Discours de Stockholm

d’I.B. Bashevis SINGER

Traduits et présentés

par Cécile Rousselet et Nadine Picard

Présentation

On a pu dire, avec raison, qu’I.B. Singer est l’auteur d’une œuvre double : la première a été écrite en yiddish ; la seconde est la traduction, la transposition, voire la réécriture de l’original… en anglais. Celle-ci s’ouvre aux peuples du monde et s’offre à tous ; celle-là s’inscrit dans le périmètre du monde juif.
Aussi, les jurés du Nobel couronnent-ils « le conteur inspiré » pour ces deux dimensions : à la fois parce qu’il « prend racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises » mais aussi parce qu’il « donne vie dans son universalité à l’humaine condition ».
Ainsi, il n’est pas surprenant que lorsqu’il se rend à Stockholm pour adresser ses remerciements lors de la remise du Prix, I.B. Singer le fasse d’abord en anglais (n’a-t-il pas acquis la nationalité américaine depuis 1943 ?) ; mais sans oublier le yiddish

Le versant yiddish
Toute l’œuvre de I.B. Singer témoigne d’un engagement en faveur de la culture à laquelle il a donné vie : le tout en yiddish. Car l’amour de cette langue donne à ses écrits un souffle et une cohérence. Comment, en effet, parler des usages, de l’histoire, des réalités et des imaginaires juifs sans se fondre dans la langue où ils s’expriment ? Comment promouvoir les images vives dont il affirme (dans son article de 1925, Verte oder bilder?/Mots ou images ?) l’absolue nécessité pour décrire la richesse de ce monde judéo-polonais ? Jamais pittoresque, le yiddish est la langue de fusion (de moyen haut-allemand, d’hébreu, d’araméen, de slave) à même de rendre au mieux les conflits qui hantent l’intégralité de son œuvre, avec la verve humoristique qui la caractérise.
Le yiddish est partout. Il est donc évident qu’il est à l’honneur lors de la grande réception donnée par l’Académie Suédoise à l’occasion de la remise du Prix Nobel de littérature qui lui est faite. Singer y consacre une bonne partie de son discours officiel lors du banquet traditionnel du Nobel et insère même, dans l’anglais, un passage en « version originale ».
Il voit dans cette langue le gage d’une fidélité à son enfance, aux morts, au peuple auquel il appartient ; il y puise une force de vitalité ; il la conçoit comme une source de sagesse et un instrument de résistance aux puissances de destruction qui ravagent l’humanité.
Mais le récipiendaire du Nobel ne se borne pas à louer avec éloquence le yiddish. Il ne se contente pas d’en parler, il le parle. Car cette langue est aussi présente dans un discours délicieux, prononcé à l’occasion du dîner de la veille, auprès d’un parterre de proches, pour la plupart yiddishistes. Singer rend hommage à la richesse de cette langue, dans un ton « feuilletonniste » et, par certains moments, proprement comique. Il énumère, avec une malicieuse gourmandise, une liste de termes courants en yiddish. Il se garde bien de les traduire ; seuls les familiers de la langue peuvent saisir le sel des expressions qu’il égrène. Leur seul énoncé suffit à susciter hilarité et attendrissement…
Pour illustrer sa défense du yiddish (qu’il juge, non sans quelque parti-pris, plus riche que l’anglais), Singer choisit, à dessein, par goût du paradoxe ou par esprit de facétie, deux thématiques peu réjouissantes : la pauvreté et la folie. Peut-être lui semblent-elles représentatives de la condition juive… Pourtant, il parvient à faire rire ou sourire de toutes ces formules idiomatiques.
Ce qui les caractérise et les rend uniques : leur mélange de fantaisie et de réalisme cru, de spontanéité et d’ironie, de tendresse et de sarcasme, de finesse et de grossièreté crue.
Comme la poésie hébraïque qui est saturée de références aux versets de la Torah, le yiddish, langue populaire mais langue de lettrés aussi bien, se nourrit d’allusions à la vie liturgique juive. Ainsi, pour désigner un pauvre, l’usage de l’expression : c’est un « vekabtseynu yakhed »… Littéralement : « un rassemble-nous »… L’expression ne peut être parlante que si l’on est familier, comme l’est le Juif du shtetl, avec la formule de la prière (répétée au moins trois fois par jour) dans laquelle on demande à Dieu de rassembler les exilés et de les sauver. C’est un jeu de mot de la racine hébraïque (lekabetz/לְקַבֵּץ/rassembler) avec le mot kabtzone/קַבְּצָן qui signifie « pauvre » en yiddish. On croise le registre de la langue populaire avec la langue liturgique…
Même jeu avec « c’est un Enkes mesaldikhe », autre désignation d’un pauvre… Il est fait, cette fois, allusion à une formule de la Né’ila, cinquième et dernière prière juive que l’on récite, lors du Yom Kippour, pour obtenir le pardon et l’expiation des péchés : אנקת מסלדיך/tes gémissements s’élèveront … . L’expression désigne donc, par analogie, une personne désespérée, qui est dans l’état où on est lorsqu’on récite le « enkes mesaldekhe ». On note le trait ironique de l’expression. D’autant que cette formule, dite avec la mélodie correspondante dans la liturgie, est utilisée pour caractériser, dans une conversation quotidienne, un tricheur qui se plaint mais sans pouvoir rien faire d’autre.
D’autres allusions aux formules rituelles bien connues sont plus faciles à identifier et à saisir. Par exemple, quand on dit de quelqu’un qu’il est « a khokhem fun der Ma-Nishtane/un savant sorti du Ma-Nishtana »… Chacun sait que le Ma-Nishtana est la première des quatre questions rituelles que pose le plus jeune des enfants présents à la cérémonie de la Pâque juive, et dès lors, mesure l’ironie moqueuse de l’expression qui raille un ignorant imbu de lui-même. 
Cependant, la langue yiddish ne s’abreuve pas seulement à la source religieuse ; elle charrie aussi les éléments d’un imaginaire original développé dans le folklore ashkénaze, ses contes et ses légendes, qui imprègnent la littérature. Ainsi, quand un automobiliste dit que son tacot est bon pour la casse et affirme : « Je veux aller à Boyberik, je me retrouve à Yehupetz… »… Yehupetz est le nom d’une ville imaginaire dans le folklore yiddish. Boyberik est l’un des noms donnés à Boyarka (Ukraine). Ces deux villes sont souvent mises en opposition dans la littérature yiddish. Mendele Moykher Sforim, l’un des « grands-pères de la littérature yiddish », écrit, dans Fichkè le Boiteux : « me voici devenu deux Mendelé ; l’un se dirige vers Yehoupets, l’autre vers Boïberik ». Chez Scholem Aleichem, Yehupets est le nom donné à la ville de Kiev – nom ridicule et caricatural, à l’image de ses personnages, Tevye le laitier ou Menahem-Mendl le rêveur, qui y passent ou y habitent. Boyberik est, sous sa plume, le lieu de villégiature des habitants de Yehupets, l’été. La mention de deux villes est donc l’occasion pour I. Bashevis Singer de s’inscrire dans un patrimoine littéraire et dans une géographie fantaisiste.
Car, bien évidemment, ce n’est pas en savant linguiste qu’il loue le yiddish mais d’abord comme un artiste, un poète…

Versant universel

Même si le Shtetl (de son enfance) est la source première et définitive de son inspiration, Singer ne s’abstrait nullement de la société occidentale où il vit, ni d’une humanité au sein de laquelle le peuple juif occupe, finalement, une place infime.
Aussi, dans ses discours (en anglais), il se livre à des considérations sur les finalités de l’art et ne manque pas de mentionner de grands noms de la littérature européenne : Baudelaire, Edgar Allan Poe, Strindberg…
Car Singer est conscient d’écrire d’un monde (qui n’est plus) dans un monde occidental (qui va à sa perte?) où les valeurs morales et religieuses qui l’ont formé se sont effondrées. Il est attentif à la condition de l’homme moderne et, à ce sujet, son message est sinon contradictoire, du moins atteste un profond déchirement.
D’un côté, l’écrivain porte un regard profondément pessimiste sur un monde qu’il juge délabré, sans Dieu ni foi ; et il serait, selon lui, naïf d’attendre de l’artiste qu’il permette à l’humanité d’accéder à son salut ; tout au plus, peut-il le divertir. De l’autre, il ne peut s’empêcher de croire à la résurrection des morts, d’espérer, d’avoir foi dans une certaine Providence divine. Pour citer un poète français que Singer mentionne dans son discours de réception : « L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable. ». L’écrivain garde quelque chose de l’antique prophétie.

Dans cette insurmontable et universelle contradiction se déploie l’œuvre de I.B. Singer.

I. B. Singer /Portrait au parapluie/Avec l’aimable autorisation de Mme Hazel Karr

Les textes 

Trois discours ont été prononcés par Bashevis Singer à l’occasion de sa réception du Prix Nobel de littérature en 1978. Nadine Picard a traduit de l’anglais, Cécile Rousselet a traduit du yiddish. Les sous-titres, entre crochets, ont été ajoutés par Sifriaténou.

  • Le premier (noté ici discours yiddish n°1) a été donné à Stockholm, la veille de la remise du Prix Nobel (et retransmis à la radio par Efrayim Shedletzky, sur « Kol Yisrael » en 1979). Ce discours est une reprise et adaptation d’un article d’Isaac Bashevis Singer : « On Translating my books« , Conference on Literary Translation, New York, 1970, publié in The World of Translation, New York, PEN American Center, 1987, p. 170. Avec l’autorisation du © Literary Trust de Bashevis Singer.
  • Le deuxième, en anglais, est sa conférence de réception du Prix Nobel, prononcée le 8 décembre 1978. Ce discours comporte un passage d’une minute environ (noté ici discours yiddish n°2), énoncé en yiddish mais traduit en anglais, plus tard, pour la version écrite complète du discours pour l’Institution du Prix Nobel. Publié avec l’autorisation de la Fondation Nobel/© The Nobel Foundation, 1978.
  • Le troisième, en anglais, est le discours prononcé lors du banquet du 10 décembre 1978. Une grande partie en a été traduite en français par Izio Rozenman, pour le numéro des Cahiers de l’Herne consacré à Bashevis Singer.Publié avec l’autorisation de la Fondation Nobel/© The Nobel Foundation, 1978.

Discours du Nobel – 8 décembre 1978

Aujourd’hui comme par le passé, on attend du raconteur d’histoires et du poète qu’ils nous divertissent l’esprit, au sens plein de ce terme, et non qu’ils se contentent de prêcher pour des idéaux sociaux ou politiques. Il n’existe point de salut pour le lecteur qui s’ennuie, et point d’excuse pour une littérature fastidieuse qui ne suscite pas la curiosité du lecteur, qui ne l’emporte pas, qui ne lui procure pas la joie et l’évasion qu’accorde toujours l’art, le vrai. Pourtant, il est tout aussi vrai que, de nos jours, l’écrivain qui veut être sérieux se doit de se préoccuper de près des questions qui concernent ses contemporains. Il ne peut pas ne pas voir que le pouvoir de la religion, en particulier la croyance en la Révélation, est plus affaibli aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été tout au long de notre histoire humaine. De plus en plus d’enfants grandissent sans avoir la foi en Dieu, sans croire à la récompense et à la punition, à l’immortalité de l’âme ou même à la valeur de l’éthique. Le véritable écrivain ne peut fermer les yeux sur le fait que la famille est en train de perdre ses fondements spirituels. Depuis la Deuxième Guerre Mondiale, les sombres prophéties d’Oswald Spengler se sont toutes réalisées. Aucun progrès technique ne peut alléger la désillusion de l’homme moderne, sa solitude, son sentiment d’infériorité, et sa crainte de la guerre, de la révolution et de la terreur. Notre génération a non seulement perdu sa foi en la Providence, mais aussi en l’homme lui-même, en ses institutions et bien souvent en ceux qui lui sont le plus proches.
Nombreux sont ceux qui, désespérés, ayant perdu confiance en la société et au rôle qu’elle peut jouer, se tournent vers l’écrivain, ce maître des mots. Contre tout espoir, ils s’obstinent à penser que cet homme, talentueux et sensible, pourra peut-être venir en aide à la civilisation. Il se peut, après tout, que l’artiste ait en lui l’étincelle d’un prophète.
Je suis le fils d’un peuple frappé des coups les plus terribles infligés par la folie de l’homme, c’est pourquoi je me dois de songer aux dangers à venir. Bien souvent je finis avec résignation par penser qu’il n’y a pas de solution. Mais, à chaque fois, un nouvel espoir surgit et me dit qu’il n’est pas encore trop tard, que nous pouvons encore faire le point et prendre des décisions. Mon éducation m’a appris qu’il fallait croire au libre-arbitre. Certes, il m’est arrivé de douter de toute Révélation, mais je n’accepterai jamais l’idée que l’Univers soit un accident chimique ou physique, qu’il soit le résultat d’une évolution aveugle. Certes, j’ai appris à déceler les mensonges, les clichés et les idolâtries de l’esprit humain, et pourtant je m’accroche toujours à des vérités qu’à mon sens nous pourrions tous accepter un jour ou l’autre. Il doit exister pour l’homme un moyen de parvenir à tous les plaisirs possibles, à tous les pouvoirs et à toute la connaissance que la nature peut lui accorder, tout en continuant à servir Dieu, un Dieu qui parle en actes, non en mots, et dont le vocabulaire est le Cosmos.
Je n’ai pas honte d’avouer que je fais partie de ceux qui imaginent que la littérature a le pouvoir d’apporter de nouveaux horizons et de nouvelles ouvertures, qu’elles soient philosophiques, religieuses, esthétiques ou même sociales. Dans l’histoire de la littérature juive traditionnelle, on ne faisait jamais aucune différence entre le poète et le prophète. Et, bien souvent, notre ancienne poésie s’est transformée en lois et en mode de vie.
Certains de mes camarades du café voisin du Jewish Daily Forward me traitent de pessimiste et de décadent, mais il subsiste toujours un fond de foi derrière la résignation. J’ai trouvé un certain réconfort auprès de pessimistes comme Baudelaire, Verlaine, Edgar Allan Poe et Strindberg. Grâce à mes recherches sur le psychisme, j’ai trouvé une consolation chez des mystiques comme votre Swedenborg et notre Rabbi Nachman de Bratslav, de même que chez un grand poète de mon époque, mon ami Aaron Zeitlin, qui est mort il y a quelques années, et qui nous a laissé un héritage littéraire de grande qualité, écrit pour la plus grande part en yiddish.
Le pessimisme de celui qui crée ne participe pas de la décadence, c’est au contraire une passion puissante pour la rédemption de l’homme. Tout en divertissant, le poète poursuit sa recherche des vérités éternelles et de l’essence de l’être. À sa manière, il cherche à résoudre l’énigme du temps et du changement, à trouver une réponse à la souffrance, à dévoiler l’amour au sein même de gouffres de cruauté et d’injustice. Aussi étrange que cela puisse paraître, je caresse souvent l’idée que, lorsque toutes les théories sociales se seront effondrées, que toutes les guerres et les révolutions auront jeté l’humanité dans la désolation la plus complète, le poète, que Platon avait banni de sa République, pourra apparaître afin de nous sauver tous.

[Discours yiddish n°2
Le grand honneur que l’Académie suédoise m’a fait est aussi une reconnaissance du yiddish, une langue en exil, sans pays, sans frontières, soutenu par aucun gouvernement ; une langue qui ne possède presque pas de mots relatifs aux armes, aux munitions, à l’exercice ou à la pratique militaires ; une langue qui était méprisée, aussi bien par les non-Juifs que par la majorité des Juifs émancipés.
La vérité est que tout ce que les grandes religions ont prêché, les Juifs du ghetto l’ont mis en pratique. Ils n’ont trouvé aucune plus grande joie que l’étude des hommes et des relations humaines, qu’ils ont puisée dans la Torah, le Talmud, le Moussar ou la Kabbale. Le ghetto était non seulement un endroit de refuge pour une minorité persécutée, mais aussi une vaste expérience de paix, d’autodiscipline et d’humanisme. Les Juifs qui restent aujourd’hui continuent d’exister, en dépit de toute la brutalité qui les entoure
.]
Le très grand honneur que m’accorde l’Académie suédoise constitue aussi une reconnaissance de la langue yiddish – langue de l’exil, sans territoire, sans frontières, sans gouvernement qui la soutienne, langue qui n’a pas de mots pour désigner les armes, les munitions, les exercices militaires et les stratégies guerrières, langue qui fut méprisée par les non-Juifs comme par les Juifs émancipés. La vérité, c’est que ce que prêchaient les grandes religions était mis en pratique quotidiennement par les habitants des ghettos, qui parlaient yiddish. Ils étaient le peuple du Livre au sens le plus juste du terme. Pour eux, il n’était pas de joie plus grande que d’étudier l’homme et les relations humaines, ce qu’ils appelaient Torah, Talmud, Moussar ou Kabbale. Le ghetto n’était pas seulement un refuge pour une minorité persécutée, il était aussi le lieu où se faisait la grande expérience de la paix, de la discipline de soi et de l’humanisme. Et, en tant que tel, il existe toujours et refuse de capituler, en dépit de toute la brutalité qui l’entoure.
C’est au milieu de ce peuple que j’ai grandi. La maison de mon père, rue Krochmalna à Varsovie, était une maison d’étude, un tribunal, un lieu de prières où l’on racontait des histoires, où l’on célébrait aussi des mariages et où se tenaient des banquets hassidiques. Enfant encore, j’avais entendu de mon grand frère et maître, I. J. Singer, auteur plus tard des Frères Ashkenazi, toutes les théories des rationalistes, de Spinoza à Max Nordau, contre la religion. Et de mon père et de ma mère, j’ai entendu toutes les réponses que la foi en Dieu pouvait apporter à ceux qui doutent et qui cherchent la vérité. Chez nous, comme dans beaucoup d’autres familles, les questions éternelles avaient plus d’actualité que les dernières nouvelles du journal yiddish. Malgré toutes les désillusions, malgré mon scepticisme, je suis convaincu que les nations peuvent apprendre beaucoup de ces Juifs, de leur manière de penser et d’élever leurs enfants, de leur découverte du bonheur, là où d’autres ne voient que malheur et humiliation. À mes yeux, la langue yiddish et le mode d’être de ceux qui la parlaient sont identiques. On trouve dans la langue yiddish et dans l’esprit du yiddish des expressions de joie pieuse, de soif de vie, d’attente du Messie, de patience et aussi d’un profond intérêt pour chaque individu. Il y a dans le yiddish un humour tendre et une gratitude pour chaque instant de la vie, chaque petite miette de succès, chaque rencontre amoureuse. Par nature, le yiddish ne se met pas en surplomb, il ne tient pas la victoire pour acquise. Il n’exige ni ne commande, il se glisse, il se faufile clandestinement au milieu des pouvoirs de destruction, sachant d’une certaine manière que le projet de Dieu pour la création n’en est qu’à ses tout débuts.
Certains qualifient le yiddish de langue morte, mais c’est aussi ce qu’on a dit de l’hébreu pendant deux mille ans. Et voici qu’il revit presque par miracle sous nos yeux de manière saisissante. Il est certain que l’araméen fut une langue morte pendant des siècles, mais il a ensuite porté au jour le Zohar, œuvre mystique d’une très grande valeur. Et, de fait, les œuvres classiques de la littérature yiddish sont aussi les œuvres classiques de la littérature hébraïque moderne. Le yiddish n’a pas dit son dernier mot. Il contient des trésors qui n’ont pas encore été dévoilés aux yeux du monde. Il fut la langue de martyrs et de saints, de rêveurs et de cabalistes, une langue riche d’humour et de souvenirs que l’homme n’oubliera peut-être jamais. Pour le dire autrement, le yiddish est notre langue à tous, une langue empreinte de sagesse et d’humilité, la langue d’une humanité pleine de crainte et d’espoir.

Discours yiddish n°1 
du 7 décembre 1978

Présentation d’Efrayim Shedletzky

Premier discours, que Yitskhok Bashevis Singer a prononcé à Stockholm, le soir avant que lui soit officiellement décerné le Prix Nobel de littérature. C’était une réception pour le monde yiddish, en présence de nombreux invités étrangers. L’écrivain a tenu un discours dans un style humoristique et informel. Nous avons tout juste obtenu récemment le discours dans sa version originale, comme il a été prononcé à Stockholm le 8 décembre de l’année dernière. Nous l’écoutons maintenant.

9 décembre 1978/Dans la communauté juive de Stockholm/Photographie de Chuck Fishman

[Pourquoi parlez-vous yiddish ?]

On me demande souvent : pourquoi parlez-vous yiddish ? Et je vais m’efforcer de donner à cette question une réponse. Ma réponse sera une réponse « yiddish » – ce qui signifie que je vais répondre à une question par une question. Et ma réponse est : pourquoi est-ce que je n’écrirais pas en yiddish ? Est-ce que je ferais mieux d’écrire en chinois, ou en turc ? Comment dit-on en turc : hak nisht keyn tshaynik/ne bats pas une théière (« ne dis pas de bêtises ») ? Et comment dit-on cela en anglais ? Et comment dit-on en anglais : dreyt nisht keyn hitl/ne tournez pas mon chapeau (« ne m’énervez pas ») ? folg mikh a gang/suis mon chemin (« c’est drôlement difficile») ? a khokhem fun der Ma-Nishtane/un sage sorti du Ma-Nishtana (« ce n’est pas une flèche »), a Moyshe Kapoyer/ un Moïse Contradicteur (« un casse-pied ») ? a khokhem balayle/un sage qui ne l’est que la nuit (« il est drôlement fut’-fut’ ») ? a yold in a kapelyush/un jobard en chapeau d’homme (« un niais ») ? an ibergedreyt shlesl/une fermeture éclair montée à l’envers (« un détraqué ») ? a shoyte ben pikholts/crétin, fils de pivert (« le roi des cons ») ? a moyd mit a ksav/une jeune fille qui a eu besoin de mettre par écrit le fait qu’elle est pure (« une femme de petite vertu») ? a Yidene mit an oyeringl/ une Juive avec une boucle d’oreille (« une Juive qui pèse ») ?

[Tendre … comme un diamant ?]

Récemment, un traducteur est venu me voir, confus et tout en sueur. Je lui demande : « Qu’est-ce qui t’arrive ? ». Il me répond : « Comment traduit-on, du yiddish vers l’anglais, « a veykher mentsh, a diment/un homme au grand cœur, aussi tendre qu’un diamant » ? Dans toutes les langues, un diamant est solide, mais en yiddish, il est tendre. Peut-on dire en anglais soft like a diamond/tendre comme un diamant ? ou bien dois-je écrire soft like a Jewish diamond/tendre comme un diamant juif ? ».

[ Un lexique riche en … pauvreté ! ]

Tous ceux qui comptent les mots m’affirment que l’anglais est la langue la plus riche du monde. Il y a certes, dans le dernier Vebster DictionaryDer Vebster Verterbukh –, 750 000 entrées. Mais je demeure convaincu que c’est le yiddish qui est la langue la plus riche du monde – pas en mots technologiques, mais pour ceux qui ont trait au caractère et à la personnalité.

Prenez un mot comme oreman/pauvre. Qu’est-ce qu’on peut dire en anglais à propos d’un oreman ? On peut dire a poor man/un pauvre, a pauper, a beggar/un mendiant, a panhandler/une personne qui fait la manche. Et avec cela, on épuise le peu de ce qui constitue l’indigence de l’anglais. En yiddish, en revanche, on peut dire : an oreman, an evyen, a kaptsn/une personne qui n’a que goutte, a dalfn/un fauché, a betler/un mendiant, a shleper/un clochard, a shnorer/un profiteur, a Kaptsnzon/Monsieur Pauvre, fils de Pauvre, a Hungerman/Monsieur Faim, a hayzer-geyer/une personne qui passe de maison en maison pour quémander, a medine-Yid/un camelot, an orkheporkhe/un gueux, a hegdesh-liger/une personne logée à l’hospice, a porets mit a lokh/un magnat troué, a balebos iber a heyptl kroyt/le propriétaire d’un chou, a nitsrekh/un nécessiteux, a baderfer/une personne dans le besoin, a torbenik/un porteur de besace, on a hemd/sans-chemise, a dales/un miséreux, a blutik oreman/un crève-la-faim, un miséreux sanglant, a kaptsn in zibn poles/un sans-le-sou, un pauvre vêtu de sept pans d’habits différents, un vekaptseynu yakhed oyf gebrente tsores/dans de gros ennuis (lit. des malheurs brûlants), oyf gehakte tsores/lit. des malheurs hachés, yad tsore/lit. une main pleine de soucis, et ainsi de suite. Et ne n’est pas tout. Si vous dites de quelqu’un er is a tsveyter Roytshild/il est un deuxième Rothschild ou a tsveyter Rokfeler/un deuxième Rockefeller, le tout en faisant un clin d’œil, cela signifie aussi qu’il n’a pas de quoi manger.

Vous pouvez encore dire davantage, à propos d’un oreman : er iz a yoyred/c’est un homme ruiné, a gefalener/une personne déchue, a gebrokhener/une personne brisée, an opgeforener/une personne usée, er kayt di erd/il n’a que la terre à mâcher, er leygt di tseyn in baytl il n’a que ses dents à ranger dans son porte-monnaie, er matert zikh mitn toyt/il se torture avec la mort, er pekhnet oyfn pisk/ il a même le visage enflé par la faim, er hot fargesn dem tam fun a groshn/il a oublié le goût d’un sou, er geyt arum mit an oysgeshtrekter tsung/il va et vient, la langue qui pend, er shlingt dos shpayekhts/il n’a que sa salive à avaler, er khalesht far a bisn/il perd connaissance pour une miette – et alors les Juifs, entendant cela, sauront précisément que cet homme n’a pas de gagne-pain. Si vous voulez être vraiment clair, vous pouvez dire simplement : er peygert dray mol a tog far hunger/il crève trois fois par jour de faim, ou tout bonnement : er hot nisht keyn groshn bay der neshome/il n’a pas un sou pour son âme.

Dans certains shtetls, quand on veut désigner un oreman, on dit naket vi a Terk/nu comme un Turc. Pourquoi un Turc est plus nu que quelqu’un d’autre, je ne sais pas. C’est la même chose que si je disais : es geyt im shlim-shlimazl/il est au comble de la malchance, mit der puter arop/il va de travers, vi a roshe oyf yener velt/comme une canaille dans l’autre monde [où il est puni pour ses péchés]), vi a tsadik oyf der velt/comme un Juste dans ce monde, es nogt im untern lefele/cela le ronge sous le creux de l’estomac, er darf onkumen tsu kitsve/il doit être admis à l’aide sociale, s’iz enkes mesaldekhe/c’est le “enkes mesaldekhe”, di neshome hengt im oyfn shpits noz/son âme pend à la pointe de son nez, er geyt oys vi a likht/ il s’éteint comme une bougie. Bref, il gagne de l’eau à partir de céréales, et c’est pour lui Pessah toute l’année : aucun petit bout de pain.

Dans le petit monde littéraire et persiflant de Broadway-Est, non loin du Forverts, il y avait un poète. Et quand il voulait parler d’un autre poète, dans la mesure où il s’agissait d’un oreman, il disait : Farmogn zoln mir es beyde, vifl es felt im tsu finef dolar/Ce que nous posséderions à deux, c’est ce qui lui manque pour arriver à cinq dollars.

Ce que je dis, c’est qu’on doit être fou de préférer l’anglais à une langue aussi riche que le yiddish.

[Abondance de « folie » en yiddish]
Et puisqu’on parle d’être fou, voyons justement quelle est, de ces deux langues, la plus riche en folie. En anglais, quand on veut dire que quelqu’un est fou, on dit he’s crazy, ou insane. Et sinon, il y a toute une série de mots techniques, comme paranoic, schizophrenic – des mots qui n’ont aucun sens en yiddish. Si on veut utiliser un mot qui a vraiment du sens en yiddish, on dit he’s meshuge/il est fou.
Et maintenant, voyons ce qu’on peut faire d’un fou, en yiddish : il est meshuge/fou, meturef, khoser deye/dément, oyverbotl/gâteux, tsedreyt/dérangé, tserudert/perturbé, nisht baym zinen/pas en possession de ses facultés, mevulbl/embrouillé, farikt/toqué, tsemisht/confus, nisht baym seykhl/ne pas avoir sa raison, nisht bay di klore gedanken/ne pas avoir tous ses esprits, vanzinik/insensé (germanisme), shvakhzinik/une personne défaillante, a tsetumlte briye/une créature déréglée, a mentsh vos krikht oyf di glaykhe vent/un homme qui use d’arguments tirés par les cheveux, a parshoyn mit a bzhik in kop/une personne maniaque de la tête, s’felt im a klepke in moyekh/il lui manque une case (lit. il lui manque une douelle de tonneau dans le cerveau), a vilde briye/une créature sauvage, on a kop/sans tête, a tsedulter/un ahuri, a tseshroyfter/une personne dévissée, a mevuel/une personne déconcertée, a parshoyn vos blondzhet arum oyfn oylem-hatoye/une personne qui erre ci-et-là dans les limbes, oyfn oylem-hadimyen/[ou] dans le monde de l’imaginaire, in hinerplet/en léthargie, gerirt oyfn kastn/il est cinglé (lit. il est touché à la boîte crânienne), gerirt oyfn eybershtibl/il est touché au cerveau, nisht oyf der velt/pas de ce monde, a banumener/une personne possédée par le démon, a tsehotsketer/une personne secouée, a tsefloygener/une personne distraite, a farloyrener/une personne désorientée, nisht baym reynen farshtand/pas sain d’esprit, a meshugener hunt/un chien dément, a tsetrogener malekh/un doux rêveur, a fardreyter sheps/un mouton retors, eyner vos veyst nisht oyf voser velt er iz/quelqu’un qui ne sait pas dans quel monde il est, a mentsh vos veyst nisht az di mame hot im gehat/un homme qui ne sait pas que sa mère l’a mis au monde, nisht keyn higer/tombé de la lune, gaystik krank/malade mental, a barutener/une personne sous tranquillisants.
Et ce ne sont là que des mots de yiddish polonais. Les Lituaniens ont, eux aussi, une petite liste similaire de mots farfelus, comme : tsedrumshket/tourneboulé, kapuzhyet/étourdi, skonfuzhet/confus, tsedrinzhet, tseshtrudlt, tsetraytlt/dans la lune, farkaloytset/nébuleux, farkalotshet/embrouillé, farpulyet/couvert de poussière, farmarotshet/troublé. Rien qu’en entendant ces mots, on peut en glisser sur une voie de chemin de fer, en perdre le nord, et devenir aussi tordu qu’une nouille.

[Une langue réfractaire au monde technicisé]
Il est vrai que le yiddish est quelque peu indigent en mots techniques. Quand on en vient aux automobiles, aéroplanes ou machines de toutes sortes, il est dans la tourmente. Mais où est-il écrit qu’un Juif doit conduire une voiture ? Qui l’empêche de prendre le métro ?
Le yiddish est une langue tolérante. Son principe est un principe communiste : ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est aussi à moi. C’est ainsi que, dans le pire des cas, on peut toujours se servir de l’anglais, du polonais ou du russe – tout ce qui est envisageable.
Je connais un yiddishisant zélé qui a une voiture. Chaque lundi et chaque jeudi, la voiture se casse. Près de chez lui, il a un garage où travaille un deuxième yiddishisant, et quand la voiture est cassée, il la traîne chez ce mécanicien yiddishisant, et alors ils échangent des mots techniques – non pas en yiddish, mais en yiddishistique. Il dit au mécanicien :
« Moyshe Shmerl, ma voiture, que Dieu t’en préserve, n’est plus de ce monde. »
— Quel est le problème ?
— Oh, le moteur a des ratés, le circuit de refroidissement transpire, le châssis est tordu, les phares ne s’allument pas, le volant ne tourne pas, le guidon ne guide pas, la bougie d’allumage ne crée aucune étincelle, la boîte de vitesse s’enraye, la pédale d’embrayage reste coincée en position basse, les tuyaux d’échappement sont bouchés, le pédalier ne se desserre pas et ne permet pas d’actionner les pédales, le système de lubrification ne lubrifie pas, et qui dit pas de lubrification dit une voiture qui n’avance pas. Le filtre à huile fuit, la jauge de niveau de carburant est délabrée, le compteur de vitesse est à la traîne, les essuie-glaces n’essuient pas, les pneus sont troués. Je veux aller à Boyberik, je me retrouve à Yehupetz…
— ‘Haïm Borekh, répond le mécanicien, à quoi va te servir une telle épave ? Réparer tout cela va te coûter une fortune, et cela ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau.»
— Qu’est-ce que tu me conseilles ?
– Mon conseil ? achète-toi un nouveau tacot, et débarrasse-toi de ce vieux truc.
Notre yiddishisant aurait bien acheté une nouvelle voiture, et ce, depuis longtemps, mais il craint d’oublier sa langue yiddishistique.
Oui, il y a quelque difficulté avec les mots techniques en yiddish – mais tant pis, il y a une solution à cela : la technique est, après tout, une institution goy ; le yiddish a besoin de la technique, comme un vieux Juif a besoin de la fièvre.

Isaac Bashevis Singer signe des autographes lors d’une réception organisée par des membres de la communauté juive locale à Stockholm, en Suède, le 9 décembre 1978/Photographie de :Chuck Fishman

Discours d’Isaac Bashevis Singer lors du banquet du Prix Nobel, le 10 décembre 1978

Vos Majestés, Vos Altesses Royales, Mesdames et Messieurs
On me pose souvent la question : « Pourquoi écrivez-vous dans une langue qui se meurt ? » Je voudrais apporter ici quelques mots d’explication.
Premièrement, j’aime les histoires de fantômes, et rien ne sied mieux aux fantômes qu’une langue qui se meurt. Plus la langue est morte, plus le fantôme est vivant. Et, pour autant que je sache, tous les fantômes adorent le yiddish et le parlent couramment.
Deuxièmement, je ne crois pas seulement aux fantômes, je crois aussi à la résurrection. Je suis convaincu qu’un jour des millions de corps qui parlent le yiddish sortiront de leur tombe, et que leur première question sera : « Est-ce qu’un nouveau livre est paru en yiddish ? » Pour eux, le yiddish ne sera pas mort.
Troisièmement, pendant deux mille ans l’hébreu a été tenu pour une langue morte. Et voici que soudain, curieusement, il revit. Ce qui est arrivé à l’hébreu pourrait bien un jour arriver au yiddish, (bien que je n’aie pas la moindre idée de la manière dont ce miracle pourrait s’accomplir).
Il reste une quatrième raison, moins importante, pour ne pas oublier le yiddish et c’est celle-ci : certes, le yiddish est une langue qui se meurt, mais c’est la seule langue que je parle bien. Le yiddish, c’est la langue de ma mère, et une mère n’est jamais vraiment morte.
Mesdames et Messieurs, Il y a cinq cents raisons qui m’ont amené à écrire pour les enfants mais, pour ne pas être trop long, je n’en citerai que dix.

  1. Les enfants lisent des livres, pas des critiques. Ils se fichent des critiques comme de l’an quarante.
  2. Les enfants ne lisent pas pour découvrir leur identité.
  3. Ils ne lisent pas non plus pour se libérer d’un sentiment de culpabilité, ni pour étancher leur soif de rébellion, ni pour échapper à l’aliénation.
  4. La psychologie ne leur est d’aucune utilité.
  5. Ils ont horreur de la sociologie.
  6. Ils ne font pas le moindre effort pour comprendre Kafka ou Finnegans Wake.
  7. Ils continuent de croire à Dieu, à la famille, aux anges, aux démons, aux sorcières, aux lutins, à la logique, à la simplicité, à la ponctuation et à tout un tas d’autres choses complètement dépassées.
  8. Ils se passionnent pour les histoires intéressantes, pas pour les commentaires, ni pour les guides de lecture, ni pour les notes de bas de page.
  9. Quand un livre les ennuie, ils bâillent sans complexe, sans honte, sans crainte de l’autorité.
  10.  Ils n’attendent pas de leur écrivain adoré qu’il se change en rédempteur de l’humanité. Tout jeunes qu’ils soient, ils savent bien que cela n’est pas en son pouvoir. Seuls les adultes peuvent se bercer de ce genre d’illusions bien puériles .

Note sur les discours traduits du yiddish, par Cécile Rousselet.
Bashevis Singer est connu pour son humour, « son art de conteur » et son amour de la langue. Alors quel plaisir de faire découvrir en français un inédit, qui regroupe toutes ses qualités à la fois ! Car des textes non traduits de Bashevis Singer, il n’en reste que peu : auteur à succès, il est déjà accessible dans un grand nombre de langues.
Les discours yiddish n°1 et n°2 ont été retranscrits et traduits en anglais par Shaul Seidler-Feller, avec l’aide de Sonia Gollance, Jordan Kutzik, et Norman Buder.
La majorité des traductions idiomatiques est tirée du Dictionnaire Yiddish-Français de Yitskhok Niborski et Bernard Vaisbrot, ou de celles consignées par Gloria Finkielsztejn Milchberg dans Quand les mots parlent : proverbes, maximes, dictons et jeux de mots yiddish, avec leurs équivalents de diverses origines. Certaines expressions ont aussi bénéficié des éclairages du Dictionnaire des mots d’origine hébraïque et araméenne en usage dans la langue yiddish (Yitskhok Niborski, avec la collaboration de Natalia Krynicka, Simon Neuberg et Eliezer Niborski). Je les en remercie.
Je remercie très chaleureusement Natalia Krynicka pour son aide et Carole Ksiazenicer-Matheron pour sa relecture attentive.
Enfin, ce discours célèbre la richesse de la langue yiddish, et partiellement son caractère irréductiblement intraduisible. Le traduire se heurte donc à la visée première du texte. Afin de concilier le sens du discours et la nécessité de le rendre accessible à un lectorat français, j’ai fait les choix de traduction qui suivent :
– Pour les expressions idiomatiques : j’ai proposé, quand cela était possible, une équivalence idiomatique en français, accompagnée d’une traduction littérale qui donne une idée du caractère imagé de l’expression.
– Dans certains cas, et c’est tout le propos de ce discours, les mots proposés par Singer apportent des nuances qui n’ont pas d’équivalent en français. Dans ce cas, le yiddish n’est pas suivi d’une traduction entre parenthèses.

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