfin d’une patrie perdue. Pour aucun d’entre eux le départ n’aura été qu’une « libération », ce sera aussi, au moins dans les premières années, le début d’un nouvel exil, plus gris et terne. », p. 673.
« De 1945 à 1955, la population juive du monde arabe diminue de moitié, voire de 90% dans le cas de l’Irak, du Yémen et de la Libye. », p. 699.
Cet exode s’explique par de multiples raisons, profondes et lointaines. C’est peut-être là l’apport majeur de l’œuvre de G. Bensoussan d’avoir travaillé sur le temps long. Il n’en demeure pas moins que les Juifs quittent ces pays à cause d’une violence liée à la création de l’État d’Israël et au nationalisme arabe qui, depuis les années 1930, exclut les non-Arabes et les non-Musulmans. Selon l’expression de l’auteur, on ne chasse pas forcément mais « on incite au départ », p. 771. Les Juifs craignent émeutes et attentats, les commerces juifs en Égypte et en Libye sont boycottés. En Irak, les Juifs sont exclus des fonctions administratives et la licence professionnelle des médecins n’est pas renouvelée. Des spoliations ont lieu en Irak, en Syrie et en Égypte.
Pour la Tunisie, G. Bensoussan cite Albert Memmi dans L’Arche en 1962 : « on leur permet de partir, à condition de partir tout nus ».
Au Maroc, la situation est bien différente car le roi Mohammed V continue à protéger la communauté juive mais l’arabisation fragilise les structures communautaires au premier rang desquelles les écoles de l’Alliance israélite universelle. « L’émigration depuis le Maroc n’a en général pas connu le même caractère tragique. Parfois, voire souvent, difficile, clandestine et périlleuse, elle n’a pas provoqué cette charge d’angoisse et de terreur qui a caractérisé la sortie d’Égypte et d’Irak. », p. 792.
Une nouvelle étape est franchie en 1967 ; les Juifs sont beaucoup moins nombreux mais subissent des violences très graves en Tunisie et en Libye lors de la guerre des Six Jours. La Grande synagogue de Tunis est incendiée de même que quarante rouleaux de la Torah qui s’y trouvaient. Des réparations, toutefois, seront accordées et les coupables arrêtés.

***

G. Bensoussan marque avec netteté ce qui est en jeu dans l’écriture de cette histoire : « Des 850 000 à un million de Juifs qui vivaient dans les pays arabes en 1949, il n’en restait que 25 000 en 1976 (pour la plupart au Maroc). Dans le même laps de temps, l’État d’Israël en avait accueilli 600 000. Peut-on détacher la part juive des pays arabes de leur histoire générale ? Et céder à la tentation de l’histoire lacrymale en réduisant ce passé à une somme de souffrances, comme s’il n’y avait pas eu aussi de « longues époques de tranquillité, de prospérité, de joies aussi, ce dont témoigne l’étude de l’univers culturel juif » ? (,,,) Les Juifs ne sont pas des sujets passifs face à l’Histoire : considérer la violence de la partie arabe comme l’unique responsable de la fin de ces communautés, c’est ignorer leur évolution interne qui depuis longtemps les a éloignés de la majorité arabe et musulmane. », p. 813-814.

Juifs yéménites marchent dans le désert en direction d’un camp de transit situé près d’Aden, avant de se rendre en Israël/Janvier 1949/ Photographie de Zoltan Kluger/Archives nationales d’Israël

Le prix à payer pour écrire l’histoire des Juifs en pays arabes serait-il excessivement lourd ? C’est, en tout cas, la conclusion à laquelle aboutit G. Bensoussan dans un bref essai (paru en 2017), intitulé Les Juifs du monde arabe : La question interdite. Dans ce recueil varié d’articles consacrés à la Tunisie, à la colonisation, à la Seconde Guerre mondiale en Afrique du Nord et aux légendes qui ont cours sur le sujet, ainsi qu’au départ des Juifs des pays arabes, il montre combien de questions restent en suspens et combien le rôle de l’historien est important, même s’il doit endurer une certaine solitude et se heurter à la malveillance.
À toutes ces questions, on pourrait en ajouter une autre : comment les Juifs en terre arabe, malgré des périodes d’anti-judaïsme violent, malgré la profonde misère socio-économique à laquelle ils étaient en proie, ont-ils réussi à produire une telle richesse intellectuelle et spirituelle ?
Autant d’interrogations que suscite le travail pionnier de G. Bensoussan ; autant de recherches à venir qu’inspireront sans doute sa rigueur et sa hardiesse.

Références bibliographiques

Georges BENSOUSSAN 

  • « Juifs et musulmans dans le temps : projet de synthèse », in Relations judéo-musulmanes au Maroc, Paris, Stavit, 1997.

Présentation de l’éditeur : « La paix des religions est-elle possible ? L’histoire n’en offre-t-elle pas des exemples ? La période d’Al Andalus ne fut-elle pas en effet celle d’une coexistence harmonieuse entre juifs, musulmans et chrétiens ? Refusant légende dorée des uns et manichéisme des autres, Georges Bensoussan montre que le monde arabe fut pour les minorités, juives notamment, une terre de protection mais aussi de soumission. À l’appui d’archives de toutes provenances, militaires, diplomatiques et administratives, ce sont ces relations qui sont ainsi restituées. Mais, plus qu’une histoire d’émancipation et de domination, il s’agit ici de comprendre comment se noue, sur la longue durée, depuis les racines médiévales jusqu’à la période tourmentée de la décolonisation, le rapport du monde musulman à la modernité occidentale.»


Shmuel TRIGANO (Sous la direction de ), L’exclusion des Juifs des pays arabes : Aux sources du conflit israélo-arabe, Pardès N° 34, Paris, Éditions Inpress, 2003.

Présentation de l’éditeur : « Entre les années 1940 et les années 1970, environ 900 000 juifs ont été contraints de quitter en masse et en catastrophe des pays arabes où ils étaient installés depuis plus d’un millénaire. Ils abandonnèrent alors tous leurs biens et leur patrimoine au point qu’il ne reste plus aujourd’hui que quelques dizaines de milliers de juifs dans le monde arabo-musulman. 600 000 d’entre eux sont devenus des citoyens de l’État d’Israël. Dans le grand bilan du XXe siècle, cet exode oublié réapparaît aujourd’hui sur le devant de la scène. Le processus d’Oslo et sa crise ont ravivé les mémoires du contentieux originel qui sépare les deux parties du conflit proche-oriental. Si on évoque couramment le  » droit au retour  » des Palestiniens, on oublie un élément déterminant du tableau historique ainsi dressé : le contentieux des Juifs du monde arabe – la majeure partie de la communauté juive française et de la société israélienne – avec les États arabes. À l’heure où les Palestiniens réclament le  » droit au retour « , ce livre fait le point sur un drame refoulé, inconnu de nos contemporains, afin de rendre justice au monde sépharade, de faire œuvre de mémoire pour cette population qui a vu son destin brisé et sa continuité ébranlée ».


Nathan WEINSTOCK, Une si longue présence : Comment le monde arabe a perdu ses juifs, 1947-1967, Plon, Paris, 2008.

Présentation de l’éditeur : « Les Juifs qui vivaient dans le monde arabe étaient 900 000 en 1948. Aujourd’hui il n’en reste que 4 500. Il s’agit d’une véritable saignée sur des terres où ils étaient présents bien avant l’apparition de l’islam. Il n’est pas de bon ton aujourd’hui d’évoquer le malheur des minorités qui subissent le joug d’islamistes de plus en plus radicalisés. Dans cet essai rigoureux et documenté, l’auteur retrace le parcours des communautés juives dans chaque état arabe, prises en tenaille entre l’Orient ancré dans ses traditions et l’Occident émancipé (…) ».
Cette question est présentée selon les aires géographiques : Le monde musulman non arabe ; Le Maghreb ; L’Égypte ; Le Croissant Fertile ; La Péninsule Arabique ; La  » Terre Sainte  » (Israël/Palestine).