Note de lecture

Rédigée par Patrick Sultan

Bruno FISZON, Et Dieu créa l’Animal : L’animal dans le judaïsme, Tours, Éditions Transmettre, 2021, Collection « Au service de la Torah ».

Les animaux peuplent la terre… depuis la Création du Monde ! Selon le récit biblique ; ils précédent même l’homme dans l’ordre de la Genèse. Et – cet épisode biblique est bien connu -, quand l’humanité pervertie est condamnée à disparaître dans le Déluge, Noé reçoit l’ordre divin de sauvegarder chaque espèce animale.
Les animaux (domestiques ou sauvages) habitent, sans discontinuer, le monde humain et certains d’entre eux font, si l’on peut dire, figures de « vedettes » dans la Torah. On peut évoquer, pêle-mêle, les chiens qui s’abstiennent d’aboyer lors de la sortie d’Égypte, l’ânesse qui réprimande son maître Balaam, le poisson qui avale Jonas…
Le Grand Rabbin de Metz et de la Moselle, Bruno Fiszon, réfléchit sur la place qu’occupe l’animal non seulement dans la Bible, dans le Talmud mais aussi la pensée et la pratique juive. Et Dieu créa l’animal n’est pas, à proprement parler, un essai ; c’est plutôt l’embryon d’un essai à venir….

Cet ouvrage se compose de 19 brefs chapitres thématiques distincts qui font, trop brièvement, le point sur des questions que la tradition juive a été amenée à se poser : qu’entend-on par la « souffrance animale » ? que nous apprennent les bêtes ? quelle relation le règne animal entretient-il avec l’humanité ?
Bien évidemment, ces interrogations très anciennes, qui relèvent de la théologie, de l’éthique, de la ritualité religieuse sont devenues des questions d’actualité, et même l’objet de polémiques, ou au moins de controverses et de vifs débats au sein de la société quand, sous la pression de divers courants de pensée, on a voulu repenser à de nouveaux frais la « question animale » : doit-on interdire la chasse ? s’abstenir de toute consommation de viande ? donner à l’espèce animale un rang égal à celui de l’espèce humaine ? Le sacrifice animal, pratiqué abondamment à l’époque du Temple a-t-il encore un sens ?
Enfin, question plus pratique et politique : doit-on consentir à l’abolition des règles d’abattage rituelles édictées par la tradition juive ?

Chagall/Vache avec parasol/1946

Sur chacune de ces questions, l’ouvrage du rabbin Fiszon qui est aussi docteur en médecine vétérinaire, donne un bref aperçu qui éclaire avec concision le débat. Certains chapitres sont extrêmement, voire trop brefs (celui qui porte sur les « sacrifices » ne compte qu’une seule page !) et ainsi laissent à désirer…

Cependant le lecteur, soucieux de construire sa propre réflexion sur ce sujet de l’animalité, qu’on peut considérer sous différents angles, trouvera profit à ce précis sommaire, lacunaire mais simple, clair et éclairé.