La double fidélité du judaïsme marocain

par Ariel Danan

Haïm ZAFRANI, Deux mille ans de vie juive au Maroc : Histoire et culture, religion et magie, Première édition : Paris, Maisonneuve et Larose en 1983, Casablanca, Retnani Éditeurs, 2010.

En France, en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Amérique Latine même, et, bien sûr, en Israël … Dans la seconde moitié du XXème siècle, les Juifs du Maroc, après avoir massivement quitté le Maghreb, ont essaimé un peu partout dans le monde. Mais où qu’ils se soient fixés, ils ont perpétué le souvenir de leur riche passé culturel, la mémoire du temps où ils formaient, en terre arabe, une véritable société juive. Un monde bimillénaire qui a disparu…
Pour se représenter l’éclat et le dynamisme de la « vie juive » marocaine d’antan, les travaux de Haïm Zafrani demeurent indispensables. Ses recherches (savantes) permettent de cerner les particularités d’un judaïsme enraciné dans la société musulmane qui l’accueillait…

Entre deux mondes

D’emblée, Haïm Zafrani indique le fil conducteur de son étude : il entend montrer que le judaïsme marocain se caractérise par une « double fidélité » (p.290) : il a conservé et entretenu les traditions mais aussi la haute science rabbinique tout en étant « le produit du terroir maghrébin où il est né, où il s’est fécondé et où il a vécu, durant près de deux millénaires… », p. 9.

Vieillards dans le Mellah de Casablanca/1948

Plutôt anthropologue qu’historien, Haïm Zafrani ne s’attache pas à relater, par le menu, l’événementiel et n’entre pas dans l’examen de la vie politique mais place son propos sur un temps long ; un rapide survol historique introductif souligne néanmoins l’importance et la vitalité d’une communauté juive marocaine qui a pu trouver les moyens de prospérer, malgré tout, au sein d’une société arabo-musulmane où les Juifs, comme les Chrétiens, étaient dans une condition d’infériorité, « dégradante et souvent précaire » p.14, « dans un rapport de dominant à dominé, au niveau politique comme au niveau religieux », p.17.
Il n’est donc pas question, en célébrant les fastes d’une culture qui doit beaucoup à l’Islam et à la civilisation arabe, d’occulter ou d’édulcorer les périodes de tensions et de drames : « Le judaïsme marocain connut aussi la persécution, les exactions, les brimades », surtout « en ces périodes de passion et de violence qui marquaient les interrègnes difficiles, les vacances de pouvoir et d’autorité, les révolutions de palais, les grands bouleversements dynastiques », p.17.  
Cependant, même le statut de dihmmi peut aussi s’analyser comme une forme de protection juridique, conférant une large autonomie culturelle et administrative, un régime « somme toute libéral » grâce auquel « les deux groupes confessionnels, musulman et juif (…) coexistaient (…) dans une collaboration féconde, le plus souvent dans la tranquillité et la paix », p.15.
Cette relative quiétude explique que les Juifs d’Espagne fuyant la persécution chrétienne, s’installèrent, dès avant le terrible édit de 1492, par vagues successives, « en Berbérie, dans les ports méditerranéens ou atlantiques et dans les métropoles de l’intérieur du pays ». Ils apportaient « avec eux leur vieille langue castillane, leur science, leurs institutions, (…) leurs usages, leurs coutumes, leur esprit d’entreprise », p.123.

Une société juive

Ainsi se forme une société juive constituée essentiellement par deux groupes ethniques qui vivent d’abord côte à côte, avec des institutions communautaires distinctes : les « megorashim »/מגורשים/les expulsés, les Européens et les « toshabim »/ תושבים/les autochtones, les indigènes;deux groupes fort différents que distinguent « l’origine, la langue, le niveau de culture, des différences de rite et plus encore de conceptions sociales et de mœurs », p.123. Progressivement, ces deux groupes auront des échanges, se mêleront, voire fusionneront.

Cet ensemble humain, réparti dans l’ensemble du pays, s’est développé, à l’écart de la civilisation occidentale et dans le cadre confiné du mellah.

Mellah de Marrakech

Pourtant, malgré cet isolement contraint, il entretenait de constants contacts avec les autres diasporas ; H. Zafrani mentionne ainsi, entre de nombreux grands voyageurs, la figure romanesque du rabbin Moïse Ben Isaac Ed’Dery. Né à Agadir au XVIIIème siècle, il vécut successivement à Amsterdam, La Haye, Clèves, Cologne, Strasbourg… ; son érudition fut appréciée par d’éminents savants européens… à Paris, il aurait même été traducteur des langues arabes vers le français pour la Préfecture de Police. Il séjourna également à Lyon, Marseille, Genève, Livourne, Malte, Izmir, Jaffa et enfin Jérusalem, terme de sa vie de grand lettré itinérant (p.38-39).

Cependant, de manière générale, la vie juive au Maroc s’est déroulée sans qu’après la ruine de ce que l’on a appelé l’Âge d’Or andalou, les siècles passés n’aient guère « apporté de modification notable ni aux hommes et au paysage culturel ni à l’espace socio-économique et à la vie quotidienne », p. 289. Ce n’est que dans la seconde moitié du XXème siècle que la présence française et, avec elle, la « sécularisation, la laïcisation et l’assimilation (…) » p.18, conduiront – entre autres causes -, à son éclatement puis à sa quasi disparition.

Les grandes étapes de la vie juive

La démarche de Haïm Zafrani est celle d’un ethnologue d’un monde passé ou de ce qui en subsiste (souvent présent sur le terrain qu’il décrit) plus que celle d’un historien : se fondant sur l’observation directe, mais exploitant avec science et minutie des documents d’époque, notamment les recueils d’Ordonnances rabbiniques « hataqanote »/ התקנות et les « responsa »/consultations juridiques.

Il décrit ainsi les étapes de la vie juive, de la naissance à la mort, rythmée par la loi juive mais sur fond d’un imaginaire social judéo-maghrébin, lieu d’ « un symbiotisme, voire d’un syncrétisme où magie et religion se rencontrent » p.50 : L’enfance et l’adolescence (p.49-57) où – vrai fondement de toute vie juive – sont dispensés éducation et enseignement (p.58-77) ; puis vient le moment du mariage (p.78-94) célébré avec faste avec force coutumes et usage mais aussi réglé rigoureusement par le droit et dans tous ses détails (divorce compris). De manière analogue, le moment de la mort et tout ce qui l’accompagne (p.95-121) se traduit par le respect de la Loi et par un cérémonial « où les populations arabo-berbères, juives et musulmanes, de structure mentales analogues, se rencontrent, se retrouvent et se reconnaissent », p.95.

Haïm Zafrani rappelle, en préambule de la partie sur l’enfance, que « la stérilité est une malédiction » et que « l’enfant (de sexe mâle notamment) est désiré, attendu avec émotion, voire avec angoisse », p. 49 : de nombreux rites et superstitions accompagnent donc la grossesse puis l’accouchement de la future mère. Il décrit avec soin (p. 51-54) la cérémonie du tahdid, mêlant religion et magie, effectuée à la veille de la circoncision d’un garçon : « quand sonne minuit, on ferme porte et fenêtres et (…) on passe un vieux sabre ou un gros couteau sur les murs et les issues hermétiquement closes de la pièce où se trouve l’accouchée (…), puis on dépose l’objet métallique sous l’oreiller de l’énfant blotti contre sa mère », p.52. Rien négligé pour protéger la mère et l’enfant et pour désarmer la démoniaque Lilith…

Cérémonie du Tahdid

Le moment le plus important est évidemment la circoncision, réalisée le huitième jour après la naissance et qui donne lieu à des « manifestations joyeuses, des festivités et des réjouissances », p. 55. Le chapitre se conclut par une évocation rapide de la cérémonie de nomination des petites filles, « beaucoup moins solennelle » mais donnant lieu à un « bref rituel accompagné d’une collation, de manifestations joyeuses et de piyyoutim/ פיוטים/ poèmes liturgiques de circonstance », p. 57.

L’éducation, comme dans toutes les sociétés juives, revêt une place importante pour les Juifs du Maroc.

Classe dans le Mellah/Casablanca/1948

La première éducation est reçue à la maison avant que les garçons ne soient envoyés à la synagogue pour recevoir un enseignement élémentaire qui n’a pas pour but de « préparer les jeunes à la vie » mais à « la participation correcte au culte, l’initiation à une tradition, à un système de prescriptions négatives ou positives », p. 61. Globalement, il était obligatoire de laisser les enfants aller à l’école jusqu’à l’âge de treize ans ; les parents rémunéraient chichement le maître qui, très souvent, n’était que peu respecté et peu compétent (p. 64) et n’hésitait pas à recourir à toute une gamme de châtiments corporels dûment répertoriés (p. 66) … Cet enseignement élémentaire reposant presque exclusivement sur la mémorisation et le par cœur aboutissait à la bar-mitsva/cérémonie marquant la majorité religieuse, qui n’était pas forcément célébrée à l’âge de treize ans, mais quelquefois plusieurs années auparavant.

La jeune fille, en revanche, est exclue de toute éducation extérieure, devant se contenter d’un enseignement « au sein de la famille, par les rapports et les contacts avec les autres femmes. Sauf de rares exceptions, elle ne sait ni lire ni écrire. Elle veille au soin du ménage. », p. 71.

Jeune femme juive de Debdou/Carte postale/1914/MAHJ

L’auteur note que, malgré tout, « l’analphabétisme de la femme n’exclut pas sa participation à la vie spirituelle du foyer et son rôle dans l’éducation de ses enfants est parfois considérable. », p. 71. Il ajoute : « Il ne faut (…) pas se représenter la femme juive maghrébine comme une sorte de mineure perpétuelle. Dans le cadre d’une société où l’homme domine, elle n’est pourtant pas aussi effacée qu’on pourrait le croire à première vue », p.72.

Il est particulièrement étonnant que Haïm Zafrani – grand serviteur de l’Alliance israélite universelle puisqu’il y a été instituteur, inspecteur et co-délégué, ne consacre que quelques lignes (des réserves essentiellement) à l’égard de l’AIU qui apporte avec elle « l’esprit et les méthodes de l’enseignement français, un laïcisme et une sécularisation qui, d’abord, suscitent des réserves et créent un certain désarroi parmi les rabbins et les juifs attachés aux traditions ancestrales, mais dont tout le monde finit par s’accommoder », p. 76. Sans doute préfère-t-il mettre l’accent sur les formes d’enseignement plus traditionnelles, formation ininterrompue dans le cadre des offices synagogaux, soit dans le cadre « des corporations d’artisans et de commerçants, ou au sein de confréries spécialisées », p.73 ; particulièrement sur les séances d’étude, ferventes, qui réunissaient les hommes au cœur de la nuit.

Après des considérations sur les règles juridiques s’appliquant aux fiançailles puis au mariage, Haïm Zafrani rappelle que la polygamie était permise au sein de la communauté des toshabim –– conformément au droit talmudique, mais limitée en pratique aux cas où la première femme était stérile ou lorsqu’il fallait appliquer la règle du lévirat obligeant le frère du défunt d’épouser la veuve restée sans enfants (p. 81). Du côté des Juifs venus d’Espagne, des taqqanote interdisaient la bigamie mais furent battues en brèche sous la pression de certains, avec l’appui du Sultan, ce qui mit les rabbins en difficulté. Finalement, la polygamie demeura la règle notamment en cas de lévirat, si la première épouse n’avait pas eu de garçons, si elle était souffrante ou si le mari se trouvait éloigné géographiquement de sa première épouse et ne pouvait la rejoindre (p.83).

Les festivités du mariage, qui débutent plusieurs jours avant le mariage et une semaine après sont décrites avec un luxe de détails (p. 83-91). Les principales étapes en sont la signature du contrat (la ketoubah/ כְּתוּבָּה), le bain rituel de la future mariée, la célébration du mariage lui-même, en général un mercredi, marquée par la lecture publique de la ketoubah et la récitation des sept bénédictions.

Fiancée juive

Haïm Zafrani traite enfin du divorce qui constitue dans le judaïsme en une « répudiation écrite, le guète / גט, dont, en principe, seul le mari dispose », p. 92. Les motifs en sont « des plus graves au plus futiles », l’adultère et le refus de cohabitation en sont les plus courants. L’auteur cite des exemples montrant que les rabbins marocains ont régulièrement cherché à protéger la femme, dans ce processus particulièrement déséquilibré (p. 93-94).

Le chapitre suivant est consacré à la mort qui « donne lieu à un nombre considérable de rites, orthodoxes et hétérodoxes », p. 95. Folklore, culte, magie sont intimement liés, à tel point qu’il est souvent difficile de les dissocier. Haïm Zafrani décrit également la célébration de l’anniversaire de décès des rabbins, communément appelée hilloulah, « genre de fête foraine, à la fois religieuse et profane, comparable à l’usage islamique du moussem », p. 116. C’est un moment propice, selon les croyances, pour obtenir de Dieu, par l’intermédiaire des rabbins dont on commémore la hilloulah, réponse aux prières, qu’elles concernent guérison, naissance des enfants ou mariage. Notons que certaines tombes étaient révérées tant par les Juifs que par les Musulmans, provoquant des « manifestations de symbiotisme culturel, voire de syncrétisme religieux, qui peuvent paraître surprenantes. », p. 118. L’un des grands mérites de Haïm Zafrani est de proposer des traductions de textes liturgiques, para-liturgiques et littéraires. Ainsi, voici un court extrait d’une élégie de Jacob Aben Sur à la mémoire de notables de Fès et de Meknès exécutés en 1712 sur ordre de Moulay Ismaïl :

« Des hommes insolents les entourent de faisceaux de branches,

Les traînent au bûcher,

Les poussent dans les flammes,

Les abreuvent de paroles amères.

Rien de leur chair n’est épargné.

Ils proclament (néanmoins) l’unité de leur Créateur,

Et l’équité de son jugement. », p. 121.

Société, économie et religion

Après avoir mis l’accent sur le cours de la vie individuelle, Haïm Zafrani décrit les institutions communautaires dominées par le conseil de la communauté composé de rabbins (sages et juges) et de notables ; ces derniers forment « une oligarchie ploutocratique qui, en règle générale, sert le bien public avec zèle et dévouement », p. 125. A la tête du conseil, se trouve le chef de la communauté, le nagguide, qui assure la liaison entre la communauté et le pouvoir politique et « dispose de pouvoirs étendus », p.126. Le conseil régit la vie de la communauté par ordonnances.

La justice est rendue par le tribunal rabbiniqueBet Din/ בית דין – dans de larges domaines : questions religieuses évidemment mais également droit commercial, contentieux immobiliers et « litiges entre Juifs » (p. 128). Les institutions communautaires se financent par des cotisations selon la fortune de chacun et par une fiscalité indirecte, principalement la taxe sur la viande cacher (p. 136). Mais le poids de la fiscalité imposée par le Sultan pesait lourdement sur les épaules des Juifs à cause des impôts liés à leur statut de dhimmi et à « toutes sortes de contributions extra-légales auxquelles il faut encore ajouter les confiscations, les amendes, les corvées, les dons corrupteurs » p. 135.

Comme dans d’autres parties de son étude, Haïm Zafrani utilise les décrets et les responsa des rabbins comme source principale pour analyser la structure socio-économique communautaire. Il rappelle qu’à l’intérieur du mellah, la très grande partie de la population est composée d’artisans, de commerçants, vivant très petitement et d’une forte minorité d’indigents à qui la communauté vient en aide (p.145). Les principaux commerces dont nous trouvons témoignage dans les sources rabbiniques sont ceux des céréales, des tissus, de la cire d’abeille, des tabacs, des peaux et de l’huile d’olive (p.150-151).

Bijoutier juif/Tafraout/1960

Le travail des matériaux précieux – la frappe de monnaie, bijouterie, travail du fil d’or et d’argent, commerce de l’or – était quasi-exclusivement réservé aux Juifs (p.152-154) car il était interdit à un Musulman de vendre un métal précieux plus cher que son poids, infraction assimilée à l’usure. En revanche, comme dans la plupart des diasporas, fort peu de Juifs exerçaient des métiers agricoles bien qu’il ne leur ait pas été interdit – comme en Europe – de posséder des terres et de les cultiver (p. 158).

Haïm Zafrani consacre la dernière partie de son ouvrage à la « Vie intellectuelle : culture et religion » (p.167-287) – son grand champ de recherche – qui documente « l’effervescence religieuse et l’atmosphère de spiritualité optimiste qui ont régné au sein de communautés oubliées », p.167. Par la multitude d’exemples cités, il prouve, s’il en était besoin, combien cette vie intellectuelle a été riche et féconde dans des domaines tels que le droit hébraïque et, surtout, la poésie.

Les poètes juifs du Maroc calquent et enrichissent le modèle de la poésie espagnole et multiplient les références à la Bible, au Talmud et à la littérature rabbinique (p.182). Mais la poésie des Juifs du Maroc est indissociable de la musique qui donne au poème « une dimension et une signification qui dépassent son contenu » p.187.  Les Juifs – mais aussi les Musulmans – du Maroc « ont pieusement conservé le souvenir de la musique hispano-arabe », p. 187. Les premiers nommés ont continué à jouer cette musique venue de l’Andalousie médiévale lors des fêtes familiales mais surtout en l’adaptant aux chants liturgiques (piyoutim/ פיוטים) ou avec des « mécanismes de substitution du texte hébraïque au texte arabe primitif […]. Les deux versions musicales concordent parfaitement, les lignes mélodiques se recouvrent exactement. », p.188.

Musiciens juifs de Mogador/Delacroix/1847/Musée du Louvre

La vivacité intellectuelle des Juifs du Maroc se retrouve également dans leur production mystique, homilétique et exégétique. À travers ce panorama, il ne faudrait pas oublier la production littéraire orale, qui ne s’adresse donc pas uniquement aux personnes sachant lire et qui est donc d’un accès possible, notamment pour les femmes. Ses thématiques sont religieuses (traductions de la Bible ou de la Haggada de Pessah en judéo-arabe, judéo-castillan et judéo-berbère par exemple) mais également folkloriques (ballades, contes et légendes). Haïm Zafrani donne la traduction de textes consacrés à la fête de Pourim (p.210-211), à Job (p.211-213), à Moïse (p.213) ou encore à des poésies populaires « L’Amant » et « Le Caftan » (p.214-216).

Indissociable de la vie culturelle, se déploie une intense vie religieuse, rituelle, à travers un descriptif de la vie quotidienne, du Sabbat et des principales fêtes. Citons l’un de ses éléments les plus identifiés au judaïsme marocain, la Mimouna/ מימונה, célébrée à l’issue de la fête de Pessah, et dont Haïm Zafrani dénonce la récupération rabbinique ou les étymologies douteuses.

Table dressée pour la soirée de la Mimouna/La célébration juive marocaine de la Mimouna, au domicile de la famille Sabach, dans la ville méridionale d’Ashkelon, le 17 avril 2017/Photo par Edi Israel / Flash90

Après un descriptif anthropologique de sa célébration – vœux de bonne fortune, chants, multiples confiseries dégustées, passage de maison en maison, excursions – il insiste sur le fait que cette fête comporte « une dimension historique, messianique et rédemptrice » mais marque aussi « l’affirmation des liens profonds qui rattachent la minorité juive à la majorité musulmane », p.246.

La vie juive marocaine a été très riche sur les plans intellectuels et religieux. Haïm Zafrani en décrit avec finesse et tendresse la subtile beauté.

***

À partir du XIXème siècle, ce qui a semblé immuable durant plusieurs centaines d’années a brutalement été modifié en profondeur. Aujourd’hui, les Juifs ne sont plus au Maroc que quelques milliers, mais leur esprit et leur culture perdurent, ailleurs, dans d’autres contextes.

Il semble frappant que leur vie ait pu avoir été si féconde malgré une grande pauvreté, un statut politique inférieur et des périodes d’anti-judaïsme ayant fragilisé les êtres et les structures. À bien des égards – pour son esprit d’unité, pour sa capacité à tirer le meilleur parti de la vie qui lui était offerte – le judaïsme marocain continue d’offrir un beau modèle d’humanité, voire un exemple à imiter.

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