Voici à l’usage des rédacteurs encore novices et désireux de se lancer dans la rédaction d’un premier article pour SIFRIATÉNOU un « guide pédagogique » dont ils pourront s’inspirer pour écrire leur première recension. Il est entendu que ces recommandations ne sont que des conseils amicaux, et non des consignes… chacun se forgeant, à sa mesure, ses propres méthodes de travail …
Guide pour un rédacteur novice
Une fois que le titre à recenser a été décidé… et la date de remise fixée : Au travail!
1/ Première étape : Ressasser (Lecture, relectures).
Lectures. Au pluriel. Cela prend du temps mais il te faut le prendre. Lire lentement. Sélectionner des passages-clés.
2/ Seconde étape : Noter (Mille idées, mille fusées)
Tu notes toutes idées, tes formules, les réflexions qui te viennent, les mots-clés…. de manière encore éparse… Tu lis, éventuellement, des commentaires relatifs à l’oeuvre, à l’auteur. Tu te renseignes (bibliographie, littérature secondaire ) ; tu constates que cela enrichit ta lecture ou bien que ces commentaires ne t’apportent rien du tout… ou bien qu’ils contredisent ce que tu as ressenti ou pensé (les plus intéressants car ils permettent d’aiguiser ton analyse).
3/ Troisième étape : Trier (Esquisse)
Quand tu t’es bien imprégné de l’ensemble, tu dégages les idées majeures ; tu sélectionnes celles que tu veux mettre en valeur. Tu les reformules. Quand on rapporte des faits, des noms, des informations, il faut que cela soit nécessité par une idée, même simple.
4/ Quatrième étape : Lier (Plan)
Puis tu établis un lien logique entre ces idées. un article ce n’est pas comme une dissertation ou un exposé ; tu n’as pas besoin d’établir une démonstration, d’annoncer lourdement ton plan ; tu passes d’une idée à l’autre sans souligner les transitions qui existent mais implicitement, plus léger…
Ainsi tu construis le plan de ton article dont les parties doivent être proportionnées.
5/ Cinquième étape : Ordonner (Construction)
Une fois que tu as tes idées en ordre, tu donnes tes titres pour chaque paragraphe ; il faut soigner les formules (ce sont les intertitres). Tout (idéalement) doit s’enchaîner du premier au dernier paragraphe. Jamais de digression.
Une règle : une idée=un paragraphe et un paragraphe = une idée.
6/ Sixième étape : Citer (Échantillon)
Alors, tu sélectionnes des passages qui permettent d’illustrer chaque point abordé. Choisis tes citations soigneusement, avec modération. C’est par là que le lecteur de ton article va découvrir l’oeuvre dont tu parles.
Ce sont comme des gâteaux d’apéritifs ; pas trop ; juste assez pour donner l’appétit …
7/ Septième étape : Coudre (Écriture).
Rédiger ou plutôt écrire, c’est coudre. Éviter tout jargon, tout terme technique À la fin, il ne doit rien rester des fils … Pas d’implicite ou d’allusif : Tout développer. La concision ne doit pas confiner à l’hermétisme ; le développement ne doit pas tourner au déluge. Solide et léger. Respecter l’orthographe usuelle (il est très difficile d’éviter les fautes de ponctuation ; les tirets, les abréviations, les majuscules sont une source inépuisable de fautes). Exemple fréquent : « avant Jésus-Christ » dans une date s’abrège « av. J.-C. »… trois points et un tiret.
Nous n’adoptons pas l’écriture inclusive et nous suivons la doctrine de l’Académie qui veut que les noms de fonction soient au neutre (par exemple : « Madame de La Fayette est l’auteur de La Princesse de Clèves« ).
Vérifier dans le dictionnaire. Dans l’univers très mouvant et controversé des normes orthographiques et du « bon usage » de la langue, Le Robert, le Dournon et le Grévisse; le site de l’Académie Française seront les usuels « usuels » pour Sifriaténou.
8/ Huitième étape : Introduire (Captatio)
Le plus difficile : l’introduction. Elle est au début de l’article, bien sûr mais tu réserves son écriture pour la fin. Quand tu sais où est allé ton propos. Tu la rédiges soigneusement mais surtout tu trouves un attaque susceptible d’attirer l’attention, de l’éveiller. Pas de citation, sinon exceptionnellement. Ne pas surcharger. Être direct. C’est juste une annonce ; ne pas commencer à développer… Partir de préférence d’un paradoxe, d’une idée et pas d’un fait… Il faut partir d’une question que n’importe qui peut se poser… Par exemple, ce qui peut conduire un lecteur à lire ce genre d’ouvrage… Bref, là, il n’y a pas de recette. Il faut que tu trouves LA FAMEUSE ACCROCHE qui attrape le lecteur… et lui fait dire : « tiens, intéressant, je vais poursuivre la lecture »….Tu dois impérativement placer le titre, le nom de l’auteur, le genre du texte…
9/ Neuvième étape : Intituler (Condensation)
Donner un titre… qui ne soit ni plat ni trop obscur ; ne pas répéter le titre de l’ouvrage ; mais trouver une formule unique, brève qui condense à l’extrême l’idée… Généralement, on ne trouve le titre que lorsque l’on a tout rédigé.
10/ Dixième étape : Se relire (Infusion)
Une fois que l’article a été entièrement écrit, il faut laisser infuser… un peu de temps… s’en sortir… pour y revenir un jour ou deux plus tard. Et se relire, se corriger, se lire de l’extérieur… Quand tu es satisfait, tu peux envoyer ton article à la relecture.
Prends ton temps mais achève. Le responsable de rubrique est là pour t’aider à résoudre les difficultés rencontrées. Fixe néanmoins un délai impératif à respecter en fonction de tes obligations, de tes tâches, de tes disponibilités.
Bibliographie sommaire
Jean-Jacques Brochier, Chroniques du Capricorne 1977-1983, Paris, Encrages, 1996.
André Delmas, De face et de profil : L’humeur des Lettres, Paris, Belles-Lettres, 2010.
Jean-Paul Enthoven, Saisons de papier, Paris, Bernard Grasset, 2016.
Bernard Frank :
Mon siècle. Chroniques 1952-1960, Paris, Quai Voltaire, 1993.
En soixantaine. Chroniques 1961-1971, Paris, Julliard, 1996.
Vingt ans avant. Chroniques du Matin de Paris [1981-1985], Paris, B. Grasset, 2002.
François Furet, Itinéraire intellectuel. L’historien journaliste, de « France-Observateur » au « Nouvel Observateur » (1958-1997), éd. établie et préfacée par Mona Ozouf, Paris, Calmann-Lévy, 1999, collection « Liberté de l’esprit ».
Pierre Hebey, L’Esprit NRF, Paris, Gallimard, 1990.
Émile Henriot :
Livres et portraits, 3 vol., Paris, Plon, 1923-1927.
Les livres du second rayon, Paris, Grasset, 1925.
Courrier littéraire : XVIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1933.
Courrier littéraire : XVIIIe siècle, 2 vol., Paris, Albin Michel, 1945.
Courrier littéraire : XIXe siècle, autour de Chateaubriand, Paris, Albin Michel, 1948.
Jean Lacoste, La philosophie aujourd’hui : Chroniques, Paris, Éditions Maurice Nadeau, 1997.
Jean Mambrino :
– Lire comme on se souvient – Proses pour éclairer la solitude, Paris, Phébus, 2000.
– La Patrie de l’âme – Lecture intime de quelques écrivains du xxe siècle, Phébus, 2004.
Renaud Matignon, La Liberté de blâmer…, Préface de Jacques Laurent, Paris, Bartillat, 1998.
Maurice Nadeau, Soixante ans de journalisme littéraire.
Tome 1 : Les années «Combat» : 1945-1951, Préface de Tiphaine Samoyault, Paris, Édition Maurice Nadeau, 2019.
Tome 2, Les années «Lettres nouvelles» : 1952-1965, Préface de Tiphaine Samoyault, Paris, Édition Maurice Nadeau, 2020.
Tome 3, : Les années Quinzaine littéraire (1966-2013), Paris, 2022.
François Nourissier, Le Cycliste du lundi, Paris, Éditions de La Grande Ourse, 2017.
Mona Ozouf, La Cause des livres, Paris, Gallimard, 2011.
Pascal Pia :
Feuilletons littéraires I : 1955-1964, Paris, Fayard, 1999.
Feuilletons littéraires II : 1965-1977, Paris, Fayard, 2000.
Angélo Rinaldi, Service de presse (choix des chroniques littéraires de l’Express), Préface de Jean-François Revel, Paris, Plon, 1999.
Paul Souday, Les Livres du temps, Paris, Émile-Paul Frères, 3 vol., 1930.
George Steiner, Lectures : Chroniques du New-Yorker, Traduit de l’anglais par P.-E. Dauzat, Paris,
Albert Thibaudet, Réflexions sur la littérature, Paris, Gallimard, 2007, Collection Quarto.