La jeunesse d’Abraham

par André NÉHER

Article mis en ligne et à la disposition de chacun par les bons soins de la Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle ; il a été publié initialement dans la revue Évidences, n°9, Mars/Avril 1950, p. 27-33. La présentation, les sous-titres, les illustrations ainsi que divers liens ont été ajoutés par Sifriaténou.

Présentation

L’œuvre d’André Néher a, de manière incontestable, enrichi et élargi notre compréhension de l’univers biblique. Et pourtant, cet écrivain savant, ce brillant exégète essayiste ne fut pas un « bibliste », pris dans le sens moderne du terme. Sa démarche (il faut le dire, exceptionnelle au sein de l’Université française) se situe dans un tout autre horizon que celui de la « science biblique » : à ses yeux, on ne saurait se limiter à considérer le texte de la Bible uniquement comme un objet historique, distant, comme un témoignage du passé. Ou plutôt, dans l’acte de lecture, le passé dans lequel il se situe noue perpétuellement des liens si forts, si constants avec notre présent qu’il finit par ne former plus avec lui qu’un seul tissu. Lire (vraiment) la Torah – texte antique s’il en est -, c’est parvenir à devenir son contemporain !
Ce refus de l’historicisme n’est pas pour autant refus de l’histoire comme discipline, et encore moins de la rigueur et de l’esprit critique qui en font l’éminente valeur. L’auteur de Moïse et la vocation prophétique tient que « histoire et tradi­tion, connaissance et croyance, peuvent et doivent ensemble, conjointe­ment, complémentairement, harmonieusement, s’épanouir dans l’homme juif nourri de l’enseignement de ses maîtres, fidèles à l’enseignement de Moïse », in Ce que j’ai voulu montrer dans mon Moïse . 
Atteindre un tel point d’équilibre exige, pour le moins, le recours à une fine dialectique pour réunir ces contraires.
Cet esprit de conciliation semble avoir cependant ses limites : les diverses disciplines proprement historiques (comme l’archéologie, l’épigraphie, la codicologie…) qui concourent à éclairer notre lecture ne lui viennent qu’en appoint. Elles ne sont que des compléments, de valeureux supplétifs. Ces sciences positives n’ont de sens que pour autant qu’elles se mettent au service d’une lecture en quête de vérité, une lecture capable de satisfaire aux questions existentielles.
Dans « La jeunesse d’Abraham » un article qu’il donne à la revue Évidences, n°9 (Mars/Avril 1950), André Néher, tout récemment chargé de cours à l’Université de Strasbourg, met brillamment en œuvre ces principes et parvient à les faire tenir ensemble. Ainsi, partant des travaux d’André Parrot, savant orientaliste qui a dirigé avec éclat de grands chantiers de fouilles en Mésopotamie, il … « imagine » ce qu’a pu être la jeunesse d’Abraham. Il nous invite à une promenade dans les rues de cités ensevelies pour retrouver le Patriarche.

André Néher en 1936/Collection Alliance israélite universelle/Paris.

Face à la rigueur, à la haute technicité et à la minutie du travail archéologique, emprunter les voies de la rêverie semble une démarche exégétique bien légère et hasardeuse, sinon fantaisiste. Mais précisément, ce qui serait sujet à caution et douteux, ce serait de succomber à l’illusion de « l’achronisme », d’ignorer que « le vrai et l’exact, en histoire, ne peuvent être saisis que dans le temps », in L’historien et la Bible, p. 104. Comme le proclame hautement Néher dans la conclusion de son article : « la Bible n’a pas dit vrai parce qu’on a retrouvé́ quelque part des pots ébréchés et quelques pierres branlantes. Une vérité plusieurs fois millénaire se mesure autrement qu’en fonction de fragments de tessons. Mais l’archéologie nous permet de dresser derrière le texte l’arrière-fond qu’elle nous révèle».
Ainsi, le lecteur (contemporain) prend appui sur le savoir fourni par d’admirables chercheurs pour rapprocher de nous, après la Shoah, le pionnier du monothéisme, pour faire passer Abraham du statut vague et peu parlant de symbole à celui, charnel et spirituel, d’ancêtre. « Abraham notre père » selon la formule juive traditionnelle…
Car ce lien de filiation est constitutif de la figure, ou plutôt de « l’existence » abrahamique. Dès lors, il n’est pas vain mais au contraire essentiel d’aller à la rencontre, ou du moins au plus près, de celui qui fut un enfant avant que d’être homme… Comment le fils de Terah pouvait vivre, se vêtir, subsister, commercer, s’instruire, se déplacer, se marier, dans une cité raffinée qu’il a choisi finalement de quitter…
Aussi, dans le style élégant, sensible et spirituel qui caractérise la prose impeccable d’André Néher, se dessine plus nettement le portrait bien vivant d’un Patriarche saisi dans sa perpétuelle jeunesse.

André Parrot au travail…

La jeunesse d’Abraham

par André NÉHER

Il existe dans toutes les bibliothèques pour « moins de douze ans » de séduisants ouvrages sur les « enfances célèbres ». Agrippa d’Aubigné et Bertrand Duguesciin, Henri IV et Charles-Quint y voisinent dans le cadre concret d’une adolescence déchainée ou perspicace, pieuse ou ironique. Parfois même certaines éditions plus savantes se haussent jusqu’à l’évocation de l’enfance de Cyrus ou de Toutankamon. A ces lectures de notre jeunesse, nous avons puisé une connaissance vivante et infiniment suggestive de ces personnages bien lointains. Pour un esprit de dix ans, le lien d’enfance à enfance est plus fort que le fossé du temps, et notre réflexion d’adulte puise dans le souvenir d’une admiration juvénile beaucoup plus qu’un sourire indulgent.
Mais l’histoire, en vertu d’un inexplicable mystère, nous offre bien souvent l’image d’hommes faits ou de vieillards qui semblent n’avoir surgi du sein maternel qu’à quarante ans passés, et nous ressentons parfois je ne sais quelle impression de poussière en face de ces héros qui ne furent point enfants. On aura beau pouvoir se représenter leur chevelure blanchie avec une précision photographique, on aura beau savoir sonder jusqu’au fond de leur cœur le drame de leur maturité, il y aura toujours entre eux et nous cette distance fondamentale : nous avons grandi à partir d’une enfance, et eux ont fait intrusion dans la vie de la postérité dépourvus de passé, ce qui leur confère à la fois une auguste solennité de vieillard respectable qui n’a jamais joué aux billes ni même à saute-mouton, mais les prive du même coup de cette chair palpitante qui nous eût fait nous sentir de la même race qu’eux.
Lorsqu’il s’agit de figures patriarcales d’un livre qui nous est proposé comme le Livre de vie, cet état de choses peut avoir de graves incidences. Et il n’est pas exclu que l’éloignement où plus d’un d’entre nous se tient de la Bible vienne de ce qu’il sente ces héros sortis d’un monde qui n’a rien de commun avec le nôtre, d’un monde semblable à celui des fées ou des géants où il n’y a ni enfance, ni logis, ni rien de ce qui fait le cadre quotidien et la réalité vivante de nos existences.

Abraham/Détail d’un tableau du Guerchin (1657)/ Pinacothèque de Brera/Milan/Italie

Rien, ou presque rien. Parfois la Bible esquisse une silhouette. Elle projette un nourrisson en pleurs derrière Moïse, le conducteur de Peuples. Elle évoque le bébé passant au régime des bouillies à l’aube de cet Isaac qui eût pu devenir une victime, mais ce sont des notations si courtes, si rapides, qu’on ose à peine les fouiller jusqu’au bout sous peine de friser le sacrilège. La littérature midrachique est venue combler, dans une certaine mesure, la lacune ; mais là encore sous une forme très fragmentaire et en même temps trop légendaire, peut-être, pour communiquer l’impression de vie qu’impose une résurrection de la vérité́ historique. Quand le Midrache évoque Abraham, nous apprenons sans doute que son père vendait des idoles, et que, tout jeune homme encore, il aidait son père dans l’exercice de son discutable métier ; mais, à part cela, aucune autre précision sur sa demeure, ses jeux, son éducation, sinon peut-être la vision d’Abraham étudiant, comme Isaac et Jacob, à la Yechiva de Chem, et là encore, la projection de l’éducation talmudique dans le passé biblique semble nous empêcher de connaître jamais l’enfance de notre patriarche dans son éclairage historique.
C’était du moins ainsi que les choses se présentaient à la génération qui nous a précédés. Pour nos grands-parents, pour nos parents encore, Abraham tenait plutôt du héros symbolique que de l’être de chair, et entrant déjà vieux sur la scène du monde, sans enfance, sans maison, sans métier bien précis, il semblait n’être qu’une ébauche concrète, nécessaire pour contenir un des plus prodigieux drames spirituels de l’humanité́.

Abraham, non plus un symbole ! un ancêtre…

Si aujourd’hui Abraham est devenu plus proche de nous, s’il n’est plus seulement un symbole, mais un ancêtre, fait comme nous, ayant vécu d’une vie comparable à la nôtre, exceptionnelle seulement par sa richesse spirituelle, s’il a quitté enfin la poussiéreuse vitrine d’un musée des Antiques pour s’enrichir d’une nouvelle fraîcheur, c’est aux archéologues que nous le devons.


Le site d’Ur, patrie d’Abraham, et où semblent s’être écoulée toute son enfance, son adolescence, sa vie jusqu’au départ pour Haran, était identifié depuis 1854 déjà̀. C’est en fait depuis 1922 seulement que les fouilles systématiques ont été entreprises, révélant peu à peu sous la direction perspicace de Sir Leonard Woolley « une des plus éblouissantes découvertes qui aient jamais été faites sur un chantier ».
Ur, cité sumérienne, habitée vers l’an 2000 par la famille d’Abraham, a livré́ quelques-uns de ses secrets. Pas tous. En particulier, il nous manque une connaissance exacte de la place assignée par les Sumériens à la famille d’Abraham, famille étrangère, sémite, araméenne sans doute, au sein d’une cité de l’antique Sumer au nationalisme florissant. L’enfant de Sumer, nous le connaissons, par des statuettes, des tablettes, des inscriptions. L’enfant hébreu qu’était Abraham, habitant en pleine ville sumérienne, devait à coup sûr, comme un enfant juif d’aujourd’hui, participer à la vie, à la culture de ses camarades sumériens, et peut-être en quelque « école Chem » de l’époque, le pont était-il jeté entre les études hébraïques, telles que les évoqué le Midrach, et les études sumériennes restituées par l’archéologie.

Promenade dans Ur

Les maisons, les rues, les monuments qu’Abraham enfant avait sous les yeux ont surgi des chantiers de fouilles. Notre but n’est point ici d’en faire un savant examen : seuls des techniciens auraient autorité́ en la matière. Qu’il nous soit seulement permis, en nous basant sur leurs découvertes, de nous promener dans Ur, à l’époque d’Abraham, sans oublier jamais au cours de notre visite familière que sur le seuil de cette maison que nous évoquerons, ou dans la chapelle de cette idole, un adolescent hébreu eut pour la première fois la conscience du divin. Ur, avant Abraham, avait déjà une longue histoire. En se promenant sur ses remparts on pouvait apercevoir, tout proches, les solennels bâtiments de la ville sacrée d’Eridou, que les Sumériens réputaient la plus vieille cité du monde. En Ur déjà̀, l’histoire la plus lointaine était enregistrée, et quelque part là-bas, au sud de l’enceinte sacrée, le cimetière ancien rappelait aux générations sumériennes le règne opulent et majestueux du roi A-bar-gi et de la reine Shub-ad. Mais depuis les mille ans de ces règnes glorieux, Ur avait prodigieusement changé. Sur le tell où, avant le déluge, les premiers habitants avaient dressé leurs premières cabanes, les étages s’étaient superposés, et la ville en chaque génération reconstruisait par-dessus les ruines de la génération précédente. Ur se perchait de plus en plus sur sa colline pleine de souvenirs, tandis qu’à ses pieds l’Euphrate et son savant système de canaux prodiguait à toute la vallée un sol aussi fertile que le fameux limon du Nil. Comme en la lointaine Égypte, le fleuve ici aussi était le nourricier de cette riche terre sumérienne où s’égrenaient en un collier précieux les cités fourmillantes et rivales de Larsa, de Lagash, d’Uruk, d’Isin et de bien d’autres encore dont les noms sortent peu à peu d’un oubli plusieurs fois millénaire. Le prestige d’Ur s’est lui aussi laissé lentement enfouir dans le cœur de cette colline où s’incrustent dans les couches successives de demeures et de murailles les destructions des conquérants. Sans remonter aussi loin dans l’histoire que tout-à-l’heure en parlant des tombes royales, quatre siècles à peine avant l’époque où se situe notre promenade aux côtés d’Abraham enfant, Ur était une ville indépendante ; bien plus, ses souverains étendaient leur empire jusqu’aux confins de Babylone, et le nom d’Our-Nammou, fondateur de cette glorieuse dynastie, a dû plus d’une fois être prononcé avec une nostalgie amère aux oreilles des enfants de Térah.

Ziggourat de Ur

Une riche civilisation menacée

Et puis, l’Elam a fait son apparition. Par une singulière anticipation de l’histoire, le père du peuple hébreu entendit raconter sans doute, le soir, à la veillée, par un aïeul vénérable, larrivée effrayante des envahisseurs venus de cette Suse lointaine, dont le nom devait être toujours, dans l’histoire d’Israël, ainsi lié à une calamité. Le roi d’Ur, après dix-huit ans de résistance vaine, avait été déporté́ dans ce qui allait plus tard s’appeler la Perse, et l’enfant Abraham ne pouvait se douter que le tragique destin du roi dont on lui racontait l’histoire, allait être celui-là même de ses arrière-arrière-petits-enfants Esther et Mardochée.
Mais le drame n’était pas seulement dans le récit des grands-parents. Partout, menaces et rivalités. Larsa et Isin, sortes de pantins aux mains de l’Elam, naïvement confiants dans leur illusoire autonomie, se disputaient la possession du Sud. Le roi d’Isin prend le titre de roi d’Ur, tandis que celui de Larsa, Sumu-Ilum, le revendique aussi. Ur s’est depuis longtemps résignée à être à tout le monde, mais au prix d’une infinie tristesse qu’accentue encore la sourde menace de Babylone et de sa puissance grandissante.
Aussi les troupes s’exercent-elles avec assez peu de courage là-haut sur les remparts, plus factices qu’efficaces. Ils sont pourtant solides, ces murs épais, faits de briques agglomérées par un mortier de boue et de bitume. La pierre est rare dans la vallée limoneuse, elle n’est utilisée que pour les assises profondes, mais point n’est besoin d’elles pour construire des murs prêts à défier le temps. De l’intérieur de la ville, on voit les soldats défiler lentement sur le large boulevard qui couronne les remparts et dont les maisons garnies de créneaux parachèvent l’armure de la cité. Les soldats, c’est amusant à voir, avec leurs haches et leurs casques aux formes bizarres, et les enfants de Térah, — Abraham, Nachor et Haran, — ont plus d’une fois, sans doute, à l’heure de la relève, été regarder défiler la fragile armée sumérienne.

Mosaïque /Étendard découvert dans les tombes royales de UR/Face : la guerre/British Museum

Monter sur les remparts offrait un autre spectacle non moins passionnant : celui du fleuve et des bateaux. Les longues barques plates, aux extrémités très hautes et gracieusement recourbées, sillonnaient l’Euphrate en tous sens, mues par les larges rames des mariniers. Chargées de céréales ou de tissus, elles importaient et exportaient nombre de produits dont le commerce assurait, en dépit des guerres, la prospérité́ de la cité. C’était surtout par ses tissages qu’Ur s’était acquise une solide réputation, et si la publicité́ avait déjà̀ été de mode, nul doute que notre patriarche n’eût eu son enfance bercée de formules lapidaires : « Un tissu de qualité s’achète à Ur en Chaldée ».
Mais ceci n’est pas une simple boutade. À la publicité́ est liée pour nous aujourd’hui la production industrielle, non pas artisanale, et nous avons tendance à retrancher à la fois ces deux notions de la vie antique, habitués par notre familiarité́ avec la civilisation gréco-romaine à limiter le tissage, par exemple, à la fabrication familiale. Il n’en était pas de même dans une cité aussi évoluée qu’Ur : les ateliers étaient nombreux et vastes, groupant un grand nombre d’ouvriers, et assurant une production qui, pour n’être pas encore tout à fait « en série » n’en était pas moins largement industrialisée.

À la mode de Sumer

Le kaunakes était le tissu le plus courant, grosse étoffe imitant la toison des chèvres et façonnée le plus souvent en franges superposées.

Statue de Iku-Shamagan, Roi de Mari, portant le Kaunakes/Circa 2500 av. J.-C.

Les statuettes ne nous ont point révélé le costume particulier des bébés ni des enfants, mais celui des aînés nous est fort bien connu, et s’il est vrai que la mode est le plus puissant nivellateur des différences de nationalités, Abraham dut avoir, lui aussi, le costume des Sumériens de son époque. Le tissu, sorti du métier, n’était point taillé ni coupé : le morceau rectangulaire était drapé autour du corps, laissant à nu l’épaule et le bras droits, et se fermant sans l’aide d’aucune agrafe par un pan ramené́ par derrière, de l’épaule gauche sous le bras droit, pour repasser dans le premier tour du vêtement, de manière à former un point d’attache tout-à-fait solide.
De ce fait, la marche découvre les jambes, surtout la jambe gauche : aussi le Sumérien porte-t-il en linge de dessous une sorte de petit châle drapé comme une moderne « couche- culotte », et qu’il appelait « vêtement de pudeur ». Sur le kaunakes, surtout pour les cérémonies, un châle orné de galons et de glands descendait comme le kaunakès presque jusqu’aux pieds. Sur la tête, une coiffure de forme variée, allant de la tiare jusqu’au simple ruban destiné à maintenir la longue chevelure nouée en chignon.
Tout nous porte à croire qu’Abraham, comme ses contemporains, portait une abondante barbe, soit taillée bien droite à mi-joue et descendant jusque sur la poitrine, soit en un collier imposant qui laisse les joues à nu mais descend très bas lui aussi.

Ur, cité des dieux

Térah, Abraham, Nahor, toute une population grouillante, déambule au long de la ville dans ce costume qui est de règle. Point de pavés dans les rues étroites et tortueuses : mais des ordures, que les ménagères vont jeter là à défaut d’égout et qui, piétinées, agglomérées, forment le sol des rues qui s’exhausse ainsi lentement. En quittant les remparts pour pénétrer au cœur de la cité, on rencontre bientôt une enceinte rectangulaire, pour faire le tour de laquelle il faut un bon quart d’heure, puisqu’elle occupe près d’un kilomètre carré. C’est à la fois le centre géographique et le centre spirituel d’Ur : le temenos, l’emplacement sacré de Nannar, le dieu-lune, au culte duquel Ur est voué, en une sorte de lieu de pèlerinage. Franchissons l’une des portes taillées dans la muraille, et après un tunnel d’une douzaine de mètres analogue aux guichets du Louvre, nous voici à l’intérieur de cette véritable cité divine. L’un à côté́ de l’autre, les temples s’alignent en l’honneur de Nanar et de son épouse Ningal. Car le couple lunaire est la plus vénérée des divinités mésopotamiennes. Babbar-Shamash, le dieu soleil, est seulement issu du couple lunaire ; et Nanar-Sin, le dieu-lune avec sa longue barbe aux reflets de lapis-lazuli, et Ningal aux boucles d’oreille en forme de croissant, sont les divinités tutélaires de toute la vallée du Tigre et de l’Euphrate, jusque tout au Nord, à Haran, où, comme à Ur, le culte atteint des proportions particulièrement solennelles. Juste autour des temples, des ateliers grouillants de brodeurs, chargés de parer les autels des tissus les plus somptueux ; des cuisines aussi où se préparent les repas des dieux et de leurs serviteurs humains.

Bas-relief représentant le dieu Shamash faisant face au roi babylonien Nabû-apla-iddina /circa 888-855 av. J.-C.

Mais, si l’on peut dire, le saint des saints du temenos est la tour carrée à quatre étages, dont le sommet est le plus vénéré́ des sanctuaires. Cette ziggurat, comme on en retrouve dans toute la Mésopotamie, est particulièrement bien conservée à Ur. Construite dès le début du troisième millénaire par les monarques de la première dynastie d’Ur, elle était, à l’époque d’Abraham, en pleine splendeur, et les pèlerins venaient de loin pour faire leurs dévotions au dieu-lune dans la très sainte chapelle de la ziggurat. Et même lorsqu’en sortant du temenos, nous retournons dans le dédale des rues, chaque carrefour, chaque coin nous offrent une chapelle, une corniche, un reposoir, où une statuette du dieu ou de la déesse invite à poursuivre à travers toute la ville ainsi sanctifiée, les prières et les offrandes.

Quand Abraham garde la boutique…

Les données du Midrache (Midrach Beréchite Rabba 38,19) indiquant que le père d’Abraham était marchand d’idoles revêtent immédiatement, à la lumière de ces découvertes, une prodigieuse importance. Fabricant, marchand d’idoles, c’était un métier de premier ordre dans cette ville de pèlerinage. Les commandes devaient affluer et l’aisance régner au foyer de Térah. L’idolâtrie s’offrait pour l’enfant Abraham à la fois comme la forme la plus naturelle du culte et, en même temps, la plus rentable. Quelle alarme dans la maison paternelle quand un beau jour l’enfant rebelle s’avisa de briser la plus belle idole, celle sans doute que les prêtres venaient de commander pour le plus sacré sanctuaire de la ziggurat. Quel effondrement pour un père de voir son fils à ce point « détaché » de cette idolâtrie forte, exaltante, enrichissante, dont toute la ville était baignée et très profondément imprégnée.
Abraham, l’enfant du midrache, vendant ses idoles dans les rues d’Ur aux pèlerins venus de toute la région, ou bien s’en allant à dos d’âne livrer les statuettes qui venant de la ville sainte étaient particulièrement bénies, aux paysans, aux commerçants des faubourgs ! Et puis, le soir venu, le voici ramenant le reste de ses marchandises à la boutique paternelle. Un beau magasin, assurément. Ur, qui après ses crises politiques a besoin d’un redressement financier, consacre tous ses efforts au développement de son commerce. Si les rues sont un peu délabrées, si les maisons ne sont pas toujours parfaitement entretenues, les boutiques, elles, essayent d’attirer le client par leur belle présentation. Un contrevent en bois pour protéger des intempéries, et, au-dessous, le seuil de la fenêtre servant de comptoir. L’enfant y place les statuettes qui « feront la vitrine » demain. Puis il franchit la porte. Il pénètre dans un petit vestibule carrelé́, possédant une rigole dans laquelle il commence par se laver les mains et les pieds ; puis il pénètre dans la cour centrale.
La maison du marchand d’idoles au commerce prospère devait être en tous points semblable à celles que l’on a découvertes, maison de gens de classe moyenne autour du deuxième millénaire : peut-être même était-ce l’une d’elles, et qui sait si sur telle cour pavée mise à jour par les archéologues, Abraham le patriarche n’a pas appris à marcher.

De la maison à l’école

La demeure est spacieuse. N’imaginons pas de petites masures de deux ou trois pièces, rudimentaires et inconfortables. Non, il y a dix, parfois même treize ou quatorze chambres disposées autour de la cour découverte, d’où elles reçoivent la lumière. Elles sont réparties entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Un escalier en brique établit la communication. Derrière l’escalier, le lavabo, avec son évier en terre cuite, et la cuisine reconnaissable à sa cheminée et à sa vaisselle d’argile. Puis, des pièces de réception. Au premier, les chambres à coucher, comme dans nos plus modernes villas.
Le soir, à l’heure tardive où Abraham rentre après sa journée de travail, on commence d’allumer dans les coupes d’argile les mèches baignant dans l’huile, et quelques invités viendront peut-être tout-à-l’heure dans la chambre des hôtes, s’étendre sur les coussins et les tapis, en dégustant un bon fromage de chèvre, spécialité de la région. Puis on montera se coucher en gagnant par l’escalier la galerie surplombant la cour et dans laquelle débouchent les chambres. Les esclaves éteindront les lampes, et la déesse Ningal veillera seule sur la sainte cité : « Tout reposait dans Ur… »

École, ce matin ! Sur cette perspective souriante, Abraham s’est tôt levé. Nous le connaissons assez pour être persuadés qu’il préférait l’école à la vente des idoles. Était-il admis dans les écoles des enfants sumériens ? Impossible de le savoir. Mais en supposant même qu’il y eût des écoles spéciales pour les non-sumériens, il est bien vraisemblable qu’un programme identique — au moins dans ses grandes lignes, y était en vigueur.
Peu d’élèves dans chaque école, une douzaine environ. On y enseigne évidemment le sumérien. Mais, dès 2500, les Sémites se répandent si nombreux dans la région que l’on est obligé aussi d’apprendre les dialectes sémitiques. Chaque enfant a une tablette ronde en argile et un petit calame. Les premiers temps, comme tout le monde, Abraham a dû faire des bâtons. Et puis, les progrès venant, le maître s’est mis à inscrire d’un côté de sa tablette des mots en cunéiforme, en hébreu peut-être aussi ; et l’enfant attentif étudiait le modèle qu’il reproduisait ensuite sur l’autre face de la tablette. Il y avait également l’heure de la dictée : généralement quelque maxime pieuse en était le texte, et s’il y avait trop de fautes d’orthographe, le maître exigeait qu’on la recopie cinquante fois. Abraham faisait-il zéro faute dans ses dictées, ou entendait-il déjà le multiséculaire « tu me feras cinquante lignes » ? Point que la Bible a omis de nous transmettre et pour lequel nous sommes réduits aux hypothèses les plus désespérées.

Tablette d’écolier/Basse Mésopotamie/Fin du IIIème millénaire avant J.- C./Argile/Musée du Louvre,

Puis venait l’heure de grammaire, avec interrogation écrite ou orale sur les verbes, ceux qui sont réguliers et ceux qui ne le sont pas, cauchemar qui ne fut sans doute point épargné à Abraham enfant. La lecture expressive, celle des hymnes du Temple, et c’était en même temps le cours de religion. Enfin l’heure de calcul, de la plus haute importance dans Ur la commerçante : additions, multiplications, divisions, tout y est enseigné, et, en grandissant, Abraham apprit-il, comme ses camarades sumériens, à extraire des racines carrées et jusqu’à des racines cubiques ? Là encore, mystère que la Bible laissera toujours planer pour nous.

Abraham, un « bon parti »

Nanti de tout ce bagage, Son choix se porte sur Sara, sur elle seule. En pays sumérien aussi, la monogamie est habituelle ; le cas d’une stérilité́ prolongée autorise néanmoins le mari à prendre une deuxième épouse, mais qui n’a jamais les mêmes droits que la première. La femme n’est point, dans ce pays extrêmement policé, une sorte d’esclave de harem. Elle est une personne libre, à qui sont reconnus droits et valeur. Elle peut témoigner en justice et se livrer au négoce, avec ou sans l’autorisation maritale. Et quand, en l’absence de son mari, elle assure la direction des affaires, elle peut prélever pour son usage personnel un tiers de bénéfices. Que l’on ne s’étonne pas alors de trouver, un peu plus tard, Rebecca, à Haran, consultée à la manière moderne sur le choix de son époux, ni de la voir partir, indépendante et aventureuse, à la conquête du fiancé inconnu. Pour le mariage d’Abraham, les choses semblent s’être passées plus simplement, et sans doute le contrat de mariage fut-ii, avec l’approbation des deux familles, enregistré sur les tablettes des archives qu’un jour, peut- être, un archéologue découvrira.
Abraham, jeune homme, devait représenter ce que nous appellerions aujourd’hui un excellent parti. Ses idées religieuses, un peu bizarres pour le moins, ne portaient cependant pas atteinte à sa situation aisée ni à la solidité́ du commerce paternel auquel il est associé. Car les revenus de la famille de Térah ne se limitent pas à ceux de la vente des idoles. Si, comme les textes de la Genèse permettent peut-être de le déduire, il possède un abondant bétail, ce n’est sûrement pas uniquement pour avoir de la laine à tisser.

Mosaïque /Étendard découvert dans les tombes royales de UR/Face : la paix/British Museum

Ur, nous l’avons vu, fait le tissage en gros : il faut se représenter Abraham et son père à la tête d’une sorte d’entreprise de transport commercial. Le chameau et l’âne, et même le gros bétail, étaient les meilleurs véhicules à une époque où, en Mésopotamie, le cheval était pratiquement inconnu.

***

Une intense vie économique

Les marchands de Sumer sillonnaient tous sens les routes du Moyen-Orient et jusqu’en Cappadoce.
Les très nombreuses tablettes commerciales attestent une comptabilité́ extrêmement précise, et le relevé́ minutieux des marchandises importées et exportées des secteurs les plus éloignés. Des courriers royaux assurent un service postal régulier entre le marchand et sa clientèle : la lettre est une tablette d’argile et, en raison des garanties exigées par ces opérations lointaines, nous comprenons aisément le développement de la glyptique dans l’art sumérien : chaque tablette devait, pour être réputée authentique, porter le sceau de son scripteur, sceau cylindrique que l’on roulait sur l’argile frais et qui servait d’arrière-fond à la correspondance tracée au calame. Des tablettes de ce genre servaient aussi de lettres de change, permettant au marchand de commercer tout au long de la route et d’échanger constamment ses produits selon les nécessites locales, entre Ur et son point d’arrivée, et vice-versa.
C’est dans l’engrenage de ce commerce à vaste échelle qu’il nous faut situer le relais qu’aux portes de la ville devait représenter l’entreprise de Térah. Peut-être même, entreprise avec des succursales, dont une devait tout naturellement s’établir à Haran, ville consacrée comme Ur au dieu-lune et qui, avec un grand débouché aussi pour la vente des idoles, offrait d’importantes possibilités commerciales comme dans tout centre de pèlerinage. Si donc Abraham et les siens devaient quitter Ur, leur choix allait presque à coup sûr se porter sur Haran où ils pouvaient compter trouver une situation financière analogue, surtout en laissant Nachor à Ur, — comme l’indique le récit biblique — pour maintenir dans le sud une sorte de succursale, la maison-mère ayant transféré́ son siège à Haran.

Habirou / Hébreux ?

Reste à savoir pourquoi cette migration, alors que leur sort dans Ur ne nous a pas paru jusqu’ici misérable. Deux éléments nous aideront peut- être à trancher ce problème, mais leurs données historiques, chronologiques, ethnographiques sont si controversées que nous entrons dans le domaine de l’hypothèse pure. Quand de nouvelles campagnes de fouilles auront plus nettement explicité le contenu ethnique du terme Habirou et la date exacte du règne d’Hamourabi (que pour le moment les historiens situent contradictoirement en des dates variées s’échelonnant sur quatre ou cinq siècles), alors peut-être pourrons-nous quitter la prudence de l’expectative. Pour le moment, nous nous limiterons aux résultats les plus récents, et ceux du Père Roland de Vaux en particulier, mais sachant que nous bâtissons encore un peu sur du sable.
Nous savons par diverses inscriptions qu’en Sumer résidait autour de l’an 2000 une peuplade nommée Habirou. Le rapprochement linguistique a immédiatement fait penser à identifier ces Habirou avec les Hébreux dont certains, comme la famille d’Abraham, résidaient précisément à cette époque en pays sumérien. Mais des difficultés surgissent, car la présence de ces Habirou est aussi attestée au XIXème siècle et au XVème en Asie Mineure et à l’est du Tigre, lieu où rien ne décèle la présence d’Hébreux à cette époque. Cependant, si les Hébreux n’étaient qu’une branche parmi les descendants d’Heber et que le terme général de Habirou s’appliquait à toute la descendance composite de ce Heber qui vécut six générations avant Abraham, nous pourrions supposer que les Hébreux de la famille de Térah constituaient une des tribus habirou. Ceci serait très important, car les Habirou sont définis dans les textes sumériens par deux qualités. D’abord, ce sont presque tous des mercenaires servant dans l’armée du pays ; ensuite, l’idéogramme qui les désigne signifie « pillards — et coupeurs de gorge ».
Nous serions en présence d’une des formes les plus anciennes de l’antisémitisme, et l’on imagine aisément qu’à la moindre difficulté d’ordre politique ou économique, les Habirou seront tenus pour responsables.
Or, la situation politique à Ur autour de 1900, date probable de la migration d’Abraham, semble en effet avoir été très angoissante. Même si nous adoptons les dernières hypothèses chronologiques et supposons Hamourabi postérieur de 150 ans au départ d’Abraham, il n’en demeure pas moins qu’une dynastie sémite nouvelle est en train de se fonder à Babylone, et que dès l’avènement du premier roi, Sumu- Abum, son regard convoiteur se dirige vers les riches contrées du sud affaiblies par toute une série de guerres. Mercenaires dans une armée dont la défaite n’était que trop à redouter : situation peu alléchante ; et les Habirou avaient lieu de songer à porter ailleurs leurs services. Mal vus dans un pays redoutant l’invasion étrangère, et précisément une invasion sémite : raison de plus pour fuir des brimades possibles et un séjour risquant de devenir dangereux.
Enfin, si nous admettons que Térah possédait déjà des troupeaux et, par là, une entreprise de transport, il est certain que la perspective d’une invasion babylonienne paralysant le commerce, encombrant les routes et provoquant la plus grande insécurité pour les courriers et les trafiquants, devait pousser un commerçant soucieux de l’avenir de ses enfants vers des cieux plus cléments.

Partir

Où les trouver ? Vers le nord, au delà de cette Babylone qui semble un dangereux agent perturbateur. Vers Mari, où des princes sémites ont
fondé une puissante monarchie et où l’accueil de l’existence du patriarche risquerait d’être un peu chaleureux ? Mais Mari, ville riche, très développée, fera difficilement place dans son équilibre commercial à de nouveaux venus. Alors, aller plus loin, pousser jusqu’à Haran, où les liens qui unissaient cette ville à Ur leur aurait rendu l’adaptation plus facile, et peut-être même se porter vers le littoral, vers Canaan, où le commerce avait sans doute besoin de guides experts formés à la bonne école sumérienne ? Le texte biblique indique que cette possibilité́ avait été envisagée par Térah. Cependant il n’alla pas jusqu’à la côte : il s’arrêta à Haran, ayant probablement rencontré dès son arrivée les conditions de sécurité́ matérielle qu’il recherchait. Et la famille restera là, solidement établie pour plusieurs générations.
Seul Abraham quitta Haran, et pour des raisons qui ne sont point d’ordre économique. Bien au contraire : riche, marié, propriétaire, tout devait l’inciter à rester avec sa famille dans la paisible Haran où s’offrait à lui une vie raffinée. Quitter toute la douceur de la maison, les facilités de la ville, l’agrément d’une cité évoluée, pour partir sous la tente, dans l’inconnu, au-devant du risque, c’était faire un bond prodigieux. Le radical changement de vie que va entraîner pour Abraham son arrivée en Palestine, les fouilles d’Ur-en-Chaldée permettent d’en saisir l’importance. Elles nous permettent du même coup de mieux mesurer la puissance de la vocation divine qui lui fait facilement quitter le confort pour l’aventure à un âge où habituellement (Abraham a 75 ans à son arrivée en Canaan) le goût du risque a cessé́ de vous tenailler.

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Ur-en-Chaldée. « Les savants ne s’accordent ni sur l’emplacement de cet Ur, ni sur son existence ». C’est en ces termes qu’une édition savante de I860 commente le début du douzième chapitre de la Genèse. Il y a même encore trente ans, l’enfance et la jeunesse d’Abraham s’estompaient dans cette incertitude, et le drame religieux n’était évoqué que très fugacement à l’arrivée en Palestine. Dans le flou de son passé, qu’importait au patriarche une nouvelle errance : Dieu inspirait l’une ; les hommes en provoquaient d’autres ; la différence n’était pas fondamentale. La véritable vocation religieuse d’Abraham se situait à un autre moment, lors du sacrifice d’Isaac. Et pour un Kierkegaard, par exemple, c’est en cet unique instant que se cristallise la lutte religieuse.
Dans les fouilles d’Ur-en-Chaldée, nulle tablette encore n’indique la présence d’un certain Abram, ni de sa femme Saray. L’archéologie n’est point pour nous une preuve, et la science humaine est bien orgueilleuse qui ose affirmer « la Bible a dit vrai » parce que nos découvertes donnent raison au texte sacré. Non, comme l’a dit bien souvent Jacob Gordin, la Bible n’a pas dit vrai parce qu’on a retrouvé́ quelque part des pots ébréchés et quelques pierres branlantes. Une vérité́ plusieurs fois millénaire se mesure autrement qu’en fonction de fragments de tessons. Mais l’archéologie nous permet de dresser derrière le texte l’arrière-fond qu’elle nous révèle. Alors les personnages se mettent à mieux nous parler, et dans cette vie qu’ils retrouvent, chaque parole, chaque appel revêtent un pathétique accru. Et grâce à Ur retrouvée, l’image d’Abraham quittant sa ville presque moderne pour obéir à l’ordre divin, ne peut plus se séparer de celle du premier pionnier abandonnant la douceur d’un foyer paisible pour franchir les espaces et planter le premier arbre de la Palestine nouvelle.

Indications bibliographiques

André Néher

  • Critique biblique et tradition juive, suivi de Trois textes sur la Bible, Édités, annotés et présentés par Enrico Lucca, Paris, Éditions de l’Éclat, 2022, Collection « Philosophie imaginaire ».

Civilisation Mésopotamienne

Jean Bottéro

  • Babylone et la Bible : Entretiens avec H. Monsacré, Paris, Hachette Littératures, 1994, Collection Pluriel.
    Présentation de l’éditeur : … Dans ces entretiens, conçus comme une promenade à travers sa vie et son œuvre, l’auteur nous révèle l’étendue de son champ d’étude : après l’histoire des plus vieilles religions sémitiques, il travaille sur l’Ancien Testament et les langues bibliques, avant de se persuader que la Bible elle-même devait avoir derrière elle une longue et riche histoire, attestée par des dizaines de milliers de tablettes d’argile, en écriture cunéiforme.
  • La plus vieille religion : En Mésopotamie, Paris, Gallimard, 1998, Collection Histoire.
    Présentation de l’éditeur : La Mésopotamie n’a pas seulement inventé l’écriture. Elle est également le creuset de la plus vieille religion à ce jour connue.Religion s’entend au sens le plus strict : un Panthéon de divinités dans lequel chacun se voit attribuer un rôle et une fonction propres, dont l’intercession s’obtient par des rites codifiés, dont les volontés se manifestent à travers des signes qu’une classe de prêtres sait interpréter.Des divinités accessibles, dont le monde est à l’origine du monde des humains, dont les structures hiérarchiques modèlent, sur terre, celles de l’univers politique et social.Des divinités présentes, actives, mais à aimable distance des hommes, au point que ceux-ci ont le loisir d’élire, selon les circonstances de leur vie, celle ou celui à qui ils réserveront une dévotion particulière.Une religion qui invente des rites, des récits (celui du Déluge), voire des épopées (celle de la Création ou de la Naissance du travail) dont, par contamination, les religions des pays voisins, aux civilisations moins élaborées, s’inspireront ou qu’elles retravailleront.Une religion, véritable : certainement le premier système de croyances fortement élaboré, qui fut le creuset de ce qui a moulé notre monde : le monothéisme.
  • Au commencement étaient les dieux, Paris, Fayard, 2012, Collection Pluriel.
    Présentation de l’éditeur : Cet ouvrage, qui rassemble les textes que le grand historien a consacrés au monde mésopotamien, évoque autant la vie quotidienne à Babylone que la naissance d’une inquiétude religieuse. Avec les hommes et les femmes d’autrefois, et particulièrement avec les habitants de cette Mésopotamie qu’il a tant contribué à nous faire connaître, Jean Bottéro a un rapport direct, immédiat, une relation de voisin à voisin.