Apologie de la défaite consentie

par  Manuel Durand-Barthez

Stefan ZWEIG, Jérémie (version de 1928), Titre original : Jeremias : Eine dramatische Dichtung in neun Bildern, Traduit de l’allemand par O. Mannoni, Préface d’A. Wieviorka, Paris, Payot & Rivages, 2014, Collection Petite bibliothèque Payot ; série Littérature, n°990.

Si la plupart des œuvres de Stefan Zweig ont toujours remporté un succès qui ne s’est jamais démenti, ses quelques pièces de théâtre sont, il faut le reconnaître, tombées dans un profond oubli. Thersite, La Maison au bord de la mer, Le Comédien métamorphosé : Un divertissement du Rococo allemand, Légende d’une vie, Un caprice de Bonaparte… Ces titres ne disent plus rien, même aux plus fervents admirateurs de l’homme de lettres viennois, pourtant universellement célébré. Cependant, il vaut la peine de découvrir Jérémie : ce drame pacifiste inspiré par la lecture de la Bible révèle, même si c’est indirectement, la conception qu’un écrivain imprégné de culture allemande fortement christianisée, pouvait se forger de l’histoire du peuple juif, de la destinée d’Israël.

Un belliciste repenti

« Grande victoire allemande à Metz. 10 000 prisonniers … Le courage vous revient d’un coup ; on est fier de la langue allemande, de la parler, de l’écrire. Enfin, une vraie victoire ! » […]
« Les victoires allemandes sont magnifiques. » […]
« La cathédrale de Reims bombardée et endommagée par les Allemands – j’entends d’ici le cri de rage par lequel va répondre le monde cultivé – et néanmoins ce fut un piège, un piège des Français qui voulaient que l’Allemagne se compromette moralement, car ils n’ont pas encore trop réussi à lui nuire d’une autre manière. »,  Journaux (les 21 et 25 août et le 24 septembre 1914), p. 67, 68 et 75.
Qui donc profère de tels propos belliqueux, voire bellicistes ? Un Stefan Zweig étranger aux convictions pacifistes, humanistes et internationalistes qui le feront connaître ! Il est alors âgé de 32 ans. Erreurs ou péchés de jeunesse réitérés dans ce recueil depuis le début de la guerre jusqu’au milieu de l’année suivante ?… Il faut, bien sûr, re-situer ces paroles dans le contexte éminemment complexe des relations austro-allemandes de l’époque, induisant à certains égards les sentiments mêlés d’un frère cadet vis-à-vis de son aîné, d’un complexe d’infériorité (osons le mot même s’il paraît un peu fort), presque de vassalité, mal vécu.
Quant à la langue allemande qu’il célèbre, c’est la Langue sauvée qu’Elias Canetti évoque au début de son autobiographie, honorée par l’intelligentsia juive (F. Kafka, J. Roth, et plus tard, P. Celan) dans la Mitteleuropa ; c’est la lingua franca parallèle au yiddish et partagée dans une communauté de locuteurs habités par la même culture, intellectuelle et/ou populaire.
Cependant, réformé de l’armée, Zweig est bientôt engagé dans le Kriegsarchiv (service d’archives et de documentation du ministère de la Guerre), en décembre 1914. Il est envoyé par son supérieur en Galicie occupée par les Russes, le 14 juillet 1915. La Galicie, patrie du romancier Joseph Roth, fut une possession autrichienne jusqu’en 1918, une terre de douleur en proie à de nombreux pogroms. Zweig est alors confronté à la réalité brutale du conflit : cette expérience cruelle le convainc de l’absurdité de la guerre.

Stefan Zweig dans les Archives de Guerre/1914

À son retour de mission, le 26 juillet, il décide de la combattre en passant dans le camp des pacifistes.
Publié dans une première version en 1917, Jérémie est un exemple marquant de cette nouvelle attitude. En outre – à travers cette œuvre, Zweig fut amené à s’intéresser de plus près à sa judéité.
Une deuxième version parut en 1928 résultant de coupes « énergiques » de la part de l’auteur qui a, écrit-il en avant-propos, « uniquement éliminé la prolixité d’une œuvre qui pensait à l’époque [1917] devoir utiliser la répétition pour se faire comprendre, en un temps où ses opinions allaient à contre-courant. », p.29.

Une intrigue significative

Ce drame, plus exactement : ce « poème dramatique »/Dramatische Dichtung, en neuf tableaux reçoit un accueil plutôt favorable et fait initialement l’objet d’une diffusion assez large. Il est ensuite présenté pour la première fois au Stadttheater de Zürich le 27 février 1918 dans une version scénique écourtée en cinq tableaux. Le public, représentatif de l’intelligentsia européenne dans la cité helvétique, semble enthousiasmé comme le rapporte le quotidien Neue Zürcher Zeitung. Il n’en fut pas franchement de même dans les années trente.
Alors qu’à la fin du VIème siècle av. J.-C., Nabuchodonosor et ses armées s’approchent dangereusement de Jérusalem, le prophète Jérémie met en garde son peuple  contre le fléau de la guerre.

Salvador Dali/Nabuchodonosor, Roi de Babylone/La Biblia Sacra/Lithographie/1964

Au rebours de l’opinion populaire, cet homme de Dieu plaide en faveur d’une soumission salvatrice, empreinte à la fois d’humilité, de réalisme et finalement de sagesse. Mais personne ne le croit ; on le juge pleutre, lénifiant, voire dangereux. On le considère à plusieurs reprises (car la pièce est pleine de rebondissements qui écartent subtilement tout manichéisme simpliste) comme un traître. Contre lui à Jérusalem, un faux prophète, Hanania, prend résolument le parti de la guerre et encourage la foule à vilipender Jérémie. Israël ne veut pas payer le tribut que l’ennemi veut lui imposer en échange de la paix et les bellicistes préconisent une alliance avec le pharaon Néchao II pour affermir la résistance. Sédécias, « roitelet » sans grande envergure des terres de Juda, soutient Hanania, mollement mais l’approuvant néanmoins.
L’abondance des retournements rendrait pesante la description du fil de l’action que seule une lecture suivie de l’original pourra rendre vivante.

Derrière cette parabole sur l’orgueil, l’euphorie belliciste et les lamentations des foules après la catastrophe, transparaît assez clairement le pacifisme hérité de Romain Rolland dont on connaît l’intimité des liens avec Zweig.

Stefan Zweig en compagnie de Romain Rolland/Villeneuve/Suisse/1933

Le Prophète et la Voix

Relatons les épisodes marquants.
Le premier tableau est à lui seul un éblouissement, un saisissement, un envoûtement qui fascinent le lecteur … et le spectateur ! car (c’est du moins une opinion que beaucoup, sans doute, ne partageront pas), tout dans ce drame se prête à une représentation scénique.
Jérémie, seul, dans un espace dont on perçoit cruellement l’immensité, est confronté à la Voix, surgie de nulle part, dans une scène forte – pour ne pas dire « violente » – hautement symbolique. L’espace n’est pas vide mais il semble infini et il effraie. Dans la réalité, Jérémie observe sidéré, de la terrasse de sa maison qui domine Jérusalem, la ville et la campagne qui l’environne. Il crie : « ils arrivent… ils sont là… le feu au-dessus de nous… le feu au Temple… À l’aide… à l’aide ! Le mur tombe, le mur… », p.31-32. La didascalie suivante confirme cette impression du désert qui prend à la gorge avec cet écho inquiétant : « Son cri rebondit sur le silence blanc [Sein Schrei prallt gell gegen die weiße Stille] » (p. 32), silence des espaces infinis…
Confrontation de la Voix, du silence et du cri. La Voix se contente au début d’appeler : « Jérémie ! » à plusieurs reprises, et entrecoupe le cri du visionnaire qui « voit » Jérusalem bientôt en proie à l’assaut babylonien. D’abord perçue comme lointaine, la Voix anonyme qui ne prononce que ce seul mot : « Jérémie ! », se rapproche et devient soudainement identifiée ; il s’agit de sa mère. Dans le texte, l’on passe successivement de « La Voix » à « La Voix de la mère » puis à « La mère » surgie lentement des étages inférieurs et  obscurs de la maison.
Elle se dit ébranlée par les exclamations effrayantes de son fils, lui en demande les motifs et le ramène sans aménité à la raison. Qu’il mette donc un terme à ce qui, au sens propre comme au figuré, peut légitimement être qualifié de « jérémiades », socle du Livre des Lamentations où l’on peut lire : « D’en haut Il lance un feu dans mes os et les piétine ; Il tend un filet sous mes pas, Il me rejette en arrière ; Il me livre à l’abandon, malade à longueur de jour. » (I,13).
En effet, lorsqu’elle l’enfanta, sa mère le savait « destiné à la prêtrise, à chanter les louanges du Seigneur. – Déchire le filet de tes rêves et entre dans le jour ! » (p. 43) lui dit-elle sur un ton comminatoire. Jérémie persiste avec véhémence à clamer la vérité qui sort de sa bouche et conteste les propos de sa mère qui se veulent rassurants sur la destinée de Jérusalem : cette Cité demeure par vocation à l’abri, affirme-t-elle, des assauts profanateurs de Nabuchodonosor.

Chagall/Le Prophète Jérémie/1968/Musée national Marc Chagall/Nice

Elle ajoute : « Je maudis celui qui prédit leur chute aux murailles, je maudis celui qui crie la mort sur Israël. », p.45. On croit entendre le dialogue rapporté par la Bible au livre éponyme de Jérémie : « Maudit soit le jour qui ne m’a pas fait mourir dès le ventre : ma mère serait devenue mon tombeau, et son ventre me porterait toujours. » (Jérémie : 20, 17), et « C’est pour mon malheur, ô ma mère, que tu m’as enfanté, homme de querelle et de dispute pour tout le pays. Je ne suis le créancier ni le débiteur de personne, et pourtant tout le monde me maudit ! », Jérémie : 15, 10. Douleur de l’enfantement du Prophète, comme s’il tuait sa mère en naissant. Elle s’ écrie : « Jérémie ! C’est sur moi que passe ton pas ! Tu me piétines le cœur ! » (p. 47), avant que ne s’achève ce premier Tableau intitulé  « L’éveil du prophète ».

La Foule

La scène qui précède était toute en clair-obscur, tonalité riche, inquiétante, qui incite au regard en dedans de soi. Brusquement, le deuxième Tableau nous projette dans un changement de rythme. Le profane l’emporte, ou du moins lutte avec brutalité contre le sacré. Face au prophète solitaire se dresse la foule anonyme, inconsciente, versatile, ennemie de l’intérieur, sans doute la véritable ennemie autant sinon plus que le Babylonien.
Ennemie intime au sens où elle émane du plus profond de soi.
Son mentor et son héraut Hanania, apparaît comme un tribun belliciste : il prétend haut et fort que Jérémie colporte de fausses nouvelles et le présente comme un défaitiste nuisible.
Baruch, jeune homme initialement acquis (par défaut pourrait-on dire, plus que par intime conviction) au parti de la guerre, est de prime abord réprimandé sévèrement par Sebulon, son père, sage qui juge Hanania nocif et veut soustraire son fils à son emprise. Cependant, Baruch persiste dans son obstination belliqueuse. Il prend part à un mouvement de foule hostile au prophète et inflige à Jérémie un coup d’épée qui, fort heureusement, n’est pas fatal.
Il est alors soudainement frappé par une révélation : celle de l’aura de Jérémie. Il le relève, confondu par la portée de son méfait ; il est converti à la paix et le servira désormais, d’une certaine manière, comme le jeune disciple que Jésus aimait – connotation néo-testamentaire qui peut surprendre a priori.
Cette allusion à une attitude christique est fondée en filigrane au long de l’opus : Bienheureux sont les vaincus, ceux qui doivent garder la tête froide et haute dans le malheur, car impie serait un bonheur associé au malheur inacceptable des autres, à une victoire profane, à un désir méprisable de domination. Quitte à se sentir abandonné. Abandon évoqué à plusieurs reprises, même accru par un véritable écrasement : « Dieu a battu Son propre peuple… », p.142.
Certes, Dieu se rapprochera de son peuple, mais bien plus tard, après la catastrophe, lorsque la catharsis aura opéré et que le peuple se sera dispersé.

Entre deux Testaments

Nous évoquions le silence au premier tableau, silence redoutable et effrayant. Oui, « Effroyable, effroyable ce Dieu qui ne fait jamais que se taire et dont nul ne saisit les messages ! », p.180.  Ce silence également synonyme de délaissement est celui-là même qu’a pu douloureusement éprouver le Christ au Golgotha, car la foule va réclamer la tête de Jérémie, comme elle le fera pour celle de Jésus. Le texte de Zweig est on ne peut plus clair : « Crucifiez-le ! […] Oui… à la croix…crucifiez-le… blasphémateur… traître… lapidez-le ! », p.210. Dans d’autres passages, on croirait entendre aussi le cri poussé par le Christ en croix (« Eli, eli, lama sabachthani »/Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné », Matthieu 27:46), sentence fameuse dont on perçoit l’écho. C’est le silence qui « répond », celui de l’abandon.

Le Prophète Jérémie/Enluminure de la Bible de Souvigny/ Circa 1175/Bibliothèque municipale de Moulins

Rappelons que Zweig fréquenta dès 1887 le Maximilian Gymnasium (actuel Gymnasium Wasagasse), établissement élitiste et réputé où il reçut une stricte éducation catholique ; ainsi les citations ou allusions à des références néo-vétérotestamentaires lui sont assez naturelles.
Son message, à travers Jérémie, n’est pas un simple commentaire interprétatif du texte religieux ; il est plus encore un acte de foi, un testament politique, si l’on ose dire, en faveur d’un pacifisme positif. Ce testament universel, voué à l’expansion de la diaspora, est de plus accessoirement réaliste, car Israël ne peut militairement s’opposer à l’ennemi chaldéen sans s’exposer à un massacre inutile.
Ce n’est peut-être qu’en cela que Jérémie pourrait révéler une facette religieuse : par sa référence à la racine judaïque qui, paradoxalement, ne prévaut et ne brille que par son effacement : « Il n’est nulle racine pour la tribu qui se précipite / La migration est notre monde, toujours en mutation / Mais bénis soyons-nous, nous, vaincus du monde / […] Notre cortège va pourtant sans fin à travers les temps / Vers la Jérusalem de notre âme. », p.272.
Aux yeux de Zweig, l’état de diaspora préserve le peuple juif et maintient son haut niveau de spiritualité, sa sublime vocation cosmopolite que compromettraient des aspirations nationales rivées trop étroitement à un territoire, dépendantes d’une terre. Il est aux antipodes de l’idéal sioniste.

Jérémie et la montée du nazisme

Le très vif plaidoyer en faveur de la résignation (puis de la résilience vécue en exil) que constituait à maints égards Jérémie, put même légitimement choquer, plus tard, dans les Années 1930, bon nombre de résistants à la domination nazie, notamment bien sûr dans la communauté juive. Ne pouvait-on y voir une apologie du défaitisme et même un éloge du martyre?
Il semble donc très important à ce stade de re-situer cet événement littéraire dans le contexte politique et social où son auteur évolue personnellement. Il deviendra ainsi évident que la délicatesse et la sensibilité de Zweig atteignent parfois des sommets.
Lorsqu’en 1932, soit cinq ans après la seconde édition de Jérémie, un groupe d’éditeurs (Gallimard, Gollancz et Viking) décide d’entreprendre une action anti-nazie, il sollicite Zweig pour faire pression sur Anton Kippenberg, responsable d’Insel Verlag qui publie son œuvre. Kippenberg, très conservateur, n’était pas enclin à répondre favorablement à un tel appel. Pour ne pas le vexer, Zweig abandonne sa démarche auprès de lui.
Le journaliste et romancier Klaus Mann, en exil à Amsterdam, avait fondé un journal, Die Sammlung (1933) et sollicité la participation de Zweig. Lorsque celui-ci, après son premier numéro, se rend compte de son caractère plus politique que littéraire, il décline. On lui reproche alors de ne pas vouloir choquer Goebbels.
En mars 1933, il refuse des invitations à prononcer des conférences en Scandinavie pour que sa présence en tant que Juif ne porte pas ombrage aux officiels qui l’avaient invité.
Fin 1933, il semble que ce soit son voyage à Londres à la même époque qui l’ait décidé à rompre avec Insel. Plus exactement son transit à Paris en allant vers Londres. D’après les souvenirs d’Antonina Vallentin, intellectuelle antinazie d’origine polonaise, traductrice pour le compte de l’éditeur Fischer et qui recueillait des réfugiés chez elle, Zweig aurait été profondément ému par le sort de ceux-ci. Alors qu’il opposait sa réserve habituelle à leur demande de participation à un combat qui n’eût été qu’intellectuel, ils lui firent sentir leur déception. Il aurait répondu à A. Vallentin, d’une voix à peine audible mais qui laissait percer une souffrance certaine, qu’il n’était pas un héros, qu’on exigeait trop de lui, qu’il n’était pas fait pour le martyre (à l’instar de Jérémie ?).
Ce refus a été relaté outre-Manche dans la presse avec la supposition qu’il devait bien retirer quelque avantage de son silence. Sans doute pensait-il que plus on discourait sur l’antisémitisme, plus celui-ci pouvait tendre à se développer. Une loi saine du silence en quelque sorte ?
Si l’on compare ces données biographiques avec la lecture de Jérémie, il est clair que tous ces atermoiements ne pouvaient qu’accroître un mal-être profond déjà bien ancré en lui, un sentiment de tristesse constant et une fatigue aussi bien mentale que physique, susceptibles de l’acheminer vers le suicide. C’est là du moins une hypothèse qui ne semble pas manquer totalement de vraisemblance.

Perspectives scéniques et musicales?

Le style, le pathos, le ton de Jérémie, sont imposants, émotionnellement riches, colorés, dynamiques, et posent légitimement la question de leur mise en scène, y compris musicale.
Le compositeur tchèque Petr Eben (1929-2007) a créé une œuvre, que l’on pourrait qualifier d’« opéra d’église » ou, moins maladroitement, d’oratorio. Intitulée Jeremias, d’après Stefan Zweig, en 1996-1997, elle en reprend le texte mais il semble qu’une restitution émotionnellement plus forte de son récit aurait eu avantage à se déployer sur scène sans que le chœur soit confiné à un groupe de personnes inerte physiquement ou immobile. La foule est à elle seule un personnage, mouvant, pluriel voire effrayant, et Jérémie, le Jérémie solitaire, peut apparaître dans toute son aura et sa majesté autrement qu’à travers un soliste cantonné dans un coin de la tribune d’orgue. Oui, l’on peut songer à un opéra pourvu qu’un musicien contemporain le compose dans un style résolument différent du répertoire classique mais en même temps respectueux de l’immense talent déployé par Zweig dans ce « livret ».

Jérémie mérite d’être connu et reconnu à la hauteur de la force qu’il dégage. Par-delà des œuvres plus « profanes » qui le firent universellement connaître, cette dramatische Dichtung est, à maints égards, une perle cachée que l’on aurait tort de ne pas lire et que l’on aurait raison, sans doute, de mettre en scène.

Références bibliographiques

Œuvres de Stefan Zweig citées dans cet article

Jeremias : eine dramatische Dichtung in neun Bildern, Leipzig, Insel Verlag, 1918. https://www.gutenberg.org/ebooks/40564 (version allemande en libre accès) ou ibid.,1920https://archive.org/details/jeremiaseinedram00zweiuoft

Journaux 1912-1940,  Traduit de l’allemand par J. Legrand, Paris, Belfond, 1986.

Études, monographies critiques

– Robert Dumont. Stefan Zweig et la France. Paris, Didier, 1967.

Où il est question de ses relations avec Romain Rolland mais aussi de leur attitude vis-à-vis du patriotisme et des rapports avec l’Allemagne.

– Petr Eben, Jeremias : opéra d’église pour solistes, chœur et orchestre, livret du compositeur d’après le drame de S. Zweig, 1996-97.

– Jean-Yves Masson. « Stefan Zweig à la découverte de l’identité juive : les ambiguïtés du drame biblique Jeremias », in : Sylvie Parizet, Lectures politiques des mythes littéraires au XXe siècle. Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2009, p. 129-159.

Une analyse très claire et détaillée de l’œuvre qui départage le point de vue religieux classique et la vision politique et personnelle de Zweig en regard des événements contemporains.

– Eva Plank. « Bibelrezeption im Drama Jeremias von Stefan Zweig », revue Die Bibel in der Kunst / Bible in the Arts, n° 3, 2019

Publication de la Deutsche Bibelgesellschaft (d’orientation luthérienne). Apporte l’éclairage d’une théologienne sur les diverses nuances de l’interprétation biblique perceptibles dans Jeremias.